Israël fait de la sécurité la priorité des discussions avec les PalestiniensArticle paru dans l'édition du 04 décembre 2007 http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-985201,0.html Comme il l'avait déjà laissé entendre juste après le sommet d'Annapolis, le 27 novembre, le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, a répété, dimanche 2 décembre, lors du conseil des ministres, que les nouvelles négociations ouvertes avec les Palestiniens ne devaient pas forcément se terminer à la fin 2008, c'est-à-dire au terme du mandat du président américain George Bush.
"Il n'y a pas d'engagement spécifique sur un calendrier", a précisé le chef du gouvernement, soulignant que "le point le plus important de la déclaration commune est que tout accord auquel nous parviendrons dépendra du respect de la mise en application de tous les engagements de "la feuille de route"", le plan de paix international relancé à Annapolis.
M. Olmert a fait remarquer que, parmi toutes les mesures inscrites dans cette "feuille de route", celle concernant la sécurité d'Israël était la plus importante. Ce qui signifie qu'aucun progrès ne pourra être accompli tant qu'il y aura un risque sécuritaire provenant soit de Cisjordanie, soit de la bande de Gaza désormais sous le contrôle des islamistes du Hamas, hostiles à Annapolis, depuis la mi-juin. En d'autres termes, Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, devra reprendre le contrôle de ce territoire pour éviter les tirs quotidiens de roquettes en direction de l'Etat juif. Ce qui, avant longtemps, sera matériellement impossible. A moins que les Israéliens ne lancent une intervention massive pour tenter de contrôler à nouveau ce territoire. Dimanche, le ministre de la défense, Ehoud Barak, a annoncé qu'il avait donné l'autorisation à Tsahal d'"étendre ses opérations" à l'intérieur de l'étroite bande de terre, afin de "pouvoir viser les positions militaires du Hamas". Depuis le 29 novembre, vingt-cinq Palestiniens ont été tués dans des opérations israéliennes. Une semaine après le sommet d'Annapolis, le ton s'est donc considérablement raffermi. Tzipi Livni, ministre des affaires étrangères, a fait remarquer que la déclaration commune, qui a été adoptée d'extrême justesse sous la pression américaine avant le sommet, "ne lie pas les mains d'Israël en ce qui concerne les questions clés". Les autorités israéliennes sont également parvenues à faire retirer, vendredi, un projet de résolution déposé la veille par les Etats-Unis au Conseil de sécurité des Nations unies, qui était destiné à soutenir les résolutions prises à Annapolis. Israël craignait en effet que la caution donnée par l'ONU à ce sommet ait une valeur trop contraignante. Pourtant, Mahmoud Abbas s'était déjà félicité de l'initiative prise par les Etats-Unis, estimant que ce projet de résolution était "une preuve de sérieux de l'administration américaine". Les premiers pourparlers doivent pourtant débuter le 12 décembre. Selon différents sondages, le plus grand scepticisme prévaut tant du côté palestinien que du côté israélien quant à l'issue des négociations. Lundi 3 décembre, Israël a procédé à la libération de 429 détenus palestiniens sur quelque 11 000 prisonniers. Pour le gouvernement israélien, il s'agit d'un geste de bonne volonté après le sommet d'Annapolis. Rendant compte de ce dernier au conseil des ministres, Ehoud Olmert en a souligné le caractère "positif", même si certains de ses alliés, comme le ministre Eli Yishaï, chef du parti ultra-orthodoxe séfarade Shass, a mis l'accent sur "l'inutilité d'Annapolis". Il y a quelques jours, le chef du gouvernement avait insisté sur le fait que "le maintien du statu quo était une catastrophe". "Si nous ne faisons rien, avait-il déclaré au quotidien Yedioth Ahronoth, nous perdrons l'occasion de voir coexister deux Etats. Nous serons alors devenus un Etat d'apartheid et les organisations juives américaines seront les premières à contester notre existence." Pour M. Olmert, il ne fait aucun doute que la création d'un Etat palestinien est une nécessité, car, comme il l'avait déclaré, vendredi, au journal Haaretz : "Si la solution de deux Etats échoue, nous serons face à une situation à la sud-africaine pour l'égalité des droits de vote (entre Israéliens et Palestiniens) et lorsque cela se produira, l'Etat d'Israël sera terminé." Michel Bôle-Richard |