Contre la guerre
totale israélienne en Palestine :
la France doit intervenir
Paris, Le 29 juin 2006
Mercredi 28
juin, l’armée israélienne a lancé une vaste offensive terrestre et
aérienne dans le territoire palestinien de la bande de Gaza
surpeuplée. Les raids de l’aviation ont détruit des ponts et des
routes, ainsi que la principale station électrique de ce
territoire. L’armée a appelé les habitants du nord de Gaza à
quitter leurs maisons. Soixante-quatre responsables palestiniens
dont 8 ministres et 20 députés ont été kidnappés par l’armée
israélienne qui les détient encore.
Le motif
officiel de cette agression à grande échelle est l’enlèvement par
la résistance palestinienne d’un tankiste israélien. Cet
enlèvement intervient après des semaines de terreur israélienne :
bombardements massifs et meurtriers (5000 obus et 30 morts en 1
mois) de ces même tanks, de l’aviation et de la marine israélienne
sur la bande de Gaza . Et le lendemain de l’enlèvement de 2
résistants à Gaza mais aussi de rafles à Hébron, Naplouse qui ont
laissé de marbre la communauté internationale ! La population
assiégée de la bande de Gaza, véritable prison à ciel ouvert,
était déjà soumises aux pénuries alimentaires et sanitaires
aggravées par les sanctions de l’Union Européenne contre le
gouvernement des occupés.
C’est dans ce
contexte que s’inscrit l’enlèvement du caporal israélien. Dans un
important appel, les dirigeants palestiniens emprisonnés par
Israël ont appelé, notamment, à une réorientation de la stratégie
de la résistance contre l’occupation, contre la colonisation
illégales et contre la violence quotidienne imposée par l’armée
israélienne à la population palestinienne : ils en appellent
notamment à une mobilisation unifiée, recentrant la résistance
dans le territoire occupé, et contre l’armée d’occupation.
Nous ne
pouvons à cet égard que nous étonner que la France,
officiellement, annonce son engagement total pour faire libérer ce
caporal, au nom de sa nationalité française, sans parallèlement ni
interroger ce que signifie pour un citoyen français d’effectuer
son service militaire dans une armée d’occupation alors même que
la France condamne cette occupation illégale, ni jamais
s’interroger sur les crimes commis par ses citoyens
franco-israéliens colons dans les territoires palestiniens, ni sur
le sort réservé aux citoyens franco-palestiniens vivant sous
occupation israélienne, et encore indiquer une mobilisation
analogue pour la libération des milliers de prisonniers politiques
palestiniens, otages de l’arbitraire israélien, et singulièrement
des centaines d’enfants aujourd’hui sous les verrous, et les
députés palestiniens comme Marwan Barghouthi et Hussam Khader
kidnappés par l’armée d’occupation et détenus dans le territoire
de la puissance occupante, en totale violation de la quatrième
Convention de Genève.
Le premier
ministre israélien Ehud Olmert a déclaré « user de moyens
extrêmes » (sic) pour libérer le caporal de son armée. Ce que
Mahmoud Abbas, condamnant l’invasion, a qualifié de « punition
collective ».
Le rapt des
64 ministres et élus, lui, intervient également dans un contexte
particulier : celui, pour la première fois, d’un accord politique
et stratégique entre le Fatah et le Hamas. Cet accord, qui en
appelle à l’unité nationale, en appelle aussi à la fondation d’un
Etat palestinien dans les territoires occupés par Israël depuis
1967. La communauté internationale ne s’y est pas trompée qui y a
lu une reconnaissance implicite de l’Etat d’Israël dans ces
frontières. Reconnaissance dont la réciproque n’est toujours pas à
l’ordre du jour puisque, treize ans après les accords d’Oslo,
l’Etat d’Israël continue à refuser de reconnaître le droit du
peuple palestinien à un Etat indépendant dans les frontières de
1967.
En fait, la
volonté affichée du gouvernement israélien de « détruire le
gouvernement palestinien » répond à un objectif lui aussi
énoncé : fixer unilatéralement les frontières, en intégrant au
territoire israélien les grands blocs de colonies, un « grand »
Jérusalem, qui s’étend de Ramallah au nord à Bethléem au sud et à
Jéricho à l’Est, et aussi la vallée du Jourdain. En fait, en
annexant toutes les zones incluses dans le réseau de murs qui se
construit profondément dans le territoire palestinien de
Cisjordanie, en violation des recommandations de la Cour
internationale de justice et de la résolution des Nations unies
d’août 2004. Un objectif aux antipodes du droit international et
qui rendrait évidemment caduque toute perspective d’Etat
palestinien indépendant et viable. Pour parvenir à un tel
objectif, le gouvernement israélien a choisi une stratégie :
l’unilatéralisme. En refusant de reconnaître toute légitimité à un
interlocuteur palestinien.
Il faut mettre un terme à la guerre imposée
au peuple palestinien.
Comme il faut mettre un terme à l’occupation,
qui est la première des violences et la source de l’insécurité
régionale, à la colonisation, et au siège des territoires
palestiniens.
Nous demandons au gouvernement français
d’intervenir au sein du conseil de sécurité des Nations unies et
auprès de ses partenaires européens pour assurer la
protection du peuple palestinien et
la libération des prisonniers politiques palestiniens, à commencer
par tous les enfants.
Nous demandons au gouvernement français
la reconnaissance de la démocratie
palestinienne et de ses instances issues des urnes.
Nous demandons au gouvernement français
une aide économique conséquente et
urgente au peuple palestinien, susceptible de contribuer à mettre
un terme aux conséquences du siège israélien, et comme
compensation de l’absence de solution politique à une occupation
qui n’a que trop duré.
Nous demandons au gouvernement français
d’intervenir au sein du conseil de sécurité des Nations unies et
auprès de ses partenaires européens pour des
sanctions immédiates contre le gouvernement et l’armée
d’occupation israéliens, pour que cesse leur impunité.
Nous demandons au gouvernement français
d’intervenir au sein du conseil de sécurité des Nations unies et
auprès de ses partenaires européens pour la tenue urgente d’une
conférence de paix sous l’égide des Nations
unies et fondée sur le droit international.
Paris, Le 29
juin 2006.
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