Proche-Orient : les Etats-Unis mis en cause dans un rapport de l'ONU LEMONDE.FR le 13.06.07 Alors que les combats entre factions palestiniennes font rage à Gaza, le Péruvien Alvaro de Soto, l'ancien coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, éreinte les Etats-Unis, dans un rapport confidentiel, pour leur soutien à Israël, rapporte, mercredi 13 juin, le Guardian. Pour lui, cette approche a entravé les efforts pour un accord avec les Palestiniens. Le quotidien britannique cite un texte rédigé par Alvaro de Soto intitulé "Rapport de fin de mission", daté du 5 mai. Dans ce rapport, mis en ligne sur le site du quotidien britannique, l'émissaire de l'ONU critique les autres acteurs du processus de paix à des degrés divers, notamment sa propre organisation. Après la victoire, en janvier 2006, des radicaux du Hamas aux élections législatives palestiniennes, "les Etats-Unis nous ont dit ne pas vouloir 'brouiller' la ligne séparant le Hamas des forces politiques palestiniennes engagées dans la solution de deux Etats", écrit M. de Soto, selon le quotidien.
L'ATTITUDE DES ÉTATS-UNIS ET DU QUARTET MISE EN CAUSE Le diplomate péruvien regrette également que les Etats-Unis aient soutenu la décision d'Israël de geler la restitution des recettes fiscales collectées au nom de l'Autorité palestinienne. "Le Quartet s'est vu interdire de se prononcer sur le sujet parce que les Etats-Unis, comme ses représentants nous l'ont signifié, ne souhaitent pas qu'Israël transfère ces fonds" à l'Autorité palestinienne, ajoute-t-il. Il estime que le Quartet dans son ensemble a perdu son impartialité sur la question, "d'une manière sans précédent depuis le début de 2007". M. de Soto décrit le gel par la communauté internationale de l'aide directe au gouvernement palestinien depuis mars 2006 "d'au mieux, extrêmement à courte vue", avec des "conséquences dévastatrices" pour les Palestiniens. "Quasiment à tout moment, l'accent est mis sur les bonnes relations avec les Etats-Unis et sur l'amélioration des relations de l'ONU avec Israël", constate-t-il encore. "Il y a un réflexe apparent, dans chaque situation où l'ONU doit prendre position, de se demander d'abord comment Israël ou Washington réagiront, plutôt que se demander quelle est la bonne position à adopter", ajoute-t-il. Il considère aussi que la politique israélienne a seulement encouragé le recours à la violence par les Palestiniens : "Je me demande si les autorités israéliennes réalisent qu'elles récoltent ce qu'elles sèment, et elles encouragent systématiquement le cycle violence-répression au point qu'il se reproduit de lui-même." LES PALESTINIENS PAS ÉPARGNÉS PAR LE RAPPORT Les Palestiniens ne sont pas non plus épargnés. Leur engagement à mettre un terme aux violences est "au mieux imparfait, au pire répréhensible". Une porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déclaré qu'il était "profondément regrettable" que ce rapport ait été publié dans la presse, et précisé que "les points de vue contenus dans l'analyse ne devraient pas être considérés comme la politique officielle de l'ONU". Le 15 mai, le Britannique Michael William a succédé à Alvaro de Soto. M. Williams était membre de l'équipe des conseillers spéciaux du secrétaire général, chargé du Proche-Orient, poste où il avait été nommé en 2006 par le prédécesseur de M. Ban, Kofi Annan.
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