AFP
La mobilisation pour Betancourt fait des émules au Proche-Orient
Par Anne-Laure
MONDESERT - AFP
PARIS,
26 oct 2008 (AFP)
Le
premier est un Franco-israélien enlevé par le Hamas,
l'autre un Franco-palestinien incarcéré en Israël: les proches de Gilad
Shalit et de Salah Hamouri ont décidé de se tourner vers la France pour
obtenir leur libération, espérant la même mobilisation que pour Ingrid Betancourt.
Des
comités de soutien se sont constitués ces dernières semaines pour l'un et
l'autre à Paris, en écho à l'engagement répété du président français Nicolas
Sarkozy de "protéger" ses compatriotes dans le monde.
Nicolas
Sarkozy s'était fortement impliqué en faveur de la Franco-colombienne
Ingrid Betancourt, otage de la guérilla des Farc pendant plus de six ans,
finalement libérée par l'armée colombienne en juillet.
Le
sort de l'ex-otage avait suscité en France, de Paris jusqu'aux plus petits
villages, une mobilisation massive, orchestrée par des comités de soutien
très actifs, dont l'un des principaux animateurs participe d'ailleurs
aujourd'hui au mouvement en faveur de Gilad Shalit.
"Comme
vous l'avez fait pour Ingrid Betancourt/ je vous demande de vous mobiliser
pour mon fils qui a lui aussi la nationalité française", a lancé en
direction de "tous les Français" mercredi à Paris Noam Shalit,
lors d'une conférence de presse organisée par un comité de soutien à son
fils.
Ce
soldat, alors âgé de 19 ans, a été enlevé en juin 2006 en territoire israélien,
à la lisière de la bande de Gaza, par trois groupes armés palestiniens,
dont l'un relevant du Hamas. Les négociations pour sa libération n'ont
jusqu'à présent pas abouti.
Le
sort du jeune homme a notamment suscité l'engagement du chanteur Patrick
Bruel et de la journaliste Florence Aubenas, ancienne otage en Irak.
Mais
alors que la mobilisation autour d'Ingrid Betancourt était marquée par un
large consensus national, Florence Aubenas a constaté qu'en "France, dès
qu'on évoque le conflit israélo-palestinien surgissent des réactions très
passionnelles." Elle a appelé à "ne pas se laisser aveugler par
un contexte particulier."
Le
père du soldat, qui a accusé à plusieurs reprises le gouvernement israélien
de ne pas faire assez pour son fils, compte sur le président français, qui
"a montré qu'il pouvait oeuvrer à la libération d'otages".
Peu
après celle d'Ingrid Betancourt, M. Sarkozy avait promis de se "mobiliser
pour faire sortir Gilad Shalit".
Un
engagement que les défenseurs de la cause de Salah Hamouri, un Franco-palestinien
de 23 ans détenu en Israël depuis 2005, attendent également de Paris.
Accusé
d'être impliqué dans un complot visant à assassiner le rabbin Ovadia
Yossef, chef spirituel du parti ultra-orthodoxe Shass, le jeune homme a été
condamné à sept ans de prison en avril, après trois ans passés en détention
provisoire.
"Son
dossier est totalement vide. C'est un délit d'intention", dénonce l'ancien
député communiste Jean-Claude Lefort, coordinateur d'un comité de soutien
au Franco-palestinien, arguant de l'absence de témoins et de preuve contre
lui.
"On
ne parle que d'un cas, qui est dramatique et douloureux, celui de Shalit.
Mais curieusement jamais on ne parle de Salah Hamouri. Jamais son nom
n'apparaît dans les discours officiels", déplore encore M. Lefort, qui
lui a rendu visite en prison.
Le
comité, dont la présidente d'honneur est la mère du jeune homme, Denise
Hamouri, revendique le soutien de personnalités politiques comme l'ex-ministre
socialiste Jack Lang et le leader trotskiste Olivier Besancenot, ainsi que
le diplomate Stéphane Hessel, ancien déporté et corédacteur de la
Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948.
Répondant
aux critiques qui l'accusent de ne pas se mobiliser suffisamment pour ce
détenu, le ministère français des Affaires étrangères a assuré qu'il
saisissait "chaque occasion pour demander aux autorités israéliennes
un geste de clémence" à l'égard de Salah Hamouri.
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