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International - Article paru le 19 novembre 2007
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Monde

L’État palestinien a besoin d’un calendrier précis

Proche-Orient .

Kouchner affirme que la colonisation est un obstacle à la paix,
mais
n’envisage pas d’action pour le respect du droit international.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, en visite au Proche-Orient, a affirmé au quotidien palestinien Al-Ayyam que « la colonisation est non seulement juridiquement illégale, elle est aussi, politiquement, le principal obstacle à la paix ». Il a ajouté : « Pour avancer vers la paix, Israël doit donc y mettre un terme immédiatement. Rien ne justifie le développement des colonies, ni la croissance (démographique) naturelle ni la sécurité. Au contraire, le développement de la colonisation renforce le sentiment d’injustice et accroît l’insécurité. »

promesses,

jamais tenues

Une déclaration importante si elle est suivie de mesures contraignantes. Malgré les résolutions des Nations unies et les avis de la Cour internationale de justice (CIJ), Tel-Aviv n’a jamais mis un terme à cette politique d’annexion des terres palestiniennes et aucune sanction n’a jamais été envisagée pour l’application du droit international. D’ailleurs, Kouchner a immédiatement mis un bémol à ses propres déclarations en soulignant devant la presse, israélienne cette fois, que la France « ne céderait jamais sur la sécurité » d’Israël et sur son « aspiration (sic) légitime à vivre en paix avec ses voisins aux côtés d’un État palestinien viable ». Selon le Bureau central des statistiques israélien, 267 500 Israéliens vivent dans 121 colonies, un chiffre en augmentation de 5,8 % par rapport à 2006.

Les déclarations du ministre français sont à replacer dans le contexte de la préparation de la conférence d’Annapolis (États-Unis) et de celle de Paris pour les pays donateurs, prévue pour le 17 décembre. Les discussions préparatoires piétinent et la partie palestinienne, qui se disait optimiste, dénonce l’attitude israélienne (voir l’Humanité du 17 novembre). Une situation qui risque de déstabiliser, voire de décrédibiliser le président palestinien, Mahmoud Abbas. Dans ces conditions, il ne pourrait pas justifier devant son peuple sa participation à une conférence qui ne permettrait pas la mise sur pied d’un calendrier précis en vue de la création d’un État palestinien. Abbas a d’ailleurs indiqué à Kouchner qu’il voulait que « cette conférence soit le point de départ de négociations finales, avec un calendrier précis ». Olmert a, de son côté, assuré qu’Annapolis permettrait de « relancer des négociations qui n’ont pas eu lieu au cours des sept dernières années, en présence de dizaines de pays du monde entier ». Pourtant, s’agissant des colonies, Olmert pourrait n’annoncer aujourd’hui qu’un gel partiel, pendant que ses collaborateurs chercheraient un compromis, non pas avec les Palestiniens mais avec les Américains ! Dans le passé, Israël avait fait de telles promesses, jamais tenues, en utilisant des arguties alambiquées qui lui permettaient de poursuivre l’extension de la colonisation, au su et au vu de tout le monde.

Annapolis peut-être le 26 novembre

Alors que ces derniers jours plus personne ne savait si la conférence allait réellement se tenir, on parle maintenant du 26 novembre, dans une semaine, pour reprendre les dossiers les plus importants : Jérusalem, les frontières de l’État palestinien, les réfugiés et l’eau. Bien qu’aucune invitation n’ait été envoyée, devraient y participer les membres du « quartette » (Union européenne, ONU, États-Unis et Russie), ainsi que le comité de suivi de la Ligue arabe. Reste que, pour l’heure, Israéliens et Palestiniens n’attendent pas la même chose de cette réunion. Abbas et Olmert doivent se rencontrer aujourd’hui, pour, dit-on, la dernière fois avant la réunion d’Annapolis. Mais sans réelles pressions, Israël, pays occupant, pourrait bien, une nouvelle fois, se jouer de la communauté internationale et des Palestiniens occupés.

Pierre Barbancey

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