Communiqué
de presse
Gaza :
60% des centres de
soins fermés ou en activités réduites
1/4 des médicaments essentiels non disponibles
Paris, le 22 janvier 2008
Hier soir, Israël a desserré le blocus total
imposé à Gaza depuis 5 jours pour permettre l'entrée de quantités limitées
de carburants. Un allègement qui ne suffira pas à sortir la bande de Gaza
de son isolement, conséquence d'un blocus de plus de 6 mois.
Le 17 janvier, le gouvernement israélien instaurait
un blocus total de la bande de Gaza plongeant ainsi la moitié de la
population dans le noir du fait de l'arrêt de la principale centrale
électrique alimentant la ville de Gaza. Selon Bruno Vinay, coordinateur de
MdM sur le terrain « l'effet de ce blocus a été immédiat : dans les trois
jours, 32 des 56 centres de soins de santé primaire de la bande de Gaza
ont réduit leurs activités voire fermé (absence du personnel faute de
transport et fermetures des laboratoires par manque de générateur ou de
réserve de fuel) ». L'état d'urgence était également instauré au sein de
l'hôpital Shiffa et de l'hôpital Européen, deux hôpitaux publics dans
lesquels Médecins du Monde intervient depuis 2002 et 2006. Faute de
générateurs suffisamment puissants, ces hôpitaux publics ont dès le 19
janvier cessé d'alimenter en électricité l'ensemble de leurs services, à
l'exception de l'unité de soins intensifs et de la maternité. Enfin, par
manque d'électricité pour alimenter les pompes, la plupart des habitants
de Gaza étaient privés d'eaux.
Devant les critiques internationales, Israël a autorisé aujourd'hui la
livraison de 360.000 litres de mazout destinés à la centrale du territoire
palestinien. Des camions-citernes ont également acheminé 80 tonnes de gaz
domestique et 60.000 litres de diesel. « Cet approvisionnement ne nous
permettra de tenir que 2 jours et la question se posera à nouveau dès
jeudi» estime Bruno Vinay. « Le blocus total de Gaza imposé depuis cinq
jours, à la suite d'une multiplication des tirs de roquettes contre le sud
d'Israël, n'a fait qu'empirer une situation qui existe depuis 6 mois »
précise t-il.
Ruptures de soins
Les restrictions de mouvements imposées aux Gazaouïs par les autorités
israéliennes perturbent la prise en charge des patients hors de la bande
de Gaza. Les hôpitaux de Gaza n'étant pas équipés pour traiter les
maladies lourdes nécessitant par exemple une chimiothérapie ou de la
chirurgie spécialisée (pédiatrique ou neurologique), les patients affectés
par ces pathologies étaient auparavant référés vers des hôpitaux de
Jérusalem Est ou de Haïfa. Bien que la fermeture des points de passage
exclut officiellement ces cas qualifiés de « médicaux », les faits
montrent que depuis Juin 2007, 713 patients affectés d'une maladie
grave se sont vus refuser le droit de sortir de Gaza (sur 4000
demandes) [1] et cela sans motif particulier. A ce jour, 62 de ces
patients sont décédés des suites de leur non traitement.
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En janvier 2008, parmi la liste des 416
médicaments dits « essentiels », 105 sont totalement inaccessibles à
Gaza. En décembre 2007, ce nombre s'élevait à 85. Les ruptures de
stock concernent majoritairement des antibiotiques, les produits
anesthésiques, des psychotropes, ainsi que les médicaments de
traitements des maladies chroniques (diabète, maladie cardio-vasculaire
…)
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Dans les hôpitaux publics, les tests en
laboratoires, principalement les tests de diabète, ont quasiment été
arrêtés du fait de l'inaccessibilité des produits de base tels que les
agents réactifs. Par ailleurs, depuis novembre 2007, l'hôpital Shiffa
n'est plus en mesure d'effectuer la moindre radiothérapie. L'hôpital
Aqsa avait également du interrompre ses opérations chirurgicales faute
de trouver à Gaza les pièces nécessaires à la réparation de leur machine
anesthésique (ce problème a été résolu fin novembre). Enfin, la
réduction de l'approvisionnement en fuel contraint l'hôpital Shiffa, le
principal hôpital de référence de la bande de Gaza, à suspendre
régulièrement le fonctionnement de sa laverie, générant d'importants
risques d'infections dus au manque d'hygiène.
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Les centres de santé primaire, sont les plus
affectés par cette situation. Les difficultés d'approvisionnement les
ont conduits à interrompre des services aussi élémentaires que le
planning familial, les vaccinations ou le traitement des maladies
chroniques.
Médecins du Monde alerte depuis
plusieurs mois sur l'état de "dépression collective" des habitants de Gaza
et l'absence de perspectives quant à son avenir du fait de l'embargo en
vigueur depuis 2006.
Médecins du Monde demande la
levée totale du blocus et appelle les gouvernements européens à faire
pression sur le gouvernement israélien afin de permettre le rétablissement
d'un réel accès aux soins de la population de la bande de Gaza.
Contacts presse :
Paris : Florence Priolet – 01 44 92 14 31 / 06 09 17 35 59
Gaza: Bruno Vinay: 00 972 54 65 62 960
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