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http://www.humanite.fr/2008-06-26_International_La-galere-d-une-citoyenne-francaise-en-Israel

Article paru le 26 juin 2008

La galère d’une citoyenne française en Israël

Membre d’une mission de coopération avec Jéricho,
Noha Rashmawi a été retenue des jours durant par la police israélienne.

Les services consulaires français sont-ils encore soumis à cet impératif absolu qui prévalait à Rome : défendre ses citoyens en difficulté, où qu’ils se trouvent dans le monde ? La question peut se poser au vu de la mésaventure advenue à Noha Rashmawi. Cette citoyenne française parfaitement en règle qui participait à une mission de coopération de la ville de Lyon soutenue par le consulat de France s’est vue refoulée à son arrivée à Tel-Aviv le 13 mai. Elle a passé une nuit en prison à l’aéroport avant d’être expulsée vers la Jordanie d’où elle a pu se rendre (non sans mal, par le pont Allenby) à Jéricho pour rejoindre les trois autres membres de la délégation lyonnaise. Belle mission puisqu’il sde préparer l’éclairage public des sites archéologiques et historiques de Jéricho : la ville fêtera en 2010 ses dix mille ans d’existence et fait partie du Réseau des villes lumière parrainé par Lyon.

Quatre jours plus tard, ce sera carrément la galère pour Noha (voir l’Humanité du 26 mai). Refoulée à l’aéroport, elle est empêchée de prendre son avion. Raison avancée, la même que le 13 mai, totalement fausse et reconnue comme telle par les Israéliens eux-mêmes : elle aurait une carte d’identité palestinienne ! « En fait, explique Noha, je suis née à Beit Sahour, une ville chrétienne à côté de Bethléem, et mon lieu de naissance est écrit sur mon passeport, mais je n’ai pas d’autre identité que celle de citoyenne française. D’ailleurs, je viens à Jéricho plusieurs fois par an pour la coopération avec Lyon, avec Bonneuil ou pour des projets archéologiques (1) et jamais je n’ai rencontré une telle galère ! »

Le plus grave de l’histoire, c’est l’attitude des services consulaires français qui semblent avoir baissé les bras alors qu’ils sont eux-mêmes victimes de pressions scandaleuses : Catherine Hyver, consule adjointe, a été retenue pendant dix-sept heures sans boire ni manger le 11 juin avec l’agent de sécurité qui l’accompagnait au passage d’Erez (entre Israël et la bande Gaza) pour avoir refusé la fouille de sa voiture diplomatique. Une violation des règles diplomatiques qui indigne Noha sans la surprendre : « Au consulat de Jérusalem, ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire, qu’il y avait des dizaines de cas comme le mien. Et je n’ai même pas eu de réponse de l’ambassade à Tel-Aviv. La vérité, c’est qu’il y a une décision non encore officielle d’Israël de ne plus laisser passer par l’aéroport de Palestiniens ou d’étrangers d’origine palestinienne. »

Décision inique, contraire au droit international, à laquelle la France officielle semble avoir renoncé à s’opposer. Noha Rashmawi a finalement pu regagner Paris le 6 juin après qu’un avocat israélien, Me Oz, ait fait reconnaître aux services israéliens qu’ils avaient commis « une erreur ».

(1) Noha Rashmawi est co-fondatrice de l’Association des amis de l’archéologie palestinienne.

Françoise Germain Robin

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