Entretien avec Adel Samara * par Julien Salingue et Amélie Boiteux www.palestine-solidarite.org/analyses.Julien_Salingue.000807.htm Août 2007
Que s’est-il passé en
juin dernier à Gaza ? Dans les pays occidentaux, l’ « analyse »
dominante consiste à affirmer que le Hamas a orchestré un coup d’Etat.
Cependant il nous semble étrange d’imaginer un gouvernement
légitime organisant un coup d’Etat contre lui-même…
S’il y a eu un coup d’Etat,
il a commencé il y a 16 ou 18 mois, juste après la victoire
électorale du Hamas. C’est à ce moment-là que le coup d’Etat a
débuté, graduellement mais également de manière globale. C’est un
coup d’Etat global, contre le Hamas, contre les élections, et même
contre la soi-disant démocratie qui a en fait été imposée par
ceux-là même qui ont engagé le coup d’Etat, les Etats-Unis et les
autres pays impérialistes.
Tout a commencé lorsqu’ils
ont décidé de transférer l’argent à Abbas et non au Hamas. Or, dès
lors que le Hamas avait mis en place un gouvernement, ce sont eux
qui auraient dû recevoir les fonds. Ils ont gagné les élections,
ils sont le gouvernement. C’est à ce moment que le Hamas a
commencé à commettre des erreurs. Je me souviens que le Ministre
des Finances du Hamas a déclaré à l’époque qu’ils avaient
confiance en Abu Mazen et qu’ils n’étaient pas contre l’idée que
ce soit lui qui reçoive l’argent, ce qui a été une décision
vraiment stupide. Si le Hamas avait décidé dès le début de dire
que ce n’était pas Abbas qui devait recevoir l’argent, la
confrontation aurait commencé à ce moment-là et des résultats
auraient été produits plus tôt qu’il y a deux mois.
Je pense que l’une des
erreurs du Hamas a été de penser qu’Abu Mazen était différent du
Fatah et du reste du régime. Où sont-ils allés chercher cette
idée ? Je ne sais pas. Peut-être auprès de Dieu, car sur le
terrain, il n’y a aucune raison et aucun fait tangible qui
permette de donner corps à cette idée. Avec le siège financier,
ou, si l’on veut, le « mur financier », la situation s’est
détériorée et les affrontements ont commencé, notamment à Gaza, il
y a plus de six mois. Ces affrontements étaient des affrontements
entre deux parties. Le fait de savoir si la totalité du Fatah ou
seulement une partie du Fatah y a participé importe peu. En effet,
la réalité est qu’il y a eu des affrontements entre deux groupes,
et ce qui s’est passé est ce qui se passe n’importe où dans le
monde dans ce genre de situation : lorsqu’il y a des affrontements
ou une « guerre » entre deux groupes, pour finir l’un des groupes
l’emporte et l’autre est défait. Il n’y a pas eu de coup d’Etat de
la part du Hamas, il y a eu une lutte armée entre deux parties et
c’est le Hamas qui l’a emporté. C’est tout.
En revanche, ce qui
m’inquiète, c’est que le Hamas commette un coup d’Etat social
s’ils n’essaient pas de mettre en place, sur le terrain, un
programme différent de leur « idéologie » et différent de la façon
dont le Fatah a gouverné avant. Ecoutez : le Hamas dit
actuellement qu’ils ne veulent pas participer à des négociations
avec Israël parce qu’ils ne reconnaissent pas l’Etat d’Israël.
Bien. Mais concernant les questions sociales, quel est leur
programme ? Comment comptent-ils gouverner ? Nous sommes
actuellement en discussion avec eux et nous espérons qu’ils vont
répondre à un certain nombre de questions que nous leur avons
posées. Ils doivent partager le pouvoir à Gaza, ils doivent faire
des déclarations quant au statut des femmes, ils devraient dire
aux femmes, par exemple, qu’elles ont le droit de s’habiller comme
elles le souhaitent et que le Hamas n’interférera pas dans les
questions touchant à la vie privée… Ils doivent accomplir des
choses sur le terrain, tout d’abord ramener le calme et ensuite
mettre au défi tous ceux qui disent que le Hamas est al-Qaeda,
qu’ils ne sont que des fondamentalistes réactionnaires. Je pense
que nous devons mettre le Hamas à l’épreuve, et que notre soutien
pour le Hamas ne doit pas être du même type, par exemple, que le
soutien de la gauche égyptienne au régime de Mubarak au motif
qu’ils veulent combattre les Frères Musulmans.
Peut-on aujourd’hui dire
que les territoires palestiniens sont divisés en deux parties sous
la responsabilité de deux gouvernements ?
Il y a effectivement deux
parties : la Cisjordanie et Gaza. Mais il convient de noter que la
Cisjordanie et Gaza n’ont pas été réunies depuis 1948. La Bande de
Gaza et la Cisjordanie sont isolées. Elles sont séparées. Le
régime de Cisjordanie essaie de faire croire que le Hamas a opéré
une scission mais concrètement, sur le terrain, la Palestine était
déjà divisée. Il n’y avait pas un Etat ou un régime. Moralement,
politiquement, il y a un seul peuple. Y sont également inclus les
Palestiniens de Syrie, du Liban ou des Etats-Unis : nous sommes un
peuple. Nous faisons en outre partie des pays arabes, de la nation
arabe en général. Mais concrètement Oslo n’a pas donné naissance à
un pays. C’est pourquoi tous ceux qui insistent sur ce point sont
en fait des menteurs.
Une autre chose que je tiens
à souligner est le fait que le Hamas ne s’est pas approprié Gaza
tandis que le régime de Ramallah est la propriété des Etats-Unis,
d’Israël et des régimes arabes. C’est ce qui explique que la
partie qui s’oppose aux négociations entre Fatah et Hamas est le
régime de Cisjordanie. En effet les Etats-Uniens et les Israéliens
s’opposent à toute forme de réunification entre les deux parties,
au moins sur le plan politique. Selon moi, c’est parce que les
Etats-Unis se préparent à une bataille d’ampleur dans la région et
que dans cette perspective les divisions entre les Palestiniens
les arrangent. C’est pourquoi je pense que rien de bon ne va se
produire dans le futur proche.
Certains affirment que
des incidents opposant Hamas et Fatah se multiplient en
Cisjordanie…
Vous savez, je vis ici et je
n’ai guère entendu ou vu de réels affrontements entre le Hamas et
l’Autorité palestinienne, ici en Cisjordanie. Pour moi, lorsque
l’Autorité palestinienne parle de la multiplication des incidents
en Cisjordanie, cela fait écho à ce que George Bush fait aux
Etats-Unis, lorsqu’il affirme aux citoyens états-uniens que le
terrorisme est à la porte du pays et que tout le peuple des
Etats-Unis doit être prêt à se battre contre le terrorisme… C’est
la même chose qui se passe ici. L’Autorité palestinienne essaie de
faire croire aux gens que c’est parce qu’elle est en état d’alerte
que le Hamas n’a pas réussi à faire un coup d’Etat en Cisjordanie.
C’est une façon de manipuler l’opinion. Vous pouvez voir, partout
dans Ramallah, un important déploiement de policiers, de soldats…
comme si les avions du Hamas étaient en route vers le Quartier
Général d’Abbas… Ils essaient de mettre dans la tête des gens
l’idée selon laquelle le Hamas prépare quelque chose. Mais même si
le Hamas était en mesure de tenter quoi que ce soit, je doute
qu’ils le feraient, parce qu’ici nous sommes sous occupation
israélienne, et je n’imagine pas que le Hamas soit stupide au
point de s’en prendre à l’Autorité ici à Ramallah, à Naplouse ou
ailleurs en Cisjordanie… Dans quel but ? Pour être ceux qui
dirigent Ramallah sous occupation israélienne ?
Même si seulement très
peu de gens pensent que le gouvernement Fayyad est légitime, il
semble également, au moins en Cisjordanie, que très peu de gens
affirment soutenir le Hamas. D’après vous, pourquoi ?
Je pense que les deux
parties ont eu recours à des pratiques peu reluisantes : meurtres,
arrestations, torture… Je crois qu’en fait, les directions des
deux mouvements sont du même type : des directions bourgeoises
bureaucratiques, au Fatah comme au Hamas. Et dans le même temps,
ceux qui se battent sur le terrain sont également membres de la
même classe : celle des gens pauvres. Les dirigeants des deux
parties ont insufflé à leur base un état d’esprit fasciste, ce qui
explique en grande partie les pratiques peu reluisantes que je
viens d’évoquer. Tout cela est très dangereux
pour le peuple palestinien.
Concernant les sentiments
des gens « ordinaires », pour autant que je le sache, nombre
d’entre eux disent que ce qui s’est passé [à Gaza] est une bonne
leçon pour l’ancien régime [le régime d’Abu Mazen], afin que les
dirigeants comprennent que ce pays n’est pas leur propriété
privée… Beaucoup de gens pensent que l’ancien régime n’a pas
compris le premier choc, les élections de 2006, et qu’il fallait
un deuxième choc, qui s’est produit à Gaza. Et certains pensent
qu’il faudra peut-être encore un autre choc.
Mais les médias en font
beaucoup contre le Hamas : je parle des médias palestiniens,
contrôlés par le régime de Ramallah, des médias israéliens, des
médias arabes, des médias occidentaux… Et pour finir ils jouent un
rôle très important. C’est d’ailleurs pour cette raison que je
pense que la seule échappatoire pour le Hamas est de faire des
déclarations et de prendre des mesures montrant qu’ils ne sont pas
ce qu’ils sont accusés d’être. Si le Hamas n’en fait rien, cela
signifiera qu’au moins une partie de ce que les autres disent est
vrai et que le Hamas essaie d’imposer son idéologie dans la
société, ce qui serait dangereux. C’est pourquoi je pense que nous
ne devons pas soutenir le Hamas aveuglément : en dernière
instance, c’est une question politique. Ils doivent dire et faire
des choses dans l’intérêt des gens, ainsi nous aurons
l’opportunité de dire « Le Hamas a raison de faire ceci et tort de
faire cela ».
Le Hamas a-t-il une
stratégie définie pour les mois à venir ?
En théorie, dans la mesure
où nous parlons d’un parti politique, lié aux Frères Musulmans qui
existent depuis près de cent ans, ils devraient avoir une
stratégie, ou au moins de l’imagination politique. Mais jusqu’à
maintenant il ne semble pas qu’ils aient une vraie stratégie.
C’est pourquoi nous espérons entendre ou lire quelque chose
émanant du Hamas dans un futur proche. Quel est leur plan ?
Qu’envisagent-ils de faire ? Sur quoi travaillent-ils ? Ils ne
peuvent pas se contenter d’attendre de voir ce que va faire le
Fatah dans les mois qui viennent. Ils doivent avoir leur propre
plan, leur propre stratégie, leur propre politique… Ils devront
peut-être la développer, l’amender, la changer, répondre aux défis
que leur lance l’autre partie. Mais ils doivent au moins avoir
quelque chose d’élémentaire.
Mais jusqu’à maintenant, ils
ne disent rien. C’est très étrange et même dangereux pour eux dans
la mesure où le temps joue contre eux. Et même s’ils commencent à
faire des déclarations du type : « Nous sommes un mouvement de
résistance, nous sommes contre l’occupation, nous sommes contre
les Etats-Unis et le camp impérialiste… » cela ne sera pas
suffisant. On ne peut pas seulement être des combattants. Etre
seulement des combattants ne signifie en fait rien. OK, vous êtes
des combattants, vous luttez, mais il y a une société, il y a des
relations sociales, il y a donc des questions sociales, il y a la
question de la situation des femmes, il y a le problème de savoir
qui gouverne dans la bande de Gaza… Il y a tant de questions
touchant à la vie quotidienne à propos desquelles ils doivent
expliquer quel est leur projet politique.
Certains membres de la
direction du Fatah affirment que seule une minorité du Fatah a été
impliquée dans les affrontements à Gaza. Cette opinion, même si
elle n’est pas vrai, semble indiquer qu’il y a de plus en plus de
conflits et de contradictions à l’intérieur même du Fatah.
Beaucoup de gens du régime
de Ramallah affirment que seule une minorité du Fatah a participé
aux affrontements. Je ne crois pas que cela soit vrai. Mais si
c’est le cas, que fait donc la majorité du Fatah à Gaza ? Pourquoi
ne déclarent-ils rien quant aux affrontements ? Pourquoi ne
disent-ils pas « OK, nous sommes prêts à travailler avec le Hamas,
à mettre en place une coalition à Gaza » ? En effet, dans ce cas,
ils communiqueraient leurs véritables positions et cela ne
signifierait pas qu’ils trahissent le Fatah. Au contraire, s’ils
faisaient des déclarations et agissaient dans ce sens, ils
serviraient le pays, la cause et le parti.
Il y a beaucoup de
contradictions à l’intérieur du Fatah, dues au fait qu’ils ont
exercé le pouvoir pendant 15 ans. 15 ans de corruption, 15 ans de
répression… ont engendré de multiples contradictions et divisions
à l’intérieur du Fatah. Beaucoup de gens sont corrompus, la
corruption a donné naissance à de multiples groupes d’intérêts,
beaucoup disent qu’ils font partie du groupe de tel ou tel leader…
Je pense en fait que les bailleurs de fonds, que ce soient les
pays arabes ou occidentaux, ont essayé et ont réussi à créer des
contradictions à l’intérieur du Fatah, à démoraliser et
dépolitiser les gens du Fatah. Mais la plupart des donneurs
n’avaient pas prévu que les autres groupes, au premier rang
desquels les Frères Musulmans, tireraient les marrons du feu et se
développeraient aussi rapidement. Ils ont malgré tout réussi dans
leur entreprise de démoralisation et de dépolitisation de nombreux
membres du Fatah, qui sont devenus des seigneurs et ont arrêté de
se battre. Et nombre de leurs serviteurs ne se battront pas pour
les intérêts de leur seigneur parce qu’ils ne se battront pas pour
des gens corrompus. Les bailleurs de fonds ont permis et même
encouragé ce processus : ces gens ont volé sous les yeux des
bailleurs de fonds et les bailleurs de fonds ont donné leur
assentiment.
Le gouvernement Fayyad a
l’air de mettre un point d’honneur à affirmer que le mot
“résistance” a disparu de la plate-forme de l’Autorité
palestinienne.
C’est un très beau cadeau
offert au Hamas. Tant que le régime ici affirmera qu’il est contre
la résistance et que l’on doit abandonner la lutte, cela
mobilisera indirectement les gens derrière le Hamas. Salam Fayyad
a déclaré ouvertement, au Caire et dans certains journaux, qu’il
était opposé à toute forme de lutte armée et même que depuis 1948
le pire produit de la lutte palestinienne était la lutte armée.
Salam Fayyad est l’enfant du FMI et de la Banque Mondiale,
l’enfant des bailleurs de fonds et des institutions financières
internationales, il n’y a donc rien d’étonnant au fait qu’il soit
contre toute forme de lutte armée. Mais, tant qu’il parle au nom
du gouvernement, de l’Autorité palestinienne, il n’est pas supposé
exprimer ses propres opinions… Il représente le gouvernement, le
régime : en dernière instance, ses déclarations affecteront
négativement l’OLP dans son ensemble.
Et que fait la gauche ?
La gauche n’est plus que
l’ombre d’elle-même. Ce n’est plus que le reste de quelque chose
qui a existé. Les organisations de gauche soutiennent désormais
Abbas, ouvertement. Je peux comprendre qu’elles ne veuillent pas
être aux côtés du Hamas, car ils sont opposés au fondamentalisme.
Mais l’OLP ? Qu’est donc cette OLP qu’ils essaient de soutenir et
dont ils exagèrent l’importance ? L’OLP n’est rien. L’OLP n’est
qu’un comité utilisé par Abbas quand il veut combattre le Hamas ou
quand il veut légitimer telle ou telle décision… Comme je viens de
le dire, les organisations de gauche soutiennent désormais
ouvertement le régime de Cisjordanie. Or il est très clair pour
les gens que ce régime n’inspire rien de bon… Mais la gauche a
choisi de se compromettre avec le régime parce que les leaders de
ces organisations sont financés par le régime, qui lui-même est
financé par les bailleurs de fonds. En dernière instance la gauche
est intégrée à ce montage capitaliste. Le sont-ils de manière
directe ou indirecte ? Sont-ils d’accord ? En ont-ils conscience ?
Cela ne change rien car au final les faits sont là.
Tout cela par les canaux
de l’OLP…
Bien sûr. Vous savez,
maintenant ils essaient de mettre en place un « camp de l’OLP ».
Mais le problème n’est pas l’OLP ! Le problème est de savoir qui
est dans le camp de la Palestine. Le problème est de savoir qui
est dans le camp de la résistance. Le problème est de savoir qui
est dans le camp de la société. Si vous êtes vraiment de gauche,
vous devez lutter pour les intérêts de la société, pour les
intérêts des plus pauvres, pour reconstruire la société, pour
combattre la corruption… Il y a tant de choses à faire quand on
est de gauche, même quand on ne veut pas participer à la lutte
politique ou à la lutte armée. On peut au moins se préoccuper des
besoins élémentaires des gens… Une des principales motivations des
gens qui ont voté pour le Hamas était de dénoncer corruption : que
fait la gauche pour lutter contre la corruption ? Pour être de
gauche, il ne suffit pas de porter un tee-shirt sur lequel est
écrit « je suis de gauche »…
Certains militants de
gauche, et aussi certains militants du Fatah, ont choisi de se
concentrer sur les questions sociales ou culturelles. Quand on
discute avec eux, certains affirment que l’on doit séparer ce type
d’activités des questions politiques, et notamment du conflit
entre Fatah et Hamas. Que pensez-vous de ce type de
positionnement ?
Je pense que la chose la
plus importante à dire à ce sujet est que personne ne peut
désintégrer ces questions, les séparer l’une de l’autre. Elles ne
devraient pas être séparées et je pense même qu’il est impossible
de les séparer. Quand des gens disent qu’ils veulent se concentrer
seulement sur les questions sociales, ou seulement sur les
questions économiques, tandis que d’autres doivent se concentrer
sur les questions politiques ou culturelles… au final ces gens
soutiennent le régime en place. Etre neutre, quelle que soit la
situation politique, signifie, en dernière instance, soutenir le
courant dominant. La question de savoir si la démarche est
volontaire ou non importe peu. Si vous êtes neutres, vous soutenez
le régime en place. C’est pourquoi je pense que la plupart des
gens qui tiennent ce genre de propos sont liés au régime ou
soutiennent le courant dominant. Ou alors ils défendent leurs
intérêts propres. Ces gens peuvent être corrompus, ils peuvent
être à la recherche de toujours plus de dons pour construire des
bâtiments toujours plus grands ou même parfois pour détourner une
partie de l’argent. Les questions sociales, économiques,
culturelles et politiques se combinent, nous devons donc critiquer
ceux qui tentent de les séparer et nous devons expliquer qu’elles
sont imbriquées et inséparables.
Quelles seraient les
principales tâches d’un courant politique qui entreprendrait de
reconstruire la résistance ?
Les choses sont relativement
simples. Tout d’abord, nous devons poursuivre la résistance. Car
si elle cesse, les gens perdront l’esprit même de la résistance.
Ensuite, nous devons mener la lutte sur le terrain social,
reconstruire les structures de la société palestinienne, nous
battre pour les droits des femmes, qui sont la moitié de la
société et qui doivent être soutenues. Enfin, les champs culturels
et politiques sont essentiels.
Ce sont des mots simples. Le travail à accomplir l’est beaucoup moins. Traduit de l'anglais par J.S.
Adel Samara
est un économiste et écrivain palestinien. Il vit à Ramallah. Il
est journaliste au quotidien AlarabOnline et directeur du Centre
oriental pour les études culturelles. Il dirige également la revue
palestinienne trimestrielle Kana’an. Il a publié de nombreux
livres traitant de la question palestinienne, malheureusement pas
traduits en Français à ce jour. En novembre 1999, il fut l’un des
20 signataires d’un appel dénonçant la corruption, le manque de
démocratie et les trahisons de l’Autorité Palestinienne. Cela lui
a valu d’être arrêté par la police palestinienne à l’époque.
Voir aussi un entretien d'août 2006
recueilli à Ramallah et publié le jeudi 5 octobre 2006
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