Rencontre avec Michel Warschawski
Villeneuve d’Ascq 31 octobre 2008
Cette
rencontre avec Michel Warschawski s’est déroulée dans l’après midi du 31
octobre, au siège de la FSU de Villeneuve d’Ascq, avec la participation
d’une dizaine de personnes, dont la moitié de l’AFPS Nord-Pas de Calais.
Elle avait pour ordre du jour :
·
L’état des luttes en Palestine et en
Israël
·
Une
recherche des raisons de la stagnation du mouvement pour la
Palestine en France
Dans son exposé liminaire
Michel Warschawski a notamment indiqué les points suivants :
Il se propose de faire le
point sur le mouvement social en général. Nous sommes en train de subir une
recolonisation du monde, avec la victoire des néo conservateurs aux USA et
en Europe, pour lesquels il s’agit de fermer la parenthèse de la victoire
de 1945 sur le fascisme. Il s’agit d’en finir avec le droit des peuples à
la libération nationale qui avait connu son essor après 1945, avec une
reconnaissance forte des droits (ONU, convention de Genève, …). « La
fête est finie. » Ces droits, et ces conquêtes des peuples, à la
Libération de l’emprise fasciste sur le monde, sont des entraves au marché.
Il faut y mettre fin . Il y a toute une stratégie de remise en
question du droit international. Il s’agit de « fermer la parenthèse
de la décolonisation ».
Israël correspondait au
dernier wagon de la colonisation. La Palestine était le dernier wagon du
mouvement de décolonisation. Avec l’année 2000, c’est le basculement, et le
monde à basculé : « nous sommes à l’ère de recolonisation. Concernant
la Palestine Nétanyahu est le plus représentatif de ce mouvement et joue le
rôle essentiel.
Ce basculement est à
l’échelle de la planète, dans celui-ci intervient le rôle de la chute de
l’Union soviétique. C’est l’ensemble du monde qui a basculé. « Nous
sommes à l’ère de la recolonisation ».
Michel Warschawski précise
qu’ « il ne parle pas de deuxième intifada ». Depuis
2000, Israël recolonise et fait référence au plan « saignée »
pour les Palestiniens. Il s’agit de « reconquérir les acquis
d’Oslo ». Avec Sharon Israël prouve que le « processus de
colonisation » de la Palestine n’est pas terminé. Et s’agit bien d’une
stratégie incluse dans la « stratégie de reconquête » à l’échelle
du monde.
Selon lui il y a
« centralité de la question palestinienne » dans la société
civile internationale. La question palestinienne est présente dans les
forums sociaux, par exemple celui de Florence, en 2004 marqué par une
répression policière terrible. Il y a d’ailleurs en Italie une forte
mobilisation pour la Palestine, et les manifestations peuvent rassembler
des centaines de milliers de participants. Comme il y aussi une vraie
participation des organisations syndicales à la mobilisation, ainsi pour la
CGIL. Cette mobilisation mondiale, correspond à ce qui se passe en
Palestine même : elle est lieu de la « résistance la plus
tenace » avec cette précision : « pas nécessairement la plus
efficace ».
Enfin « se concentrent
là les enjeux de la planète ». Ceci alors que « le mouvement de
solidarité va mal, le mouvement social n’est pas dans son mieux ». Et
il indique ne pas croire que c’est du côté de l’Amérique latine que
s’ouvrirait une issue. C’est pas là que se décidera le sort du monde.
« La situation du
mouvement palestinien n’est pas bonne ». Il y a non seulement ceux qui
sont morts, mais il y a « aussi ceux qui sont groggy ». Il a une
difficulté à se projeter dans l’avenir. Dire que les Palestiniens sont
incapables de se projeter dans l’avenir est vrai et faux aujourd’hui. Le
micro projet, le local, le municipal, en donnent la possibilité. Par contre
le débat, un ou deux Etats, intéresse peu de monde. Il y a
dénationalisation des objectifs stratégiques. Les objectifs politiques sont
mis « de côté ». Il ne faut « pas fatiguer avec une solution
politique ». La solution est vue du côté de « l’investissement
personnel ». « Abbas peut bien négocier ce qu’il veut, il ne
suscite pas de colère ». « Les forces proches des Palestiniens
sont dans les projets ONG ». « Elles se recyclent dans les
projets parce qu’il y a des difficultés à mobiliser ».
« Qu’est-ce qu’on
fait ? » Il ne s’agit pas de se lamenter, il faut
« comprendre pour se réorienter, se réadapter aux réalités du rapport
de force ». Nous avons l’enjeu d’ « être un anti mur. »
La discussion a
notamment porté sur les points suivants :
·
Oslo
·
Avoir une perspective historique, d’où
l’intérêt de l’analyse de Michel Warschawski
·
La radicalisation du mouvement islamiste.
·
Les mouvements de gauche spectateurs de
la situation, comme l’actuelle non intervention du mouvement syndical.
Quelle place tiennent les quartiers et cités populaires dans le mouvement
de soutien à la Palestine ?
·
Nécessité du politique pour le mouvement
de soutien. Il ne peut se contenter de tables avec des produits
palestiniens.
·
La nécessité de se référer aux résolutions
de l’ONU et la place du droit pour la libération de la Palestine.
Dans sa réponse aux
questions et interventions Michel Warschawski a notamment indiqué :
·
Oslo correspond à une décolonisation. Mais
Oslo intervient tard dans le mouvement de décolonisation et c’est « encore plus mauvais ». que
pour d’autres pays où derrière l’indépendance se cachait déjà la
néocolonisation. Oslo a été imposé à Israël. Il y a eu « choix d’un
certain compromis ». Il parle du rêve andalou dont parle Elias Sambar.
Il y a ce dont on rêve et « ce qu’on peut obtenir. »
·
Le chapitre OLP est-il terminé ? Il y a
nécessité de « repenser tout le contexte ».
·
Il indique ne pas croire à l’irréversibilité
de la situation. Des empires entiers ont été réversibles
·
Le fait que, selon lui, la France, son
mouvement social ne soient pas dans les premiers wagons dans la
mobilisation sur les questions internationales, à la différence par exemple
de l’Angleterre ou même de l’Allemagne.
·
Il s’est étonné que la question de l’Islam
et de sa traduction dans la solidarité à la Palestine n’ait pas pris une
place importante dans la discussion.
Ceci a bien sûr relancé le
débat qui n’a d’ailleurs pas été clos dans la mesure où, à Mons en Baroeul,
il devait rencontrer 80 personnes.
Etabli d’après les notes de Jean-François
Larosière
Une autre rencontre s’est
déroulée le soir à la MJC de Mons-en-Barœul :
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