La
Cour suprême d'Israël valide un projet de musée contesté
Jérusalem Correspondant - Michel
Bôle-Richard
Après deux années
de gel des travaux, la Cour suprême d'Israël a donné, mercredi 29
octobre, son feu vert pour la construction en plein centre de Jérusalem
d'un Musée de la tolérance. La haute juridiction a rejeté le recours
d'une organisation islamique s'opposant à la construction de ce complexe
de 21 000 m2 sur un site dont une partie empiète sur un vieux
cimetière musulman. Ce projet avait suscité, il y a plus de deux ans, une
vaste controverse et une bagarre religieuse, politique et historique
entre juifs et musulmans.
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Le cimetière n'est
plus utilisé depuis l'indépendance d'Israël, en 1948. Aujourd'hui, il est
désaffecté mais encore couvert de tombes aux pierres disjointes. Après des
mois de tentatives infructueuses pour trouver une solution, la Cour suprême
a estimé que la majeure partie de ce musée allait être construite sur
l'emplacement d'un ancien parking datant de 1960, pour lequel aucune
objection n'avait alors été présentée et qu'en conséquence les travaux
pouvaient reprendre sur ce site considéré comme public. La Cour a donné
soixante jours aux promoteurs pour trouver une solution afin soit de
déplacer les restes humains dans un autre cimetière, soit de construire une
partie du musée sur des pilotis afin de respecter les tombes, dont
certaines ont près de 400 ans.
PROMOUVOIR
"LA TOLÉRANCE"
La décision de la
Cour a soulevé un concert de protestations chez les musulmans. Le mufti de
Jérusalem, cheikh Mohammed Youssef, a dénoncé "la judaïsation de
Jérusalem" et estimé qu'il s'agissait "d'une
agression". Le porte-parole du Mouvement islamique arabe
israélien, Zahi Nujidat, a parlé "d'oppression ethnique et
religieuse" et le chef du mouvement islamique, cheikh Raed Salah,
a promis "d'activer le monde arabe et musulman" pour
empêcher la construction.
Destiné à
promouvoir "la tolérance entre les peuples", ce projet de
250 millions de dollars (196 millions d'euros) est financé par le Centre
Simon-Wiesenthal de Los Angeles. Aussi appelé Centre pour la dignité
humaine, ce bâtiment doit être construit par l'architecte américain Frank
Gehry. Le projet prévoit que coexistent un centre de conférences, un
théâtre, une bibliothèque et un musée destiné à promouvoir "l'unité
et le respect parmi toutes les croyances".
Le Musée de la
tolérance aurait dû ouvrir ses portes en 2007. Le département israélien des
antiquités a fait remarquer qu'il n'était pas possible d'arrêter un projet
chaque fois que l'on trouve une tombe, car la terre de Jérusalem est
couverte de tombes. "Jérusalem a 3 000 ans, et chaque pierre et
chaque parcelle de terre ont une histoire qui est vénérée par toutes les
confessions", a souligné le rabbin Marvin Hier, fondateur et doyen
du Centre Simon-Wiesenthal. Et il a ajouté : "Nous ferons tout ce
qui est en notre pouvoir pour respecter le passé sacré, mais, en même
temps, nous devons permettre à Jérusalem d'avoir un avenir."
Michel Bôle-Richard
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