Retour

 

Territoires palestiniens:

l'efficacité de l'aide internationale dépend des bouclages israéliens

Article paru dans l'édition du 16 décembre 2007

cessaire, mais pas suffisant". A de nombreuses reprises, Salam Fayyad, premier ministre de l'Autorité palestinienne, a répété cette phrase, jeudi 13 décembre, à Ramallah, à propos de la conférence des donateurs pour l'Etat palestinien qui doit se dérouler le 17 décembre, à Paris. Pour M. Fayyad, l'aide demandée à la communauté internationale pour construire les fondations de la Palestine (5,6 milliards de dollars sur trois ans) est "nécessaire" mais si la situation sur le terrain reste ce qu'elle est, cette assistance sera en grande partie inutile.

 

C'est pourquoi cet ancien haut fonctionnaire du Fonds monétaire international ne cesse de rappeler que, pour que cet argent soit productif, il faut que les restrictions de circulation et les contraintes de toute nature faites aux Palestiniens en Cisjordanie soient supprimées. Il faut également, a-t-il insisté, que le blocus imposé à la bande de Gaza depuis six mois soit levé car "nous suffoquons économiquement". M. Fayyad, qui a rencontré le ministre israélien de la défense, Ehoud Barak, le 12 décembre, n'a cependant obtenu aucune assurance des Israéliens.

 

Les documents préparés pour cette conférence font clairement état d'un risque d'effondrement de l'Autorité palestinienne et de dégradation de la situation économique, si l'occupation de la Cisjordanie se poursuit et si le siège de Gaza est maintenu. M. Fayyad a rappelé que le revenu par habitant des Palestiniens a baissé de 60 % par rapport à son niveau de 1999. A tel point que l'objectif du premier ministre est, d'abord, de revenir à la situation qui prévalait en septembre 2000, la deuxième Intifada.

Pour M. Fayyad, ce qui est en jeu est "une perspective de paix" et pour y parvenir, il faut que la communauté internationale, Israël et l'Autorité palestinienne s'engagent : "Le conflit n'est pas économique mais politique. Nous demandons un soutien économique aux pays donateurs mais ils doivent également jouer un rôle politique." C'est pourquoi le processus qui a été lancé le 27 novembre à Annapolis (Maryland) est jugé capital et allant de pair avec la conférence de Paris.

M. Fayyad n'hésite pas à parler d'"occupation israélienne" et reconnaît qu'une partie de l'aide internationale va pallier les effets "des restrictions" israéliennes, refusant toutefois de parler de "financement de l'occupation", une expression qualifiée de "raccourci".

Le premier ministre a mis en garde contre "les désillusions" au cas où les attentes suscitées ne seraient pas suivies d'effet. Dans l'immédiat, il s'agit d'éviter la banqueroute de l'Autorité palestinienne et de tenter de mettre en place les fondements institutionnels et économiques de la Palestine au travers d'un plan triennal "de réforme et de développement".

La Banque mondiale, qui dresse un tableau plutôt noir de l'économie palestinienne, a fait le constat suivant : si le financement réclamé est obtenu sans allégement du bouclage, la croissance restera négative (de l'ordre de - 2 %) ; si le montant de l'assistance requise n'est pas atteint et si la situation perdure sur le terrain, "la croissance va chuter sévèrement et la pauvreté s'accroître dramatiquement".

Michel Bôle-Richard

Retour