International - Article paru le 12 octobre 2007 Le Hamas se dit prêt à dialoguer avec le FatahPalestine L’ex-premier ministre, Ismaïl Haniyeh, laisse entendre qu’il pourrait renoncer au contrôle de Gaza et évoque une reprise des contacts avec le Fatah, lequel cependant ne confirme pas. Alors que la situation semblait bloquée ces dernières semaines entre les deux principales organisations palestiniennes, le Hamas vient d’annoncer qu’il engagera des discussions en vue d’une récon- - ciliation avec le Fatah du président Mahmoud Abbas, et laisse entendre qu’il pourrait être prêt à renoncer à terme au contrôle qu’il exerce depuis la mi-juin sur la bande de Gaza. « Il y a un fort courant en faveur d’un dialogue palestinien et nous avons accepté d’engager un dialogue avec le Fatah dans l’une des capitales arabes », a ainsi déclaré Ismaïl Haniyeh, qui a été premier ministre de l’ancien gouvernement palestinien, dissous par Abbas après la prise de contrôle de la bande de Gaza par les forces islamistes en juin. Il a même précisé sur un site Internet proche de son organisation : « Notre administration, à Gaza, est temporaire. » Il affirme également que les discussions se tiendront après l’Aïd el Fitr, fête musulmane qui marque la fin du Ramadan et qui tombe, cette année, vendredi et samedi. Si un responsable palestinien, impliqué dans les efforts de médiation entre le Hamas et le Fatah, mais affilié à aucune de ces deux organisations, a confirmé qu’une réunion se tiendrait bien la semaine prochaine, sans doute au Caire, en revanche Abdel Rahman, un des porte-parole du Fatah a répondu : « Nous n’avons jamais entendu parler d’un tel dialogue. Le Hamas a voulu créer une fausse atmosphère positive à Gaza pour pouvoir dire qu’il est l’avocat du dialogue et que le Fatah y est hostile. » Discussion sous l’Égide de l’OLP Mais pour Mahmoud Abbas la situation politique se complique sérieusement, à l’approche de la conférence de paix qui devrait se tenir en novembre aux États-Unis. D’abord toute discussion avec Israël en vue d’un accord de paix se fait sous l’égide de l’OLP et non de l’Autorité palestinienne. C’est ce que viennent de réaffirmer les partis de la gauche palestinienne (lire encadré). Affaibli, Abbas n’est aujourd’hui tout simplement pas en mesure de résister aux pressions israéliennes et états-uniennes. Il vient de redire qu’un État palestinien n’était envisageable que dans les frontières de 1967 mais on sait qu’Israël ne veut pas en entendre parler. Tel-Aviv compte d’ailleurs beaucoup sur les divisions palestiniennes (politiques et géographiques) pour faire porter la responsabilité d’un nouvel échec sur les dirigeants palestiniens. C’est pourquoi les Israéliens excluent toute participation du Hamas, car elle nuirait à toute chance de progrès dans les discussions, comme l’a déclaré le porte-parole du premier ministre, Ehud Olmert. Outre-Atlantique, les divergences existant au sein de l’administration sont de plus en plus visibles. D’un côté, emmenés par le vice-président Richard Cheney, se trouvent les plus fervents soutiens à Israël, partisan de la manière forte, de l’autre, autour de Condoleezza Rice, on prône une sorte de dialogue, y compris avec la Syrie. Huit anciens responsables américains de haut niveau, démocrates et républicains, ont exhorté, mercredi, les États-Unis et leurs alliés à engager un dialogue sérieux avec le Hamas à l’approche de la conférence de paix. Parmi eux figurent deux anciens conseillers à la sécurité nationale, Zbigniew Brzezinski et Brent Scowcroft, l’ancienne représentante au Commerce, Carla Hills, l’ancien président de la Fed Paul Volcker ou encore l’ancien ambassadeur aux Nations unies, Thomas Pickering. « Nous pensons qu’un vrai dialogue avec cette organisation est bien préférable à son isolement », écrivent-ils. « Nous savons qu’un état de guerre permanent ne favorisera pas un meilleur avenir pour les Palestiniens », a insisté Brzezinski. Pierre Barbancey |