Trente juillet
2006 : Cana, au sud du Liban, subit un violent
bombardement. Soixante-douze victimes sont relevées,
dont vingt-neuf bébés et enfants. Ce massacre est le
deuxième imposé à cette commune en dix ans par
l’armée israélienne. Il a suscité, à juste titre,
une émotion dans le monde entier. Qu’est devenue
Cana, ville martyre, trois mois après ? C’est encore
« la fin du monde », comme le dit le maire démocrate
indépendant Salah Salamé. L’eau est en partie
rétablie, l’électricité ne fonctionne qu’à 50 %,
plus de 200 familles ont perdu leur maison. Comme
dans toutes les villes bombardées, la rentrée
scolaire y est retardée au moins jusqu’à la
mi-octobre. La commune a en effet aussi perdu une
école pendant cette guerre.
Émus par le
témoignage bouleversant du maire de Cana, en plein
accord avec lui et son conseil municipal, les élus
communistes et républicains ont décidé, dès le mois
d’août, de lancer un parrainage national de cette
ville de 20 000 habitants qui ne dispose que de
moyens dérisoires pour reconstruire. Qu’il s’agisse
de l’école secondaire, inaugurée à la fin mai, de
l’accès pour tous à l’eau potable, ou encore du
système de santé, les projets de remise en état ne
manquent pas. Dans l’immédiat, les 2 300 écoliers de
Cana ont besoin de crayons, de cartables et de
cahiers.
Les élus et les
collectivités locales peuvent beaucoup. En votant
des subventions spéciales, en s’engageant sur un
projet, ces institutions peuvent faire bénéficier
Cana qui d’une assistance technique, qui d’une
compétence sanitaire. Des communes peuvent aussi
accueillir des enfants lors de prochains congés
scolaires. Dans le plus long terme, des coopérations
décentralisées peuvent être signées entre
collectivités françaises et Cana, comme la ville
libanaise vient de le faire avec une commune
italienne. Il s’agit là d’un immense défi de
solidarité.
Le nom de Cana,
ville sainte, évoque aujourd’hui des crimes
barbares. Pour nous, ces crimes de guerre doivent
être jugés et punis comme tels. À nous, élus,
citoyens, partout dans le monde, de faire en sorte
qu’il en soit ainsi. C’est pourquoi nous avons aussi
à coeur de faire saisir la Cour internationale de
justice. L’Union européenne a un rôle fondamental à
jouer pour contribuer à ce que le droit
international prévale enfin dans cette région du
monde.
Nous pensons bien
sûr aux enfants de Cana et à leur avenir. Les aider
à reprendre espoir en l’avenir, contribuer à
construire, dans la région, une paix durable et des
relations nationales et internationales fondées,
enfin, sur le respect, le dialogue, la justice -
telles sont nos ambitions pour Cana et le Liban tout
entier.
Le parrainage que
lancent les élus communistes et républicains est
sans exclusive. Il s’adresse à ceux que le maire de
Cana appelle « les hommes et femmes libres », aux
démocrates, à tous les élus et citoyens aspirant à
un monde de paix. Il ambitionne d’être le prélude à
une relation permanente entre nos populations et nos
élus. Pour aider Cana à redevenir « le symbole de la
coexistence pacifique et fraternelle » entre les
religions et les communautés qu’elle n’aurait jamais
dû cesser d’être.
(*) Le
conseil municipal de Cana (sud du Liban), Dominique
Bidet, maire de Bellenaves (03), président des
maires ruraux de l’Allier, Jean-Paul Boré,
vice-président du conseil régional
Languedoc-Roussillon, membre du comité des régions
d’Europe, Yasmine Boudjenah, ancienne députée
européenne, conseillère municipale de Bagneux (92),
Robert Bret, sénateur des Bouches-du-Rhône (13),
Mireille Elmalan, maire de Pierre-Bénite (69),
Patricia Fernandez, maire de Port-de-Bouc (13),
Jean-Claude Lefort, député du Val-de-Marne (94),
Jean-Claude Mairal, vice-président du conseil
régional d’Auvergne, Jack Ralite, sénateur de
Seine-Saint-Denis (93), Francis Wurtz, député
européen, président de la gauche unitaire
européenne.
Des dons peuvent être adressés
à l’ordre de ANECR solidarité, 10 rue Parmentier,
93100 Montreuil.