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      Jeudi 07 février 2008 - Beyrouth

http://www.lorient-lejour.com.lb/page.aspx?page=article&id=364084

La France appelle l’État hébreu à « faire quelques sacrifices significatifs »

Israël va construire des tronçons de barrières fortifiées à sa frontière avec l’Égypte

À quelques jours d’une visite en Israël, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a appelé hier l’État hébreu à « faire quelques sacrifices significatifs » pour que le processus de paix avance. Parallèlement, Israël décidait de fortifier sa frontière avec l’Égypte en érigeant une barrière afin d’empêcher les infiltrations d’activistes palestiniens sur son territoire.

«Israël va bientôt entamer la construction de deux sections de la barrière » à la frontière avec l’Égypte, a affirmé hier un haut responsable, sous le couvert de l’anonymat après une réunion regroupant le Premier ministre Ehud Olmert, le ministre de la Défense Ehud Barak et celui des Affaires étrangères Tzipi Livni. La première section de la barrière renforcée sera construite près de la ville balnéaire d’Eilat, sur la mer Rouge, et la deuxième dans le secteur de Nitzana, au milieu de la frontière entre l’Égypte et Israël. Selon le journal à grand tirage Yediot Aharonot, la construction d’une clôture de fils barbelés sur les 250 km de la frontière coûterait 411 millions de dollars alors que l’érection d’un mur semblable à celui construit entre la Cisjordanie et Israël coûterait 1,37 milliard de dollars. La frontière entre l’Égypte et Israël, en plein désert du Sinaï, est actuellement composée d’une clôture rudimentaire et poreuse par où s’infiltrent de nombreux trafiquants de drogue et des immigrants clandestins. Mais la décision a été surtout prise pour empêcher toute infiltration de kamikazes palestiniens depuis le Sinaï égyptien après la récente destruction à l’explosif de tronçons de la clôture frontalière entre la bande de Gaza et l’Égypte.

Le cabinet de sécurité israélien a par ailleurs exclu un doublement des effectifs des gardes égyptiens ou un déploiement de forces internationales pour sécuriser la frontière entre l’Égypte et Gaza.

Sur le terrain, sept roquettes et un obus de mortier tirés depuis la bande de Gaza se sont abattus dans le sud d’Israël. Deux enfants israéliens ont été légèrement blessés, selon des sources médicales. Cinq Palestiniens ont également été blessés dans une série de raids israéliens contre des positions du Hamas à Gaza. Les tirs ont été revendiqués à Gaza par la branche armée du Hamas. « Il s’agit d’une riposte aux massacres israéliens et au blocus imposé à Gaza », a affirmé le groupe dans un communiqué. Le Hamas avait déjà revendiqué mardi l’attentat-suicide commis la veille à Dimona, dans le sud d’Israël.

En réaction, le numéro deux du gouvernement israélien, Haïm Ramon, a affirmé à la radio publique qu’il fallait « utiliser l’arme des pressions économiques car c’est une guerre qui est en cours contre le Hamas ». « Nous appelons le gouvernement israélien à ne pas imposer davantage de restrictions sur Gaza et à permettre l’acheminement de toutes les aides humanitaires et les produits de consommation courante », a immédiatement répondu le président Mahmoud Abbas à Ramallah. Israël impose déjà depuis le 17 janvier un blocus à la bande de Gaza.

C’est dans ce contexte tendu que le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a lancé un appel à Israël. « Les Israéliens doivent comprendre que c’est à eux, comme toujours, de faire quelques sacrifices significatifs pour que les Palestiniens, en voyant changer leur vie quotidienne, croient à la paix », a déclaré M. Kouchner sur Europe 1. Le ministre français doit se rentre dans l’État hébreu et dans les territoires palestiniens les 15 et 16 février. « La France est chargée du suivi de la conférence d’Annapolis. Nous avons fait une conférence de Paris qui a rapporté beaucoup d’argent. Des projets qui ne voient pas encore le jour, auxquels nous travaillons avec (l’envoyé spécial du quartette) Tony Blair et avec la Commission européenne », a-t-il souligné. Mais « rien n’avance suffisamment », a estimé M. Kouchner, ajoutant : « Les Palestiniens vont finir par se désespérer. » « On ne peut pas réserver ni les projets ni notre attention, seulement à la Cisjordanie, a également fait valoir le ministre. Il faut que Gaza soit associée. »

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