Déplacement de
Philippe et Marianne Nouveau 3 – 8 juin 2008 Mardi 3 juin Accueil par Robert Horn, attaché culturel au Consulat Général de France à Jérusalem. Visite du Centre culturel français Chateaubriand ( CCF de Jérusalem – Est .) Rencontre avec Jean-Paul Ghoneim, directeur du Service de coopération et d’action culturelle. Diner avec Michel Warschawski, militant israélien pour la paix et le respect des droits du peuple palestinien. Mercredi 4 juin Départ à 7 h 30 pour Gaza, avec Robert Horn et Pierre Volot, jeune photographe dunkerquois invité par le Consulat pour présenter ses photos de « Dunkerque, côté mer » et réaliser des photos de Palestine et de Gaza, qu’il présentera à Dunkerque. Blocage à Eretz, malgré la coordination faite de longue date. Seul Robert Horn peut entrer, grâce à son passeport diplomatique. Il peut ainsi installer l’exposition de photos de Pierre Volot dont le vernissage est prévu à 15 h. au CCF de Gaza. Retour pour nous à Jérusalem. Deuxième départ pour Gaza à 14 h , après avoir enfin reçu l’accord d’y entrer. Arrivée à 17 h au CCF de Gaza, dirigé par Gaëtan Pellan. C’est le seul centre culturel étranger encore ouvert à Gaza, ce qui lui confère une valeur toute particulière aux yeux des Gazaouis. Rencontre avec le directeur des relations internationales de Gaza, et l’ingénieur qui a accompagné les deux premiers projets de la CUD (bibliothèque municipale et parc urbain) . Visite de la bibliothèque, qui est très bien entretenue, mais manque de livres récents. Diner avec nos partenaires gazaouis . Nuit au Beach Hôtel à Gaza. Jeudi 5 juin Retour à Jérusalem, avec quelques difficultés au passage d’Eretz . Rencontre et déjeuner avec une ancienne étudiante de l’ISCID, et sa famille à Ramallah. Visite du centre culturel franco-allemand de Ramallah et discussion avec son directeur, Philippe Guiguet Bologne. Rencontre de Yaser Abed, correspondant des villes françaises en Palestine ( CUF – RCDP ) Vendredi 6 juin Rencontre avec des responsables culturels autrichiens qui organisent l’été des concerts à Jérusalem et dans d’autres villes palestiniennes. Réception par le Consul Général, André Rémy, qui félicite Dunkerque pour la coopération qu’elle mène avec Gaza depuis douze ans et nous encourage à maintenir les contacts et à préparer des projets en anticipant une évolution possible de la situation politique. Diner avec Charles Enderlin. Samedi 7 juin Ramallah - visite du mausolée construit à côté de la Mouqata, à la mémoire de Yasser Arafat. Visite du centre animé et des vieux quartiers de Ramallah, ainsi que du centre musical ouvert par Ramzi (Al Kamandjati) qui a joué à Dunkerque, salle Bizet, en 2006 avec son groupe Dal Ouna. Bethléem, entourée par des colonies israéliennes et ceinturée par le « mur de sécurité ». Visite du centre et des vieux quartiers de Bethléem, de la Basilique de la Nativité, ainsi que du village d’Artas, où 5 jeunes Dunkerquois ont participé à un chantier de restauration de vieilles maisons ottomanes en mars 2000. Diner avec Jean-Baptiste Humbert, archéologue de l’Ecole biblique et archéologique francaise de Jérusalem, qui a fait notamment des fouilles très intéressantes à Gaza. Il en a présenté une partie au musée de Dunkerque en 2003 dans l’exposition « Gaza, méditerranéenne » et lors d’une conférence « Gaza, 5000 ans d’histoire ». Dimanche 8 juin Visite avec Robert Horn de la Vieille Ville de Jérusalem, du mont des Oliviers, et du marché très animé de Mahane Yehouda à Jérusalem ouest. Départ pour l’aéroport Ben Gourion et retour en France. Commentaire et Propositions 1. Point sur la situation actuelle A la suite de ces rencontres et de ces visites, nous dégageons les observations suivantes : - La situation de la Bande de Gaza est catastrophique : le blocage asphyxie l’activité économique, en empêchant l’entrée des matériaux et l’exportation des produits. De très nombreux Gazaouis n’ont plus aucune ressource et dépendent de l’aide alimentaire minimale qui leur est apportée pour éviter un drame humanitaire. Il n’y a plus d’essence, les coupures d’eau et d’électricité sont fréquentes. L’entrée et la sortie de la Bande de Gaza sont presque impossibles pour les Palestiniens. Malgré tout, la vie continue : c’était un plaisir de voir les nombreuses familles sur la plage et les enfants dans l’eau, les écoles et universités fonctionnent, les hôpitaux essaient de faire face. - Les journaux israéliens parlent de contacts entre Ehud Olmert, Tzipi Livni, et le Hamas pour arriver à une trêve, suivie d’une amélioration des conditions d’entrée et de sortie de la Bande de Gaza en échange de la libération du soldat israélien enlevé il y a deux ans, mais Ehud Barak exige une incursion militaire avant tout accord, pour détruire des points forts du Hamas. Il y aura donc probablement une nouvelle attaque au début de l’été, et cela risque de compromettre les négociations espérées. - La situation est meilleure en Cisjordanie – Ramallah est très animée, il y a de nouveau des touristes et des pèlerins à Bethléem – mais de très nombreux obstacles demeurent : la poursuite de la colonisation, la construction de routes réservées aux colons, le mur et les check-points qui compliquent et parfois interdisent tout déplacement, l’impossibilité pour la plupart des Palestiniens d’aller à Jérusalem. Nous avons été particulièrement frappés par le mur qui s’enroule dans Bethléem… - Il y a un problème évident de gouvernance des deux côtés : Ehud Olmert est critiqué pour les affaires de corruption dont il est accusé, Mahmoud Abbas est contesté par le Hamas et parce qu’il n’obtient pas d’avancées concrètes. Ni les Israéliens ni les Palestiniens n’ont un projet clair. En Israël, deux groupes minoritaires s’affrontent, l’un voulant le Grand Israël et l’expulsion des Palestiniens, l’autre voulant dialoguer avec les Palestiniens et aboutir à la coexistence de deux Etats, mais la grande majorité est lasse du conflit, se sent plus en sécurité grâce au mur et souhaite vivre tranquillement en oubliant les Palestiniens. Les jeunes Israéliens ne sont plus tentés par l’armée et la politique, mais par les activités économiques et la haute technologie ; beaucoup regardent vers les Etats-Unis et quittent le pays, même s’ils y reviennent en vacances. En Palestine, la majorité souhaite toujours la création d’un Etat laïque et démocratique, mais a voté pour le Hamas en réaction contre certains comportements de corruption et parce que le Fatah, lui-même très divisé, n’obtenait aucune avancée réelle vers la paix et la création de l’Etat palestinien. Aujourd’hui, c’est une sorte de désespoir et de fatalisme qui prévaut. Ceux qui le peuvent sont nombreux à quitter le pays.
2. Propositions pour la poursuite de la coopération Dunkerque – Gaza - Le Consul Général, Alain Rémy, nous a très fortement encouragés à maintenir des contacts techniques et humains, qui sont particulièrement importants pour les Gazaouis victimes de leur isolement et poussés vers la radicalisation islamiste par l’absence de tout espoir. Il nous aidera à passer le check-point d’Eretz, mais il faut le prévenir au moins une semaine avant pour obtenir l’accord des Israéliens. Il faut poursuivre les réflexions sur le quartier East Al Nasser et même tout ce qui avait été engagé auparavant : port de Gaza, transports, environnement, tourisme, etc. parce que la situation évoluera et qu’il faut rendre l’espoir aux Gazaouis. Le Consul Général est prêt à soutenir la venue d’étudiants de Gaza à l’ULCO, mais il est très difficile actuellement d’obtenir une autorisation de sortie de la Bande de Gaza par les Israéliens. - Le directeur du Service de coopération et d’action culturelle, Jean-Paul Ghoneim, et les directeurs des CCF sont également tout disposés à nous aider. - La bibliothèque municipale de Gaza est en bon état e. Elle est ouverte matin et après-midi, jusqu’à 19 h et accueille surtout des étudiants puisque la bibliothèque de la Fondation Qattan est elle destinée aux enfants. Par manque de ressources, la municipalité n’achète pas de livres. Deux propositions pourraient être étudiées : don de livres scientifiques et permettre la création d’événements culturels qui pourraient avoir lieu dans la bibliothèque . - Le CCF de Gaza est le seul centre culturel étranger qui soit resté présent à Gaza. C’est un très bon point pour la France. Il travaille déjà avec la bibliothèque municipale, il organise des cours de français et il reçoit de nombreux artistes. Nous avons tout intérêt à travailler avec lui et à continuer notamment les échanges d’artistes que Robert Horn a initiés : venue, non sans difficultés, des rappeurs palestiniens à Dunkerque et tournée du Gazateam, animé par le rappeur dunkerquois Naili, dans toute la France et même au-delà, accueil à Gaza d’artistes dunkerquois : un chanteur, une violoniste et peintre, un photographe. - Au terme de ce déplacement, il nous apparaît souhaitable et possible de poursuivre la coopération avec Gaza, malgré le contexte difficile, en nous appuyant, à Jérusalem, sur le Consulat et le SCAC, et, à Gaza même, sur le CCF et sur le directeur des relations internationales.
Philippe et Marianne Nouveau Mardi 10 juin 2008 |