L'ONU ne voit plus d'État palestinien viable Publié le 02 juin 2007 De notre correspondant à Jérusalem À l'occasion du 40e anniversaire de la conquête des Territoires palestiniens par Israël, l'Office de coordination de l'ONU pour les affaires humanitaires (Ocha) publie un rapport mettant en doute la possibilité d'une solution à deux États. QUARANTE ans d'occupation des Territoires
palestiniens ont-ils eu raison de la perspective de deux États
vivants côte à côte, en paix, au Proche-Orient ? L'ONU juge
impossible l'émergence d'un État palestinien viable en l'état
actuel des choses. Selon un rapport de l'Ocha, l'Agence de
coordination humanitaire des Nations unies, à paraître la
semaine prochaine, les colonies construites par Israël en
Cisjordanie, les restrictions de circulation imposées aux
Palestiniens qu'elles engendrent et la présence de zones
militaires ont totalement morcelé la Cisjordanie. Présentées d'abord comme un impératif
sécuritaire, puis comme une arme de négociation par l'ancien
premier ministre Ariel Sharon, les colonies ont en réalité
conduit à l'engloutissement de la Cisjordanie par Israël. Le
rapport de l'Ocha note qu'un accord israélo-palestinien pourrait
en théorie permettre encore de démanteler des colonies en
Cisjordanie, comme ce fut le cas dans la bande de Gaza, évacuée
par l'armée et les colons en 2005. Mais l'échelle n'est pas du
tout la même. « Le nombre de colons en Cisjordanie continue
de croître au rythme de 5,5 % par an, alors que 450 000 colons y
habitent déjà », souligne le rapport. La croissance de la population israélienne
dans les Territoires est trois fois supérieure au développement
de la population au sein de l'État hébreu. L'Ocha rappelle que
les colonies sont illégales au regard du droit international. Les Territoires palestiniens comptent 161
colonies juives et 96 implantations sauvages. Des barrages
interdisent l'accès des Palestiniens aux routes qui desservent
les colonies. Celles-ci se sont transformées en des corridors,
réservés aux colons et reliant les implantations au territoire
israélien. « Les Palestiniens sont désormais obligés de se
déplacer d'une enclave à l'autre en utilisant un réseau de
barrages militaires, de routes et de tunnels qui leur sont
réservés », relève le document. Les autorités israéliennes
peuvent fermer ces points d'accès à volonté. Cela compromet la
contiguïté territoriale de l'État palestinien, prévue dans la
feuille de route, le dernier plan de paix international resté
lettre morte. La feuille de route est caduque Si l'on additionne les zones militaires
israéliennes, les colonies, les réserves naturelles, les routes
et les terres grignotées par la construction de la barrière de
séparation israélienne, il ne reste pas plus de 60 % de la
Cisjordanie aux Palestiniens, selon les calculs de l'Ocha. De
surcroît, celle-ci est morcelée en neuf poches. « Le
développement des colonies et des infrastructures israéliennes
empêche le développement d'une économie palestinienne
jusqu'alors dynamique en Cisjordanie », écrit l'Ocha. Et pourtant, les chancelleries occidentales continuent de défendre l'application d'une feuille de route devenue caduque. Israël n'évoque ce document que pour rappeler les obligations sécuritaires palestiniennes qu'il stipule. Un sondage publié récemment en Israël montre que cette année, pour la première fois depuis les accords d'autonomie conclus à Oslo en 1993, une majorité d'Israéliens ne croit plus au principe de la terre contre la paix, permettant la création d'un État palestinien viable. « Si la situation actuelle perdure, déplore David Shearer, directeur de l'Ocha dans les Territoires palestiniens, toute tentative de créer un État palestinien aboutira à la naissance d'un État croupion voué à l'échec ». P. S.-.P |