15 mars 2008 Je rentre de Naplouse. Nous avons réalisé une enquête auprès de 114 familles (700 personnes) de la vieille ville venant consulter dans notre dispensaire du 4 au 11 mars, disponible sur notre site : Le lien entre mauvaise santé et pauvreté est directement lié à une mauvaise alimentation. Je vous laisse découvrir les résultats extrêmement préoccupants de cette enquête. Nous souhaitons mettre en place un programme d'aide alimentaire et de suivi médical de 100 familles sur la vieille ville. Je reste à votre disposition pour vous présenter ce qu'il est possible de faire plus en détail. Dr Régis Garrigue - www.helpdoctors.org Help Doctors, urgences Médicales Humanitaires Enquête Santé, pauvreté et nutrition dans la vieille ville de Naplouse, Territoires Palestiniens, 12 mars 2008 http://www.helpdoctors.org/pdfs/CPVF.pdf "Quand le pain devient un aliment de luxe" Help Doctors est présent dans la vieille ville de Naplouse depuis novembre 2006, date d'ouverture d'un dispensaire pour les femmes et les enfants. La vieille ville de Naplouse compte 30 000 habitants, parmi les plus pauvres de la ville. La précarité des logements surpeuplés, le chômage endémique, les incursions militaires israéliennes nocturnes quotidiennes, font de ce quartier un des plus marginalisés de la ville. À la suite de l'analyse de l'activité médicale des mois de janvier et février 2007 , il est apparu une recrudescence des cas d'infections ORL et pulmonaire répondant mal aux traitements antibiotiques usuels, chez les enfants, les femmes et les personnes âgées. Nous avons également constaté un nombre significatif (11%) de cas d'anémies chez les enfants et les femmes enceintes. S’il est admis qu'il existe un lien direct entre pauvreté et santé, il fallait démontrer qu'il existe également un lien entre "carences nutritionnelles d'apport, pauvreté et santé". Aujourd'hui à Naplouse, il n'existe pas de carence d'approvisionnement, tous les produits alimentaires sont normalement disponibles en qualité et en quantité. Les prix les rendent juste inabordables à la plus grande partie de la population.Une enquête nutritionnelle sur 114 familles de la vieille ville de Naplouse Entre le 4 et le 11 mars 2008, nous avons interrogé systématiquement 114 personnes qui se sont présentées en consultations. Chacune représentant une famille (1 famille = toutes personnes qui vivent, mangent et dorment sous le même toit), nous leur avons posé 6 questions : nombre de personnes dans la famille (adultes / enfants de moins de 15 ans), revenus mensuels moyens, nombre de personnes qui ont un travail, nombre de repas par jour, les aliments qu’ils peuvent manger tous les jours, les aliments qu'ils ne peuvent plus manger tous les jours. Quand même le pain devient un luxe La famille moyenne dans la vieille ville se compose de 3 adultes et de 3 enfants. Le revenu mensuel moyen par foyer est de 620 Nis (112,5 €). L'alimentation quotidienne se compose exclusivement de : hummus, falafel, yaourt sec, lentilles, zatar (thym) pour 70% des familles. Et seulement 30% d'entre elles, peuvent ajouter : des oeufs, du fromage, du pain, des tomates, du riz, du lait, de huile d'olive et au mieux du poulet une fois par semaine. La viande et les fruits sont à chaque fois cités comme des produits inaccessibles, qu'ils ne peuvent jamais acheter, comme la viande (100%) ou qu’exceptionnellement, comme les fruits (96%). Le pain, produit de base de l'alimentation de la population palestinienne, devient lui aussi un aliment de "luxe", puisque pour 64% des familles de notre enquête, il est impossible d'en acheter tous les jours . À titre d'exemple une famille de 6 personnes consomme au minimum 1,5 kg de pain / jour (7 Nis = 1,3 €), soit 210 Nis par mois, c'est-à-dire plus d'un tiers de leurs revenus mensuels.Recommandations : Les carences nutritionnelles liées à l'impossibilité financière de diversification alimentaire, entraînent un déficit quantitatif d'apports en vitamines, fer et protéines chez les patients qui consultent dans notre dispensaire. La première cause de ces carences alimentaire est la pauvreté. Le chômage, les familles nombreuses, l'augmentation des prix (le pain a augmenté de 50% en 6 mois), l'insécurité et la situation politique ne font que s'ajouter aux difficultés quotidiennes des habitants de la vieille ville.Nos patients sont en plus mauvaise santé qu'il y a un an . Ils sollicitent plus de consultations pour des pathologies identiques. Les soins médicaux sont donc plus coûteux en termes de santé public.Help Doctors demande que puisse se mettre en place un programme médical d'aide nutritionnelle d'urgence pour les habitants de la vieille ville de Naplouse.La mauvaise santé des palestiniens de la vieille ville de Naplouse n'est pas une fatalité. L'origine de cette pauvreté est humaine et politique. Nous en connaissons tous les remèdes. Contact : France : Dr Régis Garrigue, Président, nutritionnaplouse@helpdoctors.orgPalestine, Naplouse : M. Ayman Al Shakaa, Coordinateur, + 972 (0)599 277 060, a.shakaa@googlemail.com |