Amin Abu Warda -
Palestine News Network - a interviewé Mohammad
Barghouthi, ministre du Travail palestinien.
Quels sont vos projets
pour le développement de l’économie palestinienne et
pour les salariés ?
L’économie
palestinienne est très faible et elle souffre de
défaillances persistantes à cause des opérations
militaires israéliennes et des bouclages.
Nous discutons des moyens pour réduire
les crises auxquelles les travailleurs palestiniens
sont confrontés et des projets immédiats
d’interventions.
Le programme pour l’emploi a été
détourné de son objectif initial, il est devenu un
programme d’aides. Nous voulons que ce programme
assure notre développement afin de donner du travail
au lieu de faire la charité. Nous devons aussi nous
concentrer sur des projets moins importants, surtout
dans le secteur agricole, l’agriculture étant l’un de
nos principaux moyens de subsistances dans les
Territoires palestiniens. Pour l’avenir, nos projets
visent à soutenir les diplômés d’universités, en plus
du développement de l’agriculture et de l’incitation
aux investissements privés en Palestine.
Comment envisagez-vous
de traiter le problème du chômage dans les Territoires
palestiniens ?
Le chômage est un problème mondial,
mais en Palestine, nous connaissons une situation
particulière, nous avons un nombre croissant de
demandeurs d’emplois à cause du mur d’annexion
israélien, des bouclages continuels et des violations
de l’armée.
Une économie forte requiert la
stabilité et des investissements en plus de relations
régionales et internationales mais nous n’avons rien
de cela, l’économie palestinienne est détruite et les
Territoires palestiniens sont complètement isolés du
reste du monde.
Nos dernières statistiques chiffraient
à 200 000 le nombre de résidents sans emploi
officiellement, 400 000 autres sont enregistrés comme
demandeurs d’emploi dans les services du ministère du
Travail.
Le ministère, dans les circonstances
actuelles, ne peut régler le problème du chômage sans
la coopération entière du secteur privé, des pays
arabes et islamiques.
Il y a un grand nombre
de Palestiniens qui ont l’habitude de travailler en
Israël ; que fait le ministère pour les aider, quels
rapports entretenez-vous avec les Palestiniens qui
travaillent dans les colonies et en Israël ?
Nous avons un secteur chargé de la
question des droits des salariés, et nous faisons face
à d’énormes difficultés pour traiter tous les cas
étant donné que les salariés n’ont pas de travail fixe
et que les employeurs israéliens ne reconnaissent pas
les droits des salariés palestiniens, les tribunaux
israéliens également ne font pas respecter leurs
droits.
Pour remplacer le travail dans les
colonies et en Israël, il faudrait fournir à ces
salariés des emplois dans les Territoires, or
l’Autorité palestinienne n’est pas en mesure de leur
donner, on ne peut donc pas leur demander d’arrêter de
travailler en Israël et dans les colonies.
Seriez-vous prêts à
agir de façon coordonnée avec les syndicats israéliens
ou avec les Israéliens en général ?
Nous avons dit à plusieurs reprises
que nous n’avions aucun problème pour de telles
coopérations, sauf si cela signifie entériner
l’occupation.
Qu’envisagez-vous
comme aide aux diplômés universitaires ?
Nous avions projeté de leur proposer
10 000 offres d’emplois mais la situation est
différente maintenant, nous avons des organismes
privés ou gouvernementaux capables de les employer.
Nous avons aussi renouvelé les
contrats de 760 employés intérimaires, des
coordinateurs et des chercheurs de terrain. Le
ministère assure aussi la formation professionnelle de
3 000 étudiants, organisant une session dès que nous
avons atteint ce nombre de demandeurs. Le ministère de
l’Education est sollicité pour assurer les spécialités
nécessaires.
Comment envisagez-vous
les rapports entre votre ministère et les syndicats de
salariés ?
Nous traitons avec eux d’une façon
claire et pratique, nous espérons être capables
d’unifier les syndicats par l’adoption d’une nouvelle
loi qui fusionnerait ces organisations afin de
travailler tous ensemble et d’aider les salariés d’une
manière plus efficace.
Quels sont les
principaux obstacles auxquels votre ministère est
confronté ?
Nous connaissons une situation
économique très difficile depuis de nombreuses années,
nous manquons aussi d’infrastructures depuis qu’Israël
a endommagé les installations palestiniennes tout au
long des années d’Intifada. Nous devons mettre en
application les lois qui garantissent la protection,
les retraites et les droits des travailleurs. Nous
avons besoin aussi de lois pour réglementer le travail
des syndicats afin de soutenir le droit du travail.
Il y a beaucoup de lois qui n’ont pas
encore été votées par le conseil législatif. Nous
sommes dans une phase fondamentale de reconstruction
de notre économie et de notre législation.
Que pensez-vous des
produits importés qui remplissent les marchés
palestiniens ?
Nous devons établir un équilibre entre
les intérêts des gens et ceux des salariés ; notre
économie est totalement dépendante d’Israël, les
Israéliens contrôlent toujours notre économie, nos
déplacements et les frontières, en plus de leur
politique d’isolement des Territoires palestiniens.
Dans combien de temps
pensez-vous pouvoir créer des « Tribunaux du
travail » ?
Les Tribunaux du travail sont un
projet qui n’a encore jamais vu le jour, ces tribunaux
sont très importants pour les salariés, surtout
maintenant que les tribunaux de droit commun
mettraient des années à juger, avec au bout des
années, la perte des droits pour l’avocat. Nous devons
faire respecter la loi pour garantir le droit des
salariés.
Quels commentaires
faites-vous sur les pressions pratiquées contre le
gouvernement palestinien ?
Notre gouvernement a beaucoup de
problèmes, nous ne pouvons pas payer les salaires de
nos employés ni fournir aux citoyens les services dont
ils ont besoin. Ou nous réussissons et prouverons au
monde nos capacités en dépit de la situation actuelle,
ou nous échouons, mais si nous échouons, le monde
entier saura que nous n’avons jamais trahi nos
principes ni faibli.
Que la volonté de Dieu soit faite,
nous réussirons avec l’aide de nos amis, de nos frères
et notre peuple. Nous resterons déterminés et nous
relèverons tous les défis, unis et forts.
Barrages et opérations militaires israéliennes
empêchent les salariés palestiniens de gagner
leur vie.
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