De
Sabra et Chatila à Gaza
Par
Zach-AFPS Nord Pas-de-Calais
Le
12 septembre 2024
Le massacre de Sabra et Chatila a eu lieu
du 16 au 18 septembre 1982, dans le quartier de Sabra et le camp de
réfugiés palestiniens voisin de Chatila, à Beyrouth Ouest. Le Liban
est en pleine guerre civile, et Israël a envahi la moitié Sud du Liban
depuis le mois de juin.
Cet évènement historique exceptionnel
présente des similitudes avec la situation actuelle à Gaza.
Il y a d’abord le confinement,
l’enfermement des victimes encerclées par l’armée israélienne, qui comme
à Gaza empêche toute fuite. Pendant une journée et surtout deux
nuits, les miliciens du mouvement d’extrême-droite libanais des Phalanges
ont pu assassiner des centaines de civils palestiniens, le plus souvent à
l’arme blanche, aidés par les fusées éclairantes israéliennes qui
illuminent la zone comme en plein jour. Pendant toute la durée du
massacre, les Phalangistes entrent et sortent de Sabra et Chatila sous
protection israélienne, en toute liberté. Les Israéliens semblent avoir
sous-traité le crime contre l’humanité à leur allié libanais d’extrême
droite.
La 2ème similitude est donc le
prétexte des assassins, à savoir la vengeance aveugle et sadique, comme
c’est le cas aujourd’hui depuis le 7 octobre. Les Phalangistes
prétextent le meurtre de leur leader la veille, qu’ils attribuent à tort
aux Palestiniens. Incapables d’éliminer l’OLP de Yasser Arafat dont les
combattants ont été évacués par mer début septembre, les Israéliens se
vengent sur la population civile, exactement comme aujourd’hui, de Gaza à
Jénine. On peut relever aussi que les faits interviennent 10 ans presque
jour pour jour après que le groupe palestinien de Septembre noirait pris en otage la
délégation israélienne aux Jeux olympiques de Munich, en échange
deprisonniers politiquespalestiniens, ce qui a été prétexte aussi à une politique de représailles
israéliennes criminelles pendant plusieurs décennies.
La 3ème similitude est le
bilan humain effroyable et le déni qui a suivi. En 36 heures, au
moins 3000 personnes sont exécutées, soit nettement plus que tous les
massacres commis durant la Nakba de 1948. Ce sont dans leur immense
majorité des civils, en particulier enfants, adolescents, femmes et
vieillards. Très peu de combattants palestiniens sont concernés, car ils
ont été exfiltrés sous protection internationale vers la Tunisie. Un
nombre inconnu de corps est évacué par camions dans la nuit du 17 au 18,
ce qui rend le bilan peu fiable. Lorsque les premiers journalistes sont
autorisés à entrer dans la zone le 18 septembre 1982, ils découvrent des
scènes épouvantables d’amas de corps noircis et gonflés par la chaleur,
dont les images vont faire le tour du monde. Néanmoins, aucun des
participants directs ou indirects au massacre ne sera jamais jugé et
condamné. Le ministre de la « Défense » israélien Ariel Sharon,
qui a supervisé le massacre, est obligé de démissionner, mais ne sera
jamais inquiété.
Pour finir, une chanson du célèbre
groupe marocain de poètes-musiciens Nass el Ghiwane est intitulée
« Sabra etChatila » (1983). Les paroles sont aujourd’hui
d’une actualité terrible, car elles décrivent le génocide en cours :
“Douniyasektett, ou
sahyiounedart ma bratt
Douniyasektett,
al atfaldebhatt, chyoukhoul’aliatt”
« Le monde est resté silencieux, et les
sionistes ont fait ce qu’ils voulaient
Le monde est resté silencieux, les enfants égorgés, comme les
vieillards et les femmes. »
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