5 juin 2007 7 - PROCHE-ORIENT (Avez-vous des commentaires sur le rapport d'Amnesty International sur la situation dans les Territoires palestiniens ? La situation est catastrophique. Le Liban est confronté à des groupes extrémistes. Pour les Palestiniens, la situation est encore plus difficile. Quels commentaires cela vous inspire-t-il ?) Sur ce rapport précis, je n'ai pas de commentaire particulier. Il y a plusieurs rapports qui vont dans le même sens et qui montrent, en effet, que la situation à Gaza et dans les Territoires est très préoccupante, que ce soit d'un point de vue humanitaire ou d'un point de vue économique et politique. Nous partageons tout à fait ces préoccupations, mais la question n'est pas de savoir quel est le constat car, malheureusement, le constat nous le connaissons, mais est plutôt de savoir ce que nous pouvons faire, ce que la communauté internationale peut faire. Cela renvoie notamment à la question de la reprise de l'aide directe aux Palestiniens, des gestes que nous attendons d'Israël, notamment sur la restitution des fonds qui ont été gelés, sur la levée des obstacles à la circulation des personnes et des marchandises. Nous retombons toujours sur ces sujets sur lesquels nous sommes très mobilisés. Il nous faut continuer de travailler avec l'Union européenne et avec le Quartet. (Que peut faire l'Occident maintenant que les Palestiniens se retrouvent coincés, soit au Liban, soit dans les Territoires où la situation est vraiment catastrophique ?) C'est le type d'initiatives auxquelles je faisais allusion il y a un instant. Au Liban, la situation est un peu différente. Je pense qu'il ne faut pas tout mélanger, surtout avec ce qui se passe actuellement dans le camp de Nahr El-Bared, qui est très spécifique et peu représentatif, fort heureusement, de l'immense majorité de la population palestinienne. Ne mélangeons donc pas forcément ces différents aspects. En tout cas, s'agissant des Territoires palestiniens, c'est ce que je viens de rappeler, c'est ce type d'initiative que nous devons continuer de prendre. (Aujourd'hui, on commémore en Israël et dans le monde la fin de la guerre des Six jours à laquelle a mis fin la résolution 242. Quelle est la position actuelle de la France concernant cette résolution ?) Il y a la résolution 242, mais il y en a d'autres comme vous savez. De façon générale, il est vrai que nous commémorons le quarantième anniversaire de cette guerre des six jours. Le conflit israélo-palestinien, on le sait, est l'un des conflits les plus anciens de la planète, malheureusement, et probablement l'un des plus difficiles à résoudre. Nous sommes toujours animés par la même conviction qui est que nous ne pouvons obtenir de paix juste et durable qu'en reconnaissant aux Palestiniens leur droit à édifier un Etat viable, tout en garantissant bien sûr à Israël sa pleine sécurité. Nous allons continuer de travailler en ce sens, animés par cette conviction. Nous avons systématiquement condamné et nous continuerons à condamner l'usage du terrorisme, nous avons condamné et nous continuerons à condamner la poursuite de la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens qui risque de vider de sa substance la perspective de ces deux Etats viables, vivant côte à côte en paix et en sécurité. Nous considérons qu'il y a un désir de paix qui existe de part et d'autres, mais il y a une confiance qui doit être reconstruite. C'est au rétablissement de cette confiance qu'il faut maintenant travailler et nous allons nous y employer avec la communauté internationale, avec l'Union européenne, sans nous substituer aux parties bien sûr, mais pour créer un climat favorable et pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de gestes irréversibles qui soient accomplis et qui préemptent un règlement final. (Mais la
résolution 242 demande le retrait des territoires occupés. La résolution 242 est une résolution des Nations unies et, en tant que telle, continue à être valable. Il existe un ensemble de résolutions qui existent et qui restent valables, bien sûr. (Pouvez-vous confirmer que le chef de l'Autorité palestinienne va venir en France le 18 juin prochain ?) Je n'ai pas de confirmation, mais une visite est possible.
8 - LIBAN (Hier, vous avez dit que la France soutenait les efforts de l'armée libanaise pour étendre son autorité sur l'ensemble du territoire national. Après ce qui vient de se produire à Ain El Heloué et Nahr El-Bared, quelle forme concrète pourrait prendre ce soutien ?) Le ministre s'est exprimé durant son voyage au Liban. En réalité, ce soutien peut prendre deux formes. D'une part, une forme politique : nous soutenons l'armée libanaise qui est l'armée qui agit au nom des autorités légitimes du Liban pour rétablir l'ordre et l'autorité de l'Etat, notamment dans ce camp de Nahr El-Bared. J'observe d'ailleurs que cette action est très largement soutenue, y compris par de nombreux pays arabes et par de nombreux Palestiniens. Par ailleurs, comme nous l'avons indiqué, il y a aussi une forme de coopération militaire déjà assez ancienne avec l'armée libanaise. Récemment, en effet, nous avons eu un certain nombre de demandes faites par les autorités libanaises, auxquelles nous avons décidé de donner suite, essentiellement pour la fourniture de munitions et d'équipements légers. (Est-ce que ça continue ?) S'il y a de nouvelles demandes, nous les examinerons, mais nous sommes prêts à donner suite aux demandes présentées par le Liban. (Pourriez-vous entrer dans le détail de ces fournitures ?) Je ne souhaite pas être trop spécifique. Je vous parle de munitions et d'équipements légers. Je ne préciserai pas leur calibre. (Quelle est votre analyse de la situation à Nahr El-Bared ? Qui est derrière tout cela ?) Je n'ai pas d'analyse particulière. Il y a manifestement un groupe qui s'appelle Fatah al-Islam et qui est un groupe de nature terroriste. Les autorités libanaises ont décidé de rétablir l'ordre, elles sont sur le territoire libanais et nous les soutenons dans leur action. Mais ne comptez pas sur moi pour vous dire d'où vient ce groupe et quels sont ses liens éventuels avec l'extérieur. Il existe un certain nombre de spéculations, mais ce n'est pas à moi de me prononcer à ce sujet. (Et à propos de l'attentat d'hier ?) S'agissant de l'attentat d'hier, nous condamnons bien évidemment avec la plus grande fermeté ce nouvel attentat aveugle qui a fait de nombreux blessés et qui a occasionné d'importants dégâts matériels. Nous exprimons une nouvelle fois notre solidarité avec les Libanais en les appelant à rester unis et à ne pas baisser les bras face aux tentatives de déstabilisation de leur pays, car c'est malheureusement un attentat qui s'ajoute à bien d'autres. Commentaire de l'AFPS 59-62 Les silences sont aussi importants que ce qui est dit. A noter l'absence d'initiative propre de la diplomatie française concernant la Palestine, y compris pour le rétablissement de l'aide européenne à l'autorité palestinienne, comme la banalisation de la résolution 242 de l'ONU, alors qu'il s'agit d'un texte fondamental. Le "risque de vider" à propos de la colonisation et de la possibilité de deux états comme le silence sur le mur et Jérusalem sont éloquents, comme l'évocation d'une menace terroriste, au lendemain des raids comme des enlèvements menés par l'Etat israélien. Par contre, initiative politique forte sur le Liban, avec y compris des conséquences en matière d'armement. |