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             Article paru dans l'édition du 10 février 2008

Le premier ministre palestinien
doute d'un accord de paix en 2008

JÉRUSALEM CORRESPONDANT

Un mois après la visite de George Bush en Israël et dans les territoires occupés, le souhait exprimé par le président américain de créer un Etat palestinien avant la fin de son mandat paraît difficile à réaliser. Le premier ministre palestinien, Salam Fayyad, l'a reconnu, vendredi 8 février, lors d'un voyage aux Etats-Unis. Dans un entretien accordé à l'agence de presse Reuters, il a déclaré : "Je ne crois pas que la résolution définitive sera achevée au cours de cette année. C'est peu probable."

M. Fayyad a déploré "l'absence d'un engagement suffisamment ferme en ce qui concerne les colonies", ainsi que la perpétuation des raids israéliens, notamment à Naplouse, qui "sapent nos efforts et notre crédibilité". Depuis la conférence d'Annapolis, le 27 novembre 2007, et en dépit de la visite de M. Bush début janvier à Jérusalem, le processus ne paix n'a guère avancé. Certes, il a été décidé que les négociations allaient porter sur les questions cruciales permettant de favoriser la création d'un Etat palestinien mais, sur le terrain, rien de concret ne s'est produit.

Toutes les déclarations d'intention concernant le démantèlement des colonies sauvages et la réduction des check-points n'ont pas été suivies du moindre début de mise en application. La dégradation de la situation dans la bande de Gaza a concentré toute l'attention, laissant pour le moment de côté le processus de paix. Tony Blair lui même, lors d'une visite à Naplouse, a fait remarquer qu'Israël devait faire sa part du chemin, en constatant que "ce qui s'est passé à Naplouse ces derniers mois est précisément ce que prévoyait la première phase de la feuille de route". L'émissaire du Quartet (Etats-Unis, ONU, UE et Russie) a fait allusion à la reprise en main, par les forces de sécurité palestiniennes, de ce bastion de la rébellion qu'est Naplouse, même si les interventions israéliennes sont venues perturber l'effort fourni par l'Autorité palestinienne.

MAILLAGE SÉCURITAIRE

M. Blair n'a pas caché que les Israéliens devaient, à leur tour, donner des signes d'encouragement. Et cela en permettant une meilleure circulation des personnes et des biens en Cisjordanie par une réduction des obstacles. Or, pour le moment, en dépit des promesses faites par Ehoud Barak, le ministre de la défense, rien n'a bougé. Les autorités militaires estiment que le maillage sécuritaire de la Cisjordanie ne doit pas être relâché. La meilleure preuve en est, selon eux, l'attentat commis à Dimona, le 4 février, par des kamikazes dont il a été établi qu'ils venaient d'Hébron et non de la bande de Gaza.

Pour le moment, aucune véritable dynamique de paix n'a été créée. Les quatre projets que M. Blair avait soutenus pour démontrer que les choses pouvaient bouger ont du mal à se concrétiser, à part celui concernant le bassin d'épuration du nord de la bande de Gaza, en raison de son urgence. Faudra-t-il attendre que M. Bush revienne en mai pour qu'une nouvelle impulsion soit donnée à l'initiative lancée, il y a bientôt trois mois, à grand renfort de publicité ? D'ici là, le faible espoir se sera évanoui.

Michel Bôle-Richard

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