C’est une grande et belle figure de l’histoire de la Palestine qui s’est évanouie mardi avec la mort du Dr Haïdar Abdel Chafi. L’homme qui fut la personnalité la plus populaire du pays est décédé à quatre-vingt-huit ans dans la ville de Gaza qui l’avait vu naître, vivre et lutter. Il ne l’avait quittée que pour ses études de médecine, à l’Université américaine de Beyrouth, puis lorsqu’il fut expulsé manu militari pour ses activités de résistance à l’occupation israélienne, après 1967. Politiquement et socialement très engagé, il avait été, dès 1962, président du premier Conseil législatif palestinien, avait participé à la création de l’OLP en 1964 et à tous ses combats.

Ce médecin du peuple, fondateur du Secours médical palestinien, devint mondialement célèbre lorsqu’il fut chargé de diriger la délégation palestinienne à la conférence de Madrid, à l’automne 1991, puis aux négociations bilatérales de Washington. Elles s’interrompirent brutalement avec l’annonce de l’accord d’Oslo, négocié en secret par Yasser Arafat et Yitzhak Rabin. Haïdar Abdel Chafi ne devait jamais pardonner au président de l’OLP de l’avoir ainsi « doublé ». Très critique à l’égard d’accords dont il pensait qu’ils étaient voués à l’échec car ils permettaient la poursuite de l’occupation et de la colonisation, il fut député. Opposé à la militarisation de la deuxième Intifada, il avait fondé un nouveau parti de gauche avec le docteur Mustapha Barghouti. Mais, pour les Palestiniens comme pour ses amis, il était avant tout l’homme intègre et le grand résistant, le docteur au grand coeur dont le sourire radieux redonnait espoir au plus profond du désespoir.

F.-G. R.