http://www.humanite.fr/2008-04-18 Salah Hamouri condamné par la justice israélienne Proche-Orient . Le Franco-Palestinien écope de sept ans de prison. Une campagne exige sa libération. Nouvelles incursions à Gaza, un journaliste tué. La justice d’occupation israélienne, c’est-à-dire un tribunal militaire réuni dans la colonie d’Ofer, a tranché hier le sort du jeune Franco-Palestinien, Salah Hamouri, vingt-deux ans, emprisonné depuis maintenant trois ans. Il a été condamné à sept ans de prison pour complot et appartenance au mouvement de jeunesse du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Une peine que le juge lui-même a qualifiée de « sévère ». Selon une procédure habituelle en Israël, le procureur et le juge se mettent d’accord sur une peine et proposent à la défense de plaider coupable dans le cadre d’une telle peine, sinon la sentence pourrait être beaucoup plus grave ! « Cela fait trois ans que nous étions là-dedans, nous n’avions pas le choix », explique Denise Hamouri, la mère française de Salah, à l’Humanité. Léa Tsemel, l’avocate de Salah, qui a défendu des centaines de prisonniers comme lui, précise que les Palestiniens possédant une carte d’identité de Jérusalem sont punis beaucoup plus sévèrement. Par expérience, Tsemel a encouragé son client à plaider coupable sinon le tribunal militaire aurait pu aggraver la peine, même si les preuves sont absentes du dossier. « Salah a écouté la sentence avec calme », précise Denise Hamouri. En fait, il s’agit surtout d’un délit d’intention puisque le Franco-Palestinien est accusé d’être passé devant le domicile du rabin Yossef Ovadia, chef spirituel du parti religieux Shass, ce qui suffirait à prouver sa participation à une tentative d’assassinat ! De même l’appartenance au FPLP n’a jamais été prouvée, malgré la convocation d’une vingtaine d’audiences, toutes annulées par faute de témoins. Dans une lettre adressée à Rama Yade, la secrétaire d’État chargée des Droits de l’homme, Jean-Claude Lefort, député honoraire, écrivait au mois de mars : « Il est un principe absolu : les droits de l’homme ne se découpent pas. Ils sont ou ne sont pas. En l’occurrence ils ne sont pas. » Plusieurs députés français de différents groupes, dont Patrick Braouzec, Jean-Jacques Urvoas ou encore Jean-Jacques Candelier, ont écrit au ministre des Affaires étrangères. Il semble qu’il y ait, une fois de plus, deux poids, deux mesures. Si la France demande officiellement la libération du soldat israélien Gilad Shalit, capturé par le Hamas, elle n’entreprend absolument pas la même démarche auprès du gouvernement israélien, arguant d’un processus judiciaire, qui est pourtant contraire aux conventions de Genève. Ce qui n’empêche pas le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy d’écrire le 16 avril à Jean-Claude Lefort que « la France ne manquera pas de poursuivre son action pour obtenir auprès des autorités israéliennes, une fois le jugement passé, et dans le strict respect de l’indépendance de la justice israélienne, une issue humanitaire positive (…) ». Oser parler du « strict respect de l’indépendance de la justice israélienne », il fallait le faire. L’Association France-Palestine solidarité (AFPS) lance une campagne pour la libération de Salah Hamouri (www.afps.org). Selon le ministre palestinien en charge des prisonniers, sur l’ensemble des 11 000 incarcérés en Israël, 333 sont des jeunes de moins de 18 ans ; 115 sont des femmes, dont l’une vient d’accoucher, menottée, en prison où elle reste avec son bébé ; 70 ont déjà fait plus de vingt ans de prison. On compte aussi 46 parlementaires parmi les détenus, dont Marwan Barghouti, condamné à perpétuité. Pendant ce temps, Israël continue le nettoyage de la bande de Gaza en toute impunité. Plus de vingt Palestiniens ont été tués ces derniers jours, dont un cameraman de l’agence Reuters. On ignore si Robert Ménard, patron de Reporter sans frontières, a eu le temps d’assister, comme des milliers de personnes, hier, à l’enterrement de notre confrère abattu tel un vulgaire terroriste par Israël que d’aucuns appellent « la seule démocratie de la région ». Pierre Barbancey
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