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Samedi 9 août 2008

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Mahmoud Darwich est mort

Le grand poète palestinien Mahmoud Darwich est décédé samedi à l’âge de 67 ans à Houston où il venait de subir une opération du cœur. Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a décrété trois jours de deuil national.

"Le décès de notre grand poète, Mahmoud Darwich, l’amoureux de la Palestine, le pionnier du projet culturel moderne palestinien et le brillant dirigeant national laisseront un grand vide dans nos vies politiques, culturelles et nationales", a déclaré le président Mahmoud Abbas qui a décrété trois jours de deuil national en sa mémoire.

"Les mots ne peuvent décrire la profondeur de la tristesse dans nos cœurs. Mahmoud, puisse Dieu nous aider face à ta perte", a ajouté le président de l’Autorité palestinienne.

Dès que la nouvelle de sa mort a commencé à circuler, des habitants de Ramallah, où il vivait, ont commencé à se rassembler dans les rues, bougies à la main, pour honorer sa mémoire.

La télévision palestinienne a interrompu ses programmes pour diffuser un film où l’auteur lisait ses propres œuvres.

Considéré comme le "poète national" palestinien, Darwich avait commencé à publier en 1960 et a été traduit dans de nombreuses langues.

Connue dans tout le monde arabe, son œuvre évoquait la douleur des Palestiniens exilés comme lui mais aussi des thèmes plus larges.

Sa famille originaire d’une localité proche du port d’Haïfa avait été chassée de son domicile en 1948. Elle était revenue ensuite habiter dans la région.

Le mois dernier, le poète avait drainé une foule impressionnante pour une lecture à Ramallah commémorant le 60e anniversaire de la "Nakba", la "catastrophe" que constitue la création de l’Etat d’Israël aux yeux des Palestiniens.

Ses derniers ouvrages étaient empreints d’un humour sarcastique et du sentiment que Palestiniens comme Israéliens, bien qu’en conflit, étaient irrémédiablement liés pour partager un avenir incertain.

"Le sarcasme m’aide à surmonter la dureté de la réalité que nous vivons, à apaiser la douleur des cicatrices et à faire sourire les gens", disait-il. "L’histoire se moque autant de la victime que de l’agresseur."

Emprisonné à plusieurs reprises dans sa jeunesse, privé de passeport israélien, Darwiche était parti étudier en Union soviétique en 1971. Il avait ensuite vécu au Caire, à Beyrouth et à Paris.

Il avait grandi en Israël puis a choisi l’exil en 1970. Après des années passées à l’étranger, notamment à Paris, le poète s’est rendu en 1995 dans la bande de Gaza après l’avènement de l’Autorité palestinienne avant de s’installer à Ramallah, en Cisjordanie.

Il avait également été membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine. Mais il avait rompu avec le président de l’OLP Yasser Arafat et démissionné de son poste pour protester contre la signature des accords de paix intérimaires d’Oslo en 1993.

En mai 1996, il avait été autorisé à fouler le sol d’Israël pour la première fois depuis son exil afin d’assister aux funérailles de l’écrivain arabe israélien Emile Habibi.

En 2004, Mahmoud Darwich avait reçu à La Haye le prestigieux prix Prince Claus pour "son œuvre impressionnante".

Gros fumeur, Darwich avait déjà subi deux opérations cardiaques par le passé. Selon un ami proche, il ne s’était jamais remis d’une intervention subie il y a deux ans.

Peu avant l’annonce de son décès, le ministre palestinien de la Culture, Tahani Abou Dakka, avait déclaré que le poète avait été placé sous assistance respiratoire deux jours après une intervention chirurgicale.

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