Conférence de presse de Hind Khoury : Françoise Germain-Robin - L’Humanité publié le mardi 11 avril 2006.
Hind
Khoury (représentante de l’Autorité palestinienne à Paris) Hind Khoury, qui remplace désormais à Paris Leïla Shahid à la tête de la délégation générale de Palestine, donnait hier sa première conférence de presse. Très souriante, d’une voix douce, et dans un français encore un peu hésitant, elle s’est prêtée avec gentillesse au jeu des questions-réponses. D’emblée, elle a mis l’accent sur la situation tragique de son peuple. « Qu’en sera-t-il demain du peuple palestinien ? » a-t-elle demandé en pointant les intentions du nouveau premier ministre israélien, Ehud Olmert, « de couper la Cisjordanie en morceaux et de pratiquer de nouvelles annexions avec un mur qui s’empare de nos terres les plus fertiles, de nos nappes aquifères, à l’ouest et dans la vallée du Jourdain. » Rejetant cette politique unilatérale qui ne peut mener selon elle « qu’au désespoir et à la violence », elle a lancé un appel à une reprise rapide des négociations de paix. « Le principal problème, c’est l’occupation. Si Israël accepte d’en parler, on peut facilement trouver une solution en un an, le président Abbas, président de l’OLP, y est prêt », a-t-elle affirmé. À propos de la méfiance que suscite le gouvernement du Hamas dans la communauté internationale, elle a répété que ce mouvement, depuis sa victoire électorale, multipliait « les indications positives montrant qu’il se rapproche des positions de l’OLP » (1). « Il doit tenir compte de la volonté de paix exprimée, dans les sondages, par 75 % des Palestiniens, a-t-elle ajouté. Donnez-lui sa chance et accordez-lui le temps de faire ses preuves. Vous lui demandez de reconnaître Israël, mais il faut aussi exiger la réciprocité : qu’Israël reconnaisse notre droit à un État libre et viable. » Elle a surtout souligné les effets catastrophiques d’une coupure de l’aide internationale. « Sans cette aide, a-t-elle dit, les institutions construites avec votre argent vont s’effondrer et le risque de violence augmentera. » Quant à la perspective d’une auto-dissolution de l’Autorité palestinienne, dont la menace est agitée par certains parlementaires du Fatah face à l’intransigeance d’Israël, elle a estimé que c’était « une possibilité dont le peuple palestinien parle ouvertement depuis quelque temps. Si l’Autorité palestinienne est privée des moyens de faire face à ses responsabilités, il sera naturel de mettre Israël, puissance occupante, face aux siennes ». Hind Khoury a indiqué qu’elle avait, le matin même, téléphoné à son successeur, le ministre chargé des Affaires de Jérusalem, après son arrestation par les autorités israéliennes. Elle a souligné la gravité de la nouvelle législation qui vise à couper totalement les Palestiniens de Cisjordanie de la ville de Jérusalem-Est. (1) Le premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, a déclaré hier que le président Abbas était « libre de négocier avec Israël ». Mardi, son ministre des Affaires étrangère avait fait savoir à l’ONU qu’il était favorable à la solution de deux États. Françoise Germain-Robin - L’Humanité 8 avril 2006
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