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TÉMOIGNAGE CHRÉTIEN N° 3212 DU 6 JUILLET 2006

Qui est terroriste ?

 Les autorités israéliennes ont-elles commis des actes terroristes ? Poser ouvertement cette question-là revient normalement à se disqualifier dans les discussions entre gens bien-pensants. Dans les cercles des éditorialistes des grands médias, des représentants de la « communauté internationale » et des officiels de l’État hébreu, il convient de répéter inlassablement, tel un mantra, qu’« Israël est une démocratie, un État de droit ». Le bien, quoi. Le terrorisme, comme chacun le sait, est l’apanage des Palestiniens, particulièrement de son nouveau gouvernement dirigé par les islamistes du Hamas. L’horreur donc. Peu importe la trêve du Hamas, respectée depuis dix-huit mois. Peu importe l’énorme avancée du 27 juin dernier, où des délégués de ce même mouvement confrontés à la dure réalité de l’exercice du pouvoir ont signé un document reconnaissant implicitement Israël. Ils sont terroristes, vous dit-on !

 Considérons maintenant quelques faits. Le 28 juin, l’armée israélienne a détruit la principale centrale électrique de la bande de Gaza. En même temps, elle a bouclé tous les territoires. Environ 830 000 Palestiniens se sont retrouvés pratiquement sans électricité et en grande partie sans eau potable. Le gouvernement israélien a soutenu que c’était une façon de faire pression sur le commando qui avait enlevé le soldat Gilad Shalit quelques jours plus tôt. Pour beaucoup d’observateurs, le gouvernement vise en réalité la chute du gouvernement élu du Hamas. À la limite, peu importe ses raisons ! Cette stratégie relève de la punition collective. Alors que les assassinats pas toujours ciblés (1), les bombardements de bâtiments d’utilité publique, les arrestations arbitraires de huit ministres et de vingt députés et la destruction des moyens de survie pour la population ne sont rien d’autre que des crimes de guerre. Ce n’est pas nous qui le disons, ni, hélas, le quai d’Orsay ou l’Union européenne, habituellement si prompts à condamner les fauteurs en la matière, mais… le gouvernement suisse, dépositaire des Conventions de Genève. Israël est, avec les États-Unis, le pays « démocratique » qui les respecte le moins.

 Il faut maintenant arrêter cette hypocrisie coupable ! Il n’est pas contestable que certaines organisations palestiniennes se livrent à des actes terroristes. Le gouvernement palestinien a tout intérêt à les stopper, mais n’y arriverait plus. Pendant ce temps, son homologue israélien se livre impunément à des actes qu’on peut qualifier de terroristes. Défiant maintes résolutions internationales, ce pouvoir colonial ne reconnaît pas l’État du peuple occupé (alors qu’Israël exige, lui, d’être reconnu), il se livre à une violence folle et affame – par blocus et gel d’avoirs – les populations civiles. Est-ce par naïveté ou cynisme que l’Union européenne participe à cette politique en suspendant son aide directe au gouvernement palestinien (2) ?

 Raisonner ainsi n’est pas délégitimer Israël. Au contraire. C’est faire preuve de respect à l’égard des Israéliens en leur disant la vérité, comme le font les vrais amis. Si la plupart d’entre eux ignorent tout des conditions de vie des Palestiniens, beaucoup contestent la politique de leur gouvernement. Ils voient bien qu’elle mène au désastre. Tous ces Israéliens qui ont gardé le sens de la raison ont besoin d’être soutenus et encouragés. Par l’Europe. Par nous tous. Toute autre attitude relève finalement de la lâcheté.          

 Henrik Lindell

 

1. Plusieurs familles ont été décimées dans la bande de Gaza, le 20 mai et les 9 et 13 juin.

2. Lire notre appel « De l'oxygène pour les Palestiniens » sur notre site internet.

Voir aussi le dossier PALESTINE tout le monde s’en fout ?

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