« L’Intruse »,
de Roannie et Oko
Une bande dessinée sur la
Palestine et Israël
En solidarité pour la
Palestine, je séjournais 9 mois en Territoires Occupés, entre 2002 et
2005. Mais comment transmettre ensuite ce qu’on a vu, pour que le monde
sache ? Alors, l’idée d’un ami dessinateur de le raconter par bandes
dessinées m’est apparue intéressante. Faire une BD, c’est élargir son
audience, pénétrer d’autres couches de la société, espérer un public plus
jeune, moins averti peut-être, une approche plus visuelle et pour
certains plus percutante…. Et c’est ainsi qu’unissant nos spécificités,
nous avons créé ces BD, dans un objectif de justice et de paix.
Le titre est déjà tout un
programme : « L’Intruse ». Que dit le dictionnaire ?
« Etranger, indiscret, gêneur,
s’introduisant dans une société sans avoir qualité pour y être
admis ». C’est tout à fait ce que vous ressentez lorsque vous
arrivez aux frontières d’Israël, seul moyen d’atteindre la Palestine, et
que vous n’êtes pas sûr de ne pas être renvoyé aussitôt vers votre douar
d’origine.
Le tome I : « Palestine, la
Découverte ». C’est la description du choc que représente le
premier séjour : l’exotisme de l’Orient et l’enthousiasme d’être à
Jérusalem, vite balayés par la prise de conscience de l’occupation et de
la violence omniprésentes, de
l’humiliation et de l’écrasement de tout un peuple.
Le tome II : « Les Palestiniens, peuple
invisible ? ». Il pénètre plus profondément dans les
différents drames de la vie quotidienne en Palestine : l’occupation
militaire en tout lieu et à tout instant, la colonisation qui vole les
terres, l’enfermement par les barrages de l’armée, les routes de
contournement et maintenant le
Mur….. L’Histoire du dernier siècle y est évoquée, permettant de mieux
comprendre l’engrenage infernal régional et international dans lequel se
trouve pris le peuple palestinien.
Le tome III : « Les
Israéliens ». Dans un conflit, il y a 2 côtés et ne pas regarder
en face ne facilite pas la progression vers la paix. Alors, je suis repartie,
au printemps 2009, vers Israël exclusivement, pour mieux connaitre le
pays. Et ce troisième tome parle des colons, des soldats, des religieux
et des laïcs, des jeunes qui veulent
vivre…. De l’Israélien moyen qui exprime ses peurs et, trop
souvent, son absence d’espoir... Mais aussi des pacifistes acharnés qui
luttent pour, qu’enfin, cette terre reconnaisse tous les siens. Il nous
fait découvrir une société multiple, complexe et en souffrance.
Le
tome IV : « Gaza, carnet de non-voyage ». Il relate la
campagne internationale de la 2e Flottille pour la Liberté, de
juin/juillet 2011, à destination de Gaza par bateau. Il fait découvrir
que le blocus commence à Athènes et qu’une poignée de civils non armés
affole les diplomaties des plus grandes puissances mondiales. Il montre
également le peuple de Gaza luttant pour sa survie, malgré un siège
inhumain et illégal qui cherche à l’écraser.
Portée par
un graphisme minutieux et fidèle, cette série est l’expression de notre
volonté de participer à la lutte pour la paix au Proche Orient. Notre
souhait est que ces 4 volumes parviennent jusqu’aux moins convaincus et
s’inscrivent ainsi, modestement, dans le combat pour que cesse ce drame,
vieux de plus d’un siècle.
TOME
1 : Palestine, la Découverte
Plongée dans un monde nouveau,
Roannie découvre petit à petit les réalités
quotidiennes des Palestiniens.
A Jérusalem, l’émotion de
découvrir une ville aux triples racines masque, dans un premier temps, le
contexte d’occupation du pays. Mais celui-ci s’impose rapidement : déambulations de Naplouse à
Balata, avec la visite de ce camp de réfugiés, vision de l’enfer réservé
à la population de Gaza, découverte de Yanoun,
petit village terrorisé par les colons israéliens ... ces 3 premières
semaines en Palestine occupée se révèlent être une expérience
inoubliable !
Elle assiste à l’humiliation
quotidienne des habitants aux contrôles routiers, aux interdits permanents,
aux expropriations, au grignotage des terres palestiniennes. Roannie rentre à la maison ; elle sait qu’elle reviendra.
TOME 2 : Les Palestiniens, peuple invisible ?
Même s’il est difficile d’y
retourner et de se remettre en situation d’impuissance face à
l’injustice, Roannie
ne peut tourner la page, maintenant qu’elle « sait ». Elle
repart et passe, en 3 ans, 9 mois en Cisjordanie, assistant à l’écrasement de la
population palestinienne et à l’expulsion programmée qui est en cours.
Qawawis,
campement de bergers harcelés par les colons, Hares
où l’armée vient, de nuit, arrêter un résistant palestinien, Dheisheh, camp de réfugiés près de Bethlehem… Elle
évoque, à cette occasion, les origines du conflit et pointe sans
ambiguïté les responsabilités écrasantes des grandes puissances, à la fin
de la 1e guerre mondiale, la France et surtout la Grande
Bretagne qui, grâce à son mandat sur la Palestine, donne corps au projet
sioniste. Elle montre le « Mur », avec ses conséquences
humaines, économiques et environnementales. Elle évoque les femmes et
leur double lutte, le conflit et la tradition, mais aussi les hommes sous
la forme d’un récit de vie, saisi au hasard d’une rencontre dans un
village.
Pour Roannie,
informer c’est aussi exprimer l’empathie qu’elle ressent pour un peuple
impressionnant de dignité et de détermination à rester sur sa terre
d’origine, malgré la volonté de l’Occupant de l’en chasser.
TOME 3 : Les Israéliens.
Roannie
a choisi son camp, mais il lui
faut aller voir en face, entendre « l’Autre ». Ce sera difficile, elle le sait, mais décide de quelques
semaines en Israël. Héléna, française d’origine
juive, ayant fait son « alyah » et
parlant hébreu, accepte de l’accompagner.
Elles découvrent une société
complexe et déchirée entre laïcs et religieux, entre religieux
nationalistes et religieux antisionistes, entre colons et israéliens de
l’Intérieur, entre ashkénazes, séfarades, juifs arabes, russophones…et la
minorité palestinienne discriminée.
Elles rencontrent
« l’Israélien moyen » qui exprime peurs et absence d’espoir en
une paix possible, ne croyant qu’à la force mise en œuvre par son armée
et ses gouvernements. Elles voient la place symbolique de l’institution militaire,
« Tsahal ». Nombreux sont les jeunes soldats qui affirment
« qu’on ne devient vraiment israélien qu’après avoir fait son
service ». Mais elles croisent aussi les pacifistes israéliens. Minoritaires,
incompris de leurs concitoyens et harcelés par les autorités, ils
poursuivent le combat, en lien avec Palestiniens et Internationaux, pour
que cesse la situation actuelle, inacceptable en termes de droits humains
fondamentaux.
TOME 4 : Gaza, carnet de non-voyage.
Juin 2011, la 2e
Flottille pour la Liberté doit voguer vers Gaza. Le rendez-vous est à
Athènes, Roannie est parmi les passagers.
Formation à la non-violence, concertations, manifestations, surveillance
des bateaux…. Les jours s’égrènent et il devient peu à peu évident qu’une
coalition internationale des grandes puissances œuvre à empêcher le
départ de la Flottille. Tout est utilisé même les sabotages de bateaux.
Ceux-ci ne partiront pas ! Mais un irréductible « Petit Poucet
des mers » arrive à s’échapper. Arraisonné par la marine
israélienne, en eaux internationales, à quelques miles du port de Gaza,
il devient un symbole de plus de cette lutte des citoyens du monde pour
la reconnaissance des droits des Palestiniens.
La réalité du Blocus, « Plomb
Durci » et l’attaque de la 1e Flottille en mai 2010 viennent
s’intercaler dans la narration et éclairent le contexte de cette campagne
internationale pour la levée du siège de Gaza.
« L’Intruse », Roannie et Oko, Editions Vertige Graphic,
15 € le volume
En vente dans toute
librairie
L’INTRUSE - Une « Internationale » en Palestine
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