L’Union
européenne refuse de sanctionner Israël
Par l’Agence Média Palestine, le 17 juillet 2025
https://agencemediapalestine.fr/blog/2025/07/17/lunion-europeenne-refuse-de-sanctionner-israel/
C’est
une décision dont l’histoire se rappellera. A la veille de la trêve
estivale qui marque une pause dans ses activités, le Conseil européen des
affaires étrangères s’est réuni mardi pour statuer sur d’éventuelles
sanctions à l’encontre d’Israël. En cause, la publication il y a quelques
semaines d’une note commandée par la cheffe de la diplomatie européenne
Kaja Kallas. Ce rapport du service extérieur de l’Europe établissait
différentes violations des droits humains en Palestine par Israël.
Une
note qui aurait pu ouvrir la voie à l’activation de l’article 2 de
l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël. Cet article
permet en effet la suspension de l’accord en cas de non-respect “des
droits de l’Homme et des valeurs démocratiques’”. La note
aurait donc logiquement pu causer a minima des sanctions contre Israël.
Mais il n’en est rien, puisque les 27 ont décidé de ne pas toucher à
l’accord et de laisser Israël continuer à massacrer les Palestiniens en
toute impunité.
La
réunion de la dernière chance
Tous
les ingrédients étaient pourtant réunis avant le conseil des pays membres
ce mardi 15 juillet : un statut juridique clair (article 2), un rapport
accablant, et des preuves à n’en plus finir des exactions israéliennes
dans la bande de Gaza. La suspension de l’accord d’association
nécessitait cependant une décision à l’unanimité des pays participants au
Conseil européen des affaires étrangères. Une unanimité impossible à
atteindre quand on sait le soutien sans faille de pays comme l’Allemagne,
la Hongrie ou encore la République Tchèque, à Israël. D’ailleurs, seule
l’Espagne a ouvertement appelé à la suspension de l’accord.
Cette
suspension n’était qu’une des dix mesures de rétorsion présentées à
l’occasion de ce conseil. Parmi les autres, certaines auraient pu être
obtenues à la majorité qualifiée (15 pays) comme l’interdiction
d’importer dans l’Union européenne des produits provenant des colonies établies
dans les territoires palestiniens occupés, ou encore un embargo total sur
les ventes d’armes au régime de Netanyahu. Pourtant, à la fin de la
séance et après avoir constaté le résultat de tous les votes à l’ordre du
jour, le couperet tombe : aucune des sanctions ne passe.
Cette
décision européenne de rester les bras croisés sonne au mieux comme un
aveu de laisser-faire face à l’impunité d’Israël au regard du droit
international. Au pire, elle entérine “la complicité active” de l’Union
européenne avec le génocide à Gaza, des mots du député européen de gauche
Marc Botenga, cité dans l’Humanité : “L’UE se positionne contre
la légalité internationale en décidant d’ignorer les avis de la Cour
internationale, les rapports de l’ONU et du service diplomatique des
Vingt-Sept. Ni la famine utilisée comme arme de guerre, l’exécution
d’enfants, le nettoyage ethnique, le plan d’un camp de concentration,
n’ébranlent son soutien à Israël”.
La
diplomatie européenne se félicite honteusement
Pendant
ce temps, Kaja Kallas se targue du
nouvel accord trouvé avec le régime de Netanyahu le 10 juillet dernier
concernant l’acheminement de l’aide humanitaire. Elle a déclaré en
conférence de presse à l’issue du Conseil des affaires étrangères : «
Nous voyons des signes positifs, on a vu que davantage de camions et de
provisions ont atteint Gaza, on voit plus de points d’entrée ouverts et
on a aussi vu des lignes électriques être réparées. Mais Israël doit
prendre davantage de mesures concrètes pour améliorer la situation
humanitaire sur le terrain ». Ce nouvel accord n’est pourtant
absolument pas contraignant et apparaît comme bien faible face à
l’ampleur des massacres commis par Israël en Palestine.
De
leur côté, plusieurs ministres des affaires étrangères européens ont
aussi exprimé leur satisfaction face à ces nouveaux développements, à
l’instar de la France. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Michel
Barrot a déclaré en préambule de cette réunion : “Comme quoi,
lorsqu’elle s’en donne les moyens, l’Union européenne est capable de
faire bouger les lignes.”. Il a poursuivi, réaffirmant la nécessité
“que ces concessions soient visibles, tangibles sur le terrain, et nous y
serons extrêmement vigilants. C’est une première étape, mais ça n’est pas
suffisant. Nous continuons d’exiger le cessez-le-feu immédiat,
inconditionnel, et la libération de tous les otages du Hamas qui doit être
désarmé.”
Quand
ces leaders européens voient une victoire, des organisations comme
Amnesty International dénoncent “une trahison cruelle et illégale” à
travers la voix d’Agnès Callamard, secrétaire générale de l’ONG. Cette
dernière enfonce le clou : « Cela restera dans les mémoires comme l’un
des moments les plus honteux de l’histoire de l’UE. Les dirigeants
européens avaient l’occasion de prendre une position de principe contre
les crimes d’Israël, mais ils lui ont plutôt donné le feu vert pour poursuivre
son génocide à Gaza, son occupation illégale de l’ensemble du territoire
palestinien occupé et son système d’apartheid à l’encontre des
Palestiniens ».
Même
constat du côté de l’Association des juristes pour le respect du droit
international (JURDI) qui a déposé aujourd’hui “un recours en carence
devant la Cour de justice de l’Union européenne, contre la Commission
européenne et le Conseil de l’Union européenne”. Elle pointe
dans ce recours “une inaction grave et prolongée face aux violations
du droit international dans le Territoire palestinien occupé”.
Comme
une preuve supplémentaire d’une volonté politique à deux vitesses en
matière de sanctions, les ministres des Affaires étrangères réunis ce
mardi ont prononcé une série de mesures punitives à l’encontre de la
Russie dans le dossier ukrainien. Les Palestiniens, eux, peuvent toujours
attendre.
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