Les prétendues négociations sur un
cessez-le-feu sont en réalité une arme de guerre
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Par Malak Hijazi
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Chaque
mois, on assiste au même scénario : les politiciens font des déclarations,
les médiateurs font la navette entre les capitales et les gros titres
annoncent une percée. Il y a quelques progrès, puis un pas en avant
significatif, mais Israël refuse de faire la moindre concession, et tout
s’écroule.
Un
peu d’espoir, puis des massacres
…
Après
le premier cessez-le-feu de novembre, il a été question de le prolonger et
de mettre fin à la guerre. J’ai ressenti un bref réconfort, mais il a vite
été anéanti.
Une
semaine seulement après la rupture du cessez-le-feu, j’ai vécu le pire jour
de ma vie. L’armée israélienne a envahi ma maison, nous obligeant, ma
famille et moi, à partir en pleine nuit, sans téléphone ni lumière. J’étais
terrifié, surtout lorsqu’un soldat israélien a menacé de nous tuer. J’étais
terrorisé, les larmes coulaient sur mon visage pendant que nous avancions.
Nous
avons finalement trouvé refuge dans un hôpital, où j’ai dormi sur un sol
dégoûtant, avant de nous rendre chez un parent. Un mois plus tard, nous
sommes revenus dans un quartier méconnaissable. Notre maison avait été
partiellement détruite, et de nombreuses familles avaient entièrement perdu
la leur.
En
mars, ma tante nous a appelés, convaincue que la guerre prendrait fin avant
le ramadan, d’après les nouvelles qu’elle avait eues. Elle
était heureuse et pleine d’espoir, et nous parlait de ses projets pour
après la guerre et des plats qu’elle allait cuisiner.
Mais
peu de temps après, l’armée israélienne a envahi pour la deuxième fois l’hôpital
al-Shifa et le quartier environnant, où vivait ma
tante. Elle est restée enfermée chez elle pendant trois jours, en plein
Ramadan, sans eau ni nourriture, terrifiée par le bruit des chars qui
bombardaient aveuglément tout ce qui se trouvait autour d’eux.
Lorsque
nous l’avons appelée, elle pleurait, sentant que la mort était proche.
L’armée israélienne a fini par envahir sa maison, la forçant, elle, ses
enfants et les voisins, à se déplacer à pied vers le sud, l’estomac vide,
en marchant sur les corps des morts.
En
mai 2024, le Hamas a fait savoir qu’il était prêt à accepter un
cessez-le-feu proposé par le président américain Joe Biden. Pendant un bref
instant, les gens ont cru que les horreurs de la guerre allaient enfin
prendre fin.
Je
me souviens parfaitement de ce jour. Les familles déplacées, réfugiées dans
une école voisine, criaient de joie et faisaient la fête, toute heureuses à
l’idée que la fin de leurs épouvantables souffrances approchait. Les
voisins pleuraient de joie et mes petites nièces sautaient de joie.
Mais
cette joie a été de courte durée. Dès le lendemain, Israël a lancé une
invasion de Rafah, réduisant à néant le bref espoir qu’avait suscité la
perspective de la fin des hostilités.
Chaque
cycle de négociations est accompagné de ce que l’on appelle une « pression
militaire » accrue sur le Hamas, ce qui se traduit
souvent par l’assassinat de nouveaux Palestiniens. Israël emploie une
stratégie qui consiste à commettre des crimes de guerre et des massacres
pour faire échouer les négociations, comme brûler les tentes des
personnes déplacées, tuer plus de 200 Palestiniens
pour libérer quatre captifs israéliens, ou tuer 100 Palestiniens
pendant les prières de l’aube.
Israël
prétend que ces crimes sont nécessaires pour imposer ses conditions à un
cessez-le-feu. Mais quelles sont ces conditions ? Israël ne
souhaite pas vraiment la fin de la guerre.
Il
ne cherche qu’une brève pause pour se réorganiser avant de revenir tuer
d’autres Palestiniens.
Israël
veut contrôler les corridors de Philadelphie et de
Netzarim pour dominer indéfiniment la vie des Palestiniens, en bloquant
l’accès à la nourriture et aux médicaments, en augmentant les restrictions
de voyage et en rendant une fois de plus la vie à Gaza invivable. Et le
régime d’occupation empêche toujours les Palestiniens de retourner dans
leurs maisons au nord de Gaza.
Quand
notre espoir est instrumentalisé contre nous
Après
chaque échec des négociations pour un cessez-le-feu, je m’interroge sur l’objectif
de la guerre en cours : Que veut vraiment Israël ? Une guerre régionale ?
L’éradication complète des Palestiniens de Gaza ? Le déplacement forcé des
Palestiniens vers l’Égypte ? Quels sont les plans qu’il élabore en secret ?
Je me surprends à suranalyser chaque déclaration des dirigeants israéliens
et des candidats à la présidence américaine.
Nos
vies semblent contrôlées par des psychopathes criminels.
Le
Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé qu’il n’y aurait pas
de retrait des forces militaires israéliennes de
Gaza. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie-t-il qu’ils peuvent
envahir notre ville quand ils veulent, en tuant tout le monde sur leur
passage et en détruisant toutes les maisons restantes ? Et pour combien de
temps ? Deux, trois ou même dix ans ?
Serons-nous
constamment menacés, devrons-nous vivre dans la crainte d’être tués ou
blessés tout le reste de notre vie, si nous avons la chance de survivre ?
La
décision des Démocrates d’allouer 3,5 milliards de dollars
supplémentaires à Israël après que Kamala Harris a appelé à la fin de la
guerre est d’une remarquable hypocrisie. Ce double-jeu met en lumière toute
la fourberie étasunienne. Combien d’enfants vont encore mourir ? Combien de
maisons vont encore être détruites ? Combien de rêves vont encore être
anéantis ?
Lorsque
Donald Trump soutient l’élargissement des
territoires d’Israël, qu’est-ce que cela implique ? Quelles sont les terres
qui seront saisies ? Allons-nous être relocalisés de force dans le désert
du Sinaï ?
Les
États-Unis et Israël veulent tous deux une victoire militaire et un gain
politique, le tout à nos dépens. Mais personne ne semble s’inquiéter de
reconstruire Gaza.
Nos
enfants doivent pourtant retourner à l’école et nous avons besoin
d’universités et d’hôpitaux. Pendant que nous luttons pour reprendre en
main nos vies et restaurer nos infrastructures, l’accent reste mis sur les
objectifs politiques et militaires, sans tenir compte de nos besoins
essentiels et nos perspectives d’avenir.
À
l’approche du premier anniversaire de cette guerre, je me suis rendu compte
que ces négociations de cessez-le-feu ne sont qu’une arme de plus dans
cette guerre.
Elles
nous font miroiter la promesse de mettre fin à cet holocauste, pour ensuite
la réduire à néant lorsque nous tendons la main. J’entends le monde parler
de la nécessité d’un cessez-le-feu, j’entends les discours et je vois les
gros titres, mais ici, sur le terrain, rien ne change.
Les
massacres se succèdent de plus en plus horribles, et les innocents qui
rêvaient de la fin de la guerre meurent.
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