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A
Gaza, une conférence de "psy" sur le blocus... bloquée
RAMALLAH ENVOYÉ SPÉCIAL
C'est une variante à la mode gazawie du sketch de l'arroseur arrosé.
Une histoire absurde comme il en survient tous les jours dans ce territoire
que l'Etat d'Israël a mis en quarantaine depuis que le Hamas y a pris le
pouvoir en juin 2007.
Lundi 27 et mardi
28 octobre, une conférence internationale s'est tenue à Gaza ville pour
discuter des effets du blocus israélien sur la santé mentale des habitants,
à l'initiative du Gaza Community Mental Health Programme (GCMHP), une ONG
spécialisée dans la prévention et le traitement des troubles mentaux. Une
centaine de psychologues, psychiatres et universitaires étrangers étaient
invités aux débats organisés avec le soutien de l'Organisation mondiale de
la santé (OMS).
Or, plus de 80
participants venus des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de Suède ou des
Pays-Bas, n'ont pu se rendre à Gaza. Comme l'arroseur piégé par son
arrosoir, ces éminents spécialistes des situations de sièges ont été
victimes... du siège israélien.
Empêchés de
traverser le terminal d'Erez, qui commande l'entrée dans la bande côtière
palestinienne, ils se sont repliés sur Ramallah, où ils ont suivi la
conférence par vidéo interposée. "Ces gens n'ont pas coordonné leur
venue en avance, affirme Ygal Palmor, porte-parole du ministère des
affaires étrangères israélien. Les Palestiniens doivent comprendre
qu'élire un mouvement comme le Hamas, qui est en état permanent de conflit
avec Israël, a un prix. D'ailleurs, cette conférence a été récupérée par le
Hamas."
La version de Tony
Laurance, représentant de l'OMS dans les territoires occupés, est
rigoureusement contraire. "Il s'agit d'une conférence scientifique
à laquelle le Hamas n'a pris part en aucune manière, dit-il. Nous
avons déposé il y a trois semaines les demandes de permis, et il y a une
semaine, les autorités israéliennes nous ont répondu par la négative."
ENFANTS EN
SITUATION DE SIÈGE
Malgré leur
déception, la plupart des intervenants ont maintenu leur voyage, à l'image
d'Elsa First, professeur de psychologie à l'université de New York. "J'ai
travaillé six mois sur le thème de l'écoute des enfants en situation de
siège. J'en ai même interviewé certains par téléphone, dans
l'attente du voyage. Et un jour, un général à Tel Aviv décide, d'un trait
de stylo, que tout ce travail ne compte pour rien. Quel chutzpah (culot
en hébreu) !"
A Gaza, le docteur
Eyad Sarraj, directeur du GCMHP et modéré notoire, fulmine : "Israël
punit le peuple, pas le Hamas. Un jour, cela se retournera contre
lui." Un mauvais sketch qui pourrait s'appeler l'assiégeur
assiégé...
Benjamin Barthe
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