Le Comité de construction et de planification de Jérusalem a approuvé les plans pour établir trois nouvelles colonies juives le lendemain même de la publication par la Banque Mondiale d’un rapport critique sur les politiques de bouclage de la Cisjordanie par Israël.

Les officiels palestiniens déclarent que les nouvelles enclaves créeront une continuité entre les colonies juives depuis le secteur oriental de la ville jusqu’à deux blocs de colonies en Cisjordanie occupée.

Jad Ishaq, directeur de l’Institut de Recherche Appliquée de Jérusalem, a déclaré à Al Jazeera que les colonies comprendront 20 000 unités de nouveaux logements pour une capacité de 90 000 nouveaux colons.

On s’attend à ce que cela fasse grimper à 570 000 le nombre de colons vivant illégalement sur la terre palestinienne en Cisjordanie, ce qui représentera 10 pour cent de la population israélienne, ajoute Ishaq.

Politique de faits accomplis

« Israël essaye de répliquer à l’initiative palestinienne pour la paix en créant des faits accomplis sur le terrain et en vidant Jérusalem de son caractère arabe, » a-t-il encore déclaré.

Un conseiller juridique auprès du gouvernement palestinien, parlant sous couvert de l’anonymat, a estimé que « l’annonce prouve qu’Israël pense ... pouvoir prendre autant qu’il veut, quand il veut, et que personne ne réagira ni ne fera quoi que ce soit ».

Les colonies israéliennes, y compris celles situées dans la partie arabe de Jérusalem, sont considérées comme illégales au regard du droit international.

Saeb Erekat, le négociateur palestinien en chef, a déclaré de son côté : « Aujourd’hui, l’occupant n’a aucune pudeur. Aujourd’hui il est évident qu’Israël veut Jérusalem pour seulement une partie des habitants de Jérusalem.

Nouvelles colonies

« Un jour Israël démolit une maison et un centre pour les enfants handicapés ; le jour suivant il approuve des plans pour trois colonies ultra-orthodoxes illégales à Jérusalem-est, mettant en question la viabilité même des communautés historiques de Jérusalem, Palestiniens chrétiens et musulmans. »

Mercredi, les forces israéliennes ont démoli une maison pour enfants handicapés dans le quartier préiphérique de Wadi Joz à Jérusalem-est.

La police israélienne des frontières a expulsé par la force à l’aube le personnel soignant et les enfants, selon le Comité Israélien Contre les Démolitions de Maisons.

Les fonctionnaires israéliens ont déclaré que le centre ne diposait pas d’un permis approprié.

Rapport de la Banque Mondiale

La démolition a coïncidé avec la publication d’un rapport de Banque Mondiale constatant que les Palestiniens à Jérusalem-est ont d’énormes difficultés pour obtenir des permis de construire de la part des autorités israéliennes.

Le rapport a également indiqué qu’un nombre disproportionné de démolitions s’est produit à Jérusalem-est, malgré le fait que la plupart des irrégularités ont lieu à Jérusalem-ouest.

« Quatre-vingts pour cent des irrégularités dans la construction [enregistrées à Jérusalem] ont été enregistrées à Jérusalem-ouest [tandis que] 80 pour cent des ordres de démolition recensés concernaient des bâtiments dans la partie palestinienne de Jérusalem, » indique le rapport.

Le rapport met en évidence le fait que la politique israélienne de bouclage a eu comme conséquence la fragmentation de la Cisjordanie en une série de cantons qui sont complètement déconnectés les uns des autres.

« En termes économiques, les restrictions ont créé un niveau d’incertitude et d’inefficacité qui a rendu la gestion normale des affaires extrêmement difficile et a donc étouffé la croissance et l’investissement nécessaires pour alimenter la relance économique, » ajoute le rapport.

Le conseiller juridique auprès du gouvernement palestinien a déclaré également que le rapport de Banque Mondiale n’apportait rien de nouveau.

« Nous avons expliqué cela pendant des années. Nous souhaitons juste que le monde se réveille, ne se contente pas d’écouter mais fasse réellement quelque chose. Nous sommes dans une situation où chaque état européen viole actuellement ses propres lois en commerçant avec des colonies israéliennes.

« S’ils sont sérieux au sujet de la solution à deux états, c’est le moment pour eux d’abandonner la simple rhétorique et de faire quelque chose. »

En attendant, selon la presse israélienne, la construction des trois nouvelles colonies affectera le secteur E-1 à l’est de Jérusalem, en dépit des promesses répétées par le gouvernement israélien aux Etats-Unis qu’il n’y aurait ni nouvelle extension ni nouvelle construction dans ce secteur.

Cette zone, connue sous le nom de « zone métropolitaine de Jérusalem-est » et qui s’étend de Ramallah au nord jusqu’à Bethlehem au sud, héberge historiquement 30 à 40 % de l’économie palestinienne (en combinant la Cisjordanie et la bande de Gaza).

En réduisant en fragments cette zone et en la coupant de Jérusalem-est et du reste de la Cisjordanie, indique Saeb Erekat, « le mur installé dans le secteur de Jérusalem et les colonies signifient aucun état palestinien viable, aucune capitale palestinienne à Jérusalem-est, et ainsi aucune solution impliquant deux états ».

Le quotidien israélien Haaretz, citant une source anonyme venant du gouvernement, informe que des fonctionnaires considèrent que ce plan est « problématique » car sensible politiquement.

Consultez le blog de Laila Al Haddad

11 mai 2007 - Al Jazeera.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/NR/exeres/92ED9BE3-199A-43CC-9845-5DE4FF19E593.htm

Traduction : Claude Zurbach