C’est dans la ville
de Rotterdam, aux Pays-Bas, que s’est tenu le cinquième
congrès annuel des Palestiniens d’Europe, après ceux de
Malmö (Suède), Vienne (Autriche), Berlin (Allemagne) et
Londres (Grande-Bretagne).
Plus de 5000
Palestiniens, venus de différentes villes européennes, seuls
ou en famille, ont passé la journée du 5 mai à Rotterdam et
ont assisté à des conférences, débats et discussions pour
affirmer une fois de plus que le droit au retour des
réfugiés est un droit inaliénable collectif et individuel,
pour s’organiser, raffermir les liens entre les réfugiés et
les Palestiniens vivant sous occupation, et entre les
réfugiés eux-mêmes.
Ce rassemblement
fut organisé par le Palestinian Return Center (Londres), le
secrétariat général du Congrès des Palestiniens d’Europe et
le Forum palestinien de Hollande, en association avec la
communauté palestinienne, le Rassemblement palestinien et le
réseau droit au retour en Hollande.
Plusieurs
personnalités palestiniennes furent invitées, certaines
furent empêchées par l’occupation, comme sheikh Ikrima Sabri,
et d’autres, par l’Union européenne qui maintient son blocus
meurtrier et honteux contre le peuple palestinien.
Sheikh Isma’il
Haniyyeh, premier ministre, et dr. Basim Na’im, ministre de
la jeunesse et des sports, furent empêchés de participer au
congrès. Mais le premier ministre s’adressa aux
congressistes par satellite alors que le ministre de la
jeunesse et des sports raconta par téléphone les
humiliations subies de la part des autorités belges qui lui
ont interdit de se rendre en Hollande.
Le ministre
Basim Naïm : redoubler d’efforts pour briser le blocus
"Après avoir reçu
l’invitation officielle de la part des organisateurs du
congrès, j’ai demandé un visa à l’ambassade hollandaise qui
me l’a remis, après deux mois d’attente. Avec le visa, j’ai
pris le vol pour la Hollande, en passant par l’aéroport de
Bruxelles. A l’aéroport, des hommes de la sécurité sont
montés dans l’avion, et d’une manière provocante et
dégradante, ils m’ont demandé de descendre de l’avion, comme
si je menaçais la sécurité des Pays-Bas.
Le ministre
palestinien de la jeunesse et du sport a déclaré que cette
interdiction ne témoigne pas de la volonté populaire en
Hollande ou en Europe, mais est une décision politique
d’hostilité envers le peuple palestinien et ses droits
légitimes. Il a réaffirmé la volonté du peuple palestinien
de liberté et de libération et a réclamé des efforts pour
mettre fin au blocus contre le peuple palestinien.
Le premier
ministre Isma’il Haniyye : le droit au retour et al-Quds
sont des questions essentielles
Bravant
l’interdiction de venir en Hollande, le premier ministre
s’est adressé aux participants par satellite. Il a rappelé
que ce congrès de Rotterdam se tient à l’occasion de la
commémoration de la Nakba palestinienne, lorsque "les bandes
sionistes sont venues en 1948 tuer l’être humain et la
terre", pour affirmer que les rêves ne peuvent être volés,
et que la Palestine demeure dans la conscience et le coeur.
"Les responsables de l’entité sioniste ont parié sur le fait
que les âgés parmi les Palestiniens allaient mourir et que
les jeunes allaient oublier, mais ce pari a échoué, voilà le
Palestinien levant haut le drapeau, vivant de son rêve au
retour qui est un réalité profonde, et ce moment arrivera
certainement".
"Le gouvernement
palestinien avait assisté l’année dernière au congrès, à
Malmö, et il participe cette année, je souhaitais
personnellement assister afin d’être près de nos frères, qui
continuent à aimer la Palestine, malgré l’exil et
l’éloignement". Il a souligné que ce congrès se tient "dans
des conditions difficiles, avec un blocus injuste, qui dure
depuis plus d’un an contre le peuple palestinien, ce blocus
vise à obliger le gouvernement élu à faire des concessions
politiques, mais ces tentatives subiront l’échec. Le
gouvernement élu et le peuple palestinien ont beaucoup subi,
et nous sommes parvenus à l’accord d la Mecque, pour former
un gouvernement d’unité nationale qui défende les droits et
les constantes palestiniennes, qui protège le choix
démocratique du peuple palestinien.
"Le peuple
palestinien et son gouvernement font face à des défis
importants, ils affrontent le blocus, ils protègent le
projet national, et au niveau de la vie quotidienne, ils
essaient de stopper l’anarchie sécuritaire", soulignant la
détermination à réussir ces nouveaux défis en s’appuyant sur
l’aide de Dieu. Concernant la lutte contre le blocus, il a
considéré qu’il s’agissait d’une mission importante pour le
gouvernement, saluant en même temps le rôle des Palestiniens
en Europe à briser ce blocus.
Il a ensuite passé
en revue quelques tâches primordiales du gouvernement,
insistant que la question du retour des réfugiés à leurs
villes et villages ainsi que la question d’al-Quds sont des
questions importantes pour le gouvernement. Il a également
affirmé que la libération des prisonniers reste une
priorité, déclarant que tout doit être fait pour qu’ils
soient libérés et que leurs familles soient protégées.
Il a réaffirmé la
nécessité de protéger la question palestinienne dans ses
dimensions arabe et musulmane, car le peuple palestinien
fait partie de cette nation, et la nécessité de porter les
deux aspects de la lutte, d’une part la libération de
l’occupation et l’autre, la construction de ce que
l’occupation a détruit.
L’archevêque
Atallah Hanna : "Nous ne cèderons pas" La présence de
l’archevêque grec-orthodoxe Atallah Hanna fut saluée
longuement par la foule présente au congrès. "Je suis
heureux d’être parmi vous aujourd’hui, dans ce festival
palestinien, afin d’affirmer ensemble que nous sommes
attachés à la justesse de notre cause, nous sommes attachés
à nos constantes nationales, attachés à al-Quds, capitale de
notre Etat national indépendant, mais également attachés au
droit de retour dont la sacralité n’est pas moindre que
notre droit sur al-Quds".
Il a poursuivi,
saluant toute l’assisrance : "je vous salue au nom de la
ville d’al-Quds, au nom (de la mosquée) d’al-Aqsa et de
l’église du (St Sépulcre), au nom de notre unité nationale
sur la terre de notre patrie, sur laquelle nous résistons à
l’occupation et nous disons des milliers de non, non à
l’occupation, non à la colonisation de notre terre, de notre
Quds et de nos lieux saints". Monseigneur Atallah Hanna a
aussi insisté sur l’importance de la lutte des Palestiniens
de 48, ajoutant : "nous avons récemment célébré la
commémoration de la Nakba, le jour de leur indépendance,
sous le slogan : votre indépendance c’est notre nakba. Des
dizaines de marches ont été organisées, et j’ai moi-même
fait le tour de plusieurs villages détruits en Galilée, pour
prier devant les églises et les mosquées détruites dans ces
villages et rappeler le droit au retour des réfugiés".
Il a rappelé que la
solidarité avec le peuple palestinien est un droit moral et
un devoir humain. "Tous ceux qui se solidarisent avec le
peuple palestinien affirment leur humanité et moralité. Et
tous ceux qui ne se solidarisnt pas avec notre peuple, ou
pire, qui se solidarise avec l’occupation, est dépourvu de
civilisation, de valeurs, de morale". "Nos ennemis veulent
la mort du peuple palestinien, ils veulent liquider la cause
palestinienne, je suis venu pour dire au monde entier que
nous ne cèderons pas, nous ne cèderons pas, nous ne cèderons
pas."
S’adressant aux
congressistes, mais aussi aux journalistes des médias
européens, internationaux ou arabes, il a déclaré : "Je vous
parle aujourd’hui, non en tant que représentant d’une
confession religieuse particulière dans la ville d’al-Quds,
car nous dans al-Quds, que nous soyions musulmans ou
chrétiens, nous appartenons à une seule confession qui
s’appelle le peuple arabe palestinien. Jésus n’est-il pas le
fils de la Palestine ? L’Evangile n’est-il pas un livre
palestinien ? Nous, très chers, nous n’avons pas importé le
christianisme de l’Occident, mais c’est de la Palestine, de
son coeur qui bat, que le christianisme s’est propagé, et la
première église, l’église mère, non seulement se solidarise
avec la question palestinienne, mais la considère comme la
question essentielle". Il a poursuivi : "Il y a une
dimension chrétienne à la question palestinienne, car les
chrétiens font partie intégrante du peuple arabe et du
peuple palestinien, et ceux qui visent la mosquée al-Aqsa
sont les mêmes qui visent les lieux saints chrétiens".
Concernant l’unité
du peuple palestinien, il a déclaré : "Nous sommes ici pour
proclamer au nom de ce peuple que notre peuple palestinien,
à l’intérieur et à l’extérieur, est un seul peuple. Il a
indiqué que "l’histoire des peuples ne se mesure pas en
dizaines d’annés, nous ne sommes pas pressés pour accepter
n’importe quelle solution qui liquide notre cause ou qui
soit injuste", poursuivant : "nous ne voulons pas des
accords ou des traités qui ne redonnent pas le droit
intégral à ses ayants-droits".
Concernant le
gouvernement, il a ajouté : le gouvernement du Hamas n’est
pas descendu du ciel, mais c’est le peuple palestinien qui
l’a élu. Nous respectons la volonté du peuple palestinien",
demandant à respecter le gouvernement et le choix du peuple.
Il a finalement
rassuré les Palestiniens d’Europe, disant : "N’ayez crainte,
nous sommes les porteurs d’une cause juste, même s’ils nous
accusent d’être terroristes. Le vrai terroriste est, en
réalité, celui qui pratique l’occupation, l’agression, les
violations des droits du peuple palestinien et qui agresse
ses lieux saints."
Il a exprimé son
espoir dans la capacité de réaliser la victoire et la
liberté, disant : "Si Dieu le veut, nous lèverons les
bannières palestiniennes sur les minarets et les clochers d’al-Quds,
que les autres le veuillent ou pas ! et si Dieu le veut, le
retour se réalisera et nous célèbrerons ce moment dans la
ville d’al-Quds !"
10 mai 2007 - Traduit et diffusé par CIREPAL : Centre
d’Information sur la Résistance en Palestine