International - Article paru le
13 novembre 2008
http://www.humanite.fr/2008-11-13_International_La-bande-de-Gaza-agonise
Palestine
La bande de Gaza
agonise
Plusieurs
enquêtes soulignent l’extrême dégradation de la situation du territoire
soumis au blocus d’Israël : mortalité infantile et taux de chômage
record, secteur sanitaire sinistré.
« Sauvez
Gaza, sauvez la vie des enfants, sauvez notre avenir », tel est le cri
d’alarme que lance Ziad Medoukh, enseignant à l’université Al-Aqsa de Gaza,
qui nous a fait parvenir un constat accablant de la situation. Gaza se
meurt. Ce petit bout de territoire d’à peine 360 kilomètres carrés est
coupé du reste du monde, en raison du blocus imposé par Israël depuis juin
2007. Les 1,5 million d’habitants qui y vivent sont pratiquement
prisonniers : ils ne peuvent pas en sortir.
Le secteur agricole réduit à néant
« La
fermeture de Gaza est une punition tant physique que mentale de la
population », a averti l’Office de secours et de travaux des Nations
unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), dans un
communiqué publié mardi. L’agence des Nations unies a indiqué que ses
distributions alimentaires (blé, viande, lait en poudre et huile) à près de
750 000 Palestiniens de Gaza devront cesser ce jeudi, à moins qu’elle
n’obtienne un accès au territoire occupé.
Il
faut savoir que le nombre de camions de livraison de carburants, de
marchandises et de produits divers nécessaires à l’activité
socio-économique et sanitaire est passé d’environ 300 par jour à la veille
du blocus à 45 au tout début de ce blocus, pour être quasiment nul
aujourd’hui. De ce fait, la pénurie alimentaire a automatiquement entraîné
une hausse des prix dans une région où le taux de mortalité infantile (30
décès pour mille, selon l’OMS) est l’un des plus élevé au monde.
Au
plan économique, sur les 3 900 PME-PMI en activité en 2005, il n’en reste
que 195, qui fonctionnent au ralenti. Les 960 fabriques de vêtements qui
sous-traitaient quelque 5 millions de pièces à destination du marché
israélien sont aujourd’hui à l’arrêt, et leurs 25 000 salariés, désormais
au chômage, sont allés grossir les rangs des 80 % de sans-emploi que
compte le territoire.
Durement
touchée, l’agriculture (70 000 hectares), qui employait plus de 40 000
salariés (12 % de la population active), vivote. L’interdiction
d’exporter les produits agricoles, occasionnant des pertes de 150 000
dollars par jour, ajoutée au manque de semences, d’engrais et d’équipements
agricoles, est en train de réduire à néant ce secteur vital de l’économie.
Plus
graves encore sont les conséquences sur les infrastructures, la santé,
l’éducation et plus généralement la vie quotidienne des habitants de la
bande de Gaza. En matière de construction, tous les projets inscrits dans
le cadre du programme des Nations unies - aménagement du réseau routier et
des rues des villes et des villages, de la voirie, construction
d’universités et d’hôpitaux d’une valeur de 350 millions de dollars, sont à
l’arrêt. La pénurie de médicaments risque de concerner plus de 160 types de
produits dans les prochains jours, rapporte une étude du ministère de la
Santé palestinien.
Faute
de pièces de rechange, 90 appareils médicaux sont en panne. En outre, selon
l’OMS, l’armée israélienne a interdit la sortie à 1 150 malades, dont 210
dans un état préoccupant, pour aller se soigner en Égypte ou en Jordanie,
voire ailleurs. Faute de soins à l’étranger, 259 malades sont décédés
depuis juin 2007. À quoi s’ajoute, selon un rapport de l’OMS, le fait que
« les traumatismes psychologiques et le stress connaissent des niveaux
élevés, surtout chez les enfants et les jeunes adultes ».
Centrales électriques à l’arrêt
En
outre, la pénurie de carburant, qui entraîne de fréquents arrêts des
centrales électriques encore en service, n’est pas sans conséquences sur le
fonctionnement de secteurs vitaux en matière d’hygiène de vie et de
santé : il en est ainsi des services d’adduction d’eau, des stations
d’épuration des eaux usées, du traitement des déchets, et plus généralement
du ramassage des ordures ; faute de carburants et de pièces de
rechange, plus de 50% du parc des véhicules de la ville de Gaza sont à
l’arrêt, et les ordures s’amoncellent à vue d’œil dans les rues de Gaza et
des autres localités.
Hassane
Zerrouky
Publié
aussi par le site de l’AFPS
le 15 octobre : http://www.france-palestine.org/article10369.html
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