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International - Article paru le 4 février 2008 (page 15)

http://www.humanite.fr/2008-02-04_International_Quand-la-justice-israelienne-legitime-le-meurtre

Quand la justice israélienne légitime le meurtre

Israël . En 2000, treize Arabes israéliens étaient tués par la police lors d’une manifestation.
Le refus de leur rendre justice a provoqué une grève générale.

Jérusalem-Est, envoyé spécial.

Deux poids, deux mesures. C’est ainsi que les habitants du nord d’Israël, des Arabes israéliens, ont jugé la récente décision du conseiller juridique du gouvernement, Menahem Mazouz. Celui-ci a tout bonnement fermé définitivement le dossier concernant la mort de 13 Arabes israéliens, en octobre 2000, tués alors qu’ils manifestaient leur soutien aux Palestiniens qui venaient de déclencher la seconde Intifada. Un massacre qu’une première commission avait attribué à des policiers et qui recommandait de ne pas enquêter seulement sur ceux qui avaient appuyé sur la gâchette mais aussi sur les véritables responsables. Ceux-ci sont donc lavés de tout soupçon et définitivement acquittés, Mazouz estimant qu’il n’existait pas de preuves suffisantes pour inculper les policiers ! Une décision qui a indigné la minorité arabe mais aussi les associations israéliennes de défense des droits de l’homme.

Contre le refus de la justice de poursuivre les policiers, une grève générale a été décrétée, vendredi, par les Arabes israéliens, notamment dans le nord, et cela a été l’occasion de rassemblements. « Nous ferons en sorte que leur sang n’ait pas été versé en vain. Empêchons le prochain crime », pouvait-on lire ainsi sur une des banderoles déployées par des milliers de manifestants dans la petite ville de Sakhnine. Les députés arabes, les parlementaires communistes, des maires et des dignitaires religieux étaient également présents pour dénoncer ce qu’ils appellent « un déni de justice ». C’est en substance ce que dénonçait Chawki Khatib, président du Comité de suivi, organisation représentative de la population arabe en Israël, en déclarant : « Nous voulons vivre dans la dignité et nous voulons que le monde nous rende justice. » Il s’en est d’ailleurs pris au système judiciaire israélien, accusé de « légitimer le meurtre ».

Au-delà de la mascarade de justice, c’est bien le sort

de la minorité arabe d’Israël qui est ainsi révélé. Cette communauté compte plus de 1,2 million de personnes, sur une population totale de près de 7 millions. Plusieurs rapports officiels israéliens, tels ceux de la Cour suprême, ont même admis que les Arabes israéliens étaient victimes de discriminations économiques et sociales. Mais comme l’explique Issam Makhoul, ancien député communiste (voir ci-dessous), dans un pays où les officiels, à commencer par le premier ministre et le président (ce dernier doit être reçu en grande pompe en France, en mars), parlent « d’État juif », le déni concerne le droit au retour des réfugiés palestiniens qui ont fui en 1948, mais aussi les droits de ceux qui sont restés.

Pierre Barbancey

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