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Tribune libre - Article paru le 23 février 2008

Une histoire de la naissance d’Israël
qui bat en brèche des mythes et des tabous

Comment Israël expulsa les Palestiniens (1947-1949)

de Dominique Vidal avec Sébastien Boussois.
Préface de Yehouda Lancry.
 Éditions de l’Atelier,
354 pages, 21 euros.

Au moment où l’État d’Israël s’apprête à célébrer le 60e anniversaire de sa naissance, en mai 1948, il faut s’attendre à une profusion de livres sur l’événement. Les Éditions de l’Atelier ont pris de l’avance en publiant il y a quelques semaines un nouvel ouvrage de Dominique Vidal sur les circonstances qui présidèrent à l’installation de l’État juif en Palestine. Il ne s’agit pas à proprement parler de révélations. Le même auteur, journaliste au Monde diplomatique et spécialiste reconnu du Proche-Orient, a déjà publié en 1998, avec son confrère israélien Joseph Algazy, le Péché originel d’Israël, un livre consacré aux travaux des « nouveaux historiens israéliens » qui, alors peu connus, venaient de chambouler la connaissance ou plutôt la méconnaissance largement partagée de cette période douloureuse.

Car Israël est bien né dans la douleur : celle des huit cent mille Palestiniens chassés de leurs terres pour faire place nette aux émigrants juifs venus réaliser le rêve sioniste d’Herzl. Loin du mythe éculé de « la terre sans peuple pour un peuple sans terre », les travaux de Benny Morris, Avi Shlaïm, Tom Segev ou Ilan Pappé - pour ne citer que les plus connus - faisaient enfin justice aux historiens palestiniens qui, tel Walid Khalidi, clamaient jusque-là dans le désert la véritable histoire de ce qui restera à jamais, pour le peuple palestinien, la Nakba, la « catastrophe ». Une tragédie suivie de beaucoup d’autres, prenant les formes diverses d’exils, de guerres, de destructions, de dépossessions, d’annexions, de colonisation… Jusqu’aux déchirements ultimes de cette dernière période, ceux du peuple palestinien lui-même à l’intérieur de ses propres territoires, entre Gaza et Cisjordanie, entre Hamas et Fatah. Avec le mur pour parachever l’oeuvre dont le début nous est ici narré.

Cette nouvelle édition s’enrichit d’une intéressante préface de l’ancien ministre israélien Yehuda Lancry et, en postface, des travaux d’un jeune journaliste, Sébastien Boussois, sur les débats suscités par les « nouveaux historiens » en Israël.

Françoise Germain-Robin

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