Israël
menace le Hamas d'une opération d'envergure
JÉRUSALEM CORRESPONDANT - Michel Bôle-Richard
Accusant le Hamas d'avoir "brisé
le calme et créé une situation de violences continues dans le sud
d'Israël", le premier ministre israélien de transition, Ehoud
Olmert, a demandé, dimanche 16 novembre, lors du conseil des ministres, "aux
services de sécurité de présenter au plus vite un plan d'action afin de
rétablir le calme".
Pour le moment, il ne semble pas qu'une
opération d'envergure soit envisagée à l'encontre des islamistes qui ont
pris le pouvoir dans la bande de Gaza en juin 2007. Mais la dégradation de
la situation préoccupe les autorités civiles et militaires israéliennes
après cinq mois de trêve instaurée entre les deux camps, le 19 juin. En
principe, ce cessez-le-feu tacite devait durer au moins six mois mais une
incursion de Tsahal dans la bande de Gaza le 5 novembre, à la suite de la
découverte d'un tunnel, a de nouveau mis le feu aux poudres.
Depuis cette date, quinze militants armés
palestiniens ont été tués et près de 170 roquettes ou obus de mortiers
(selon le décompte de l'armée) ont été lancés vers le sud d'Israël,
notamment en direction des villes de Sderot et d'Ashkelon, sans toutefois
faire ni de dégâts ni de victimes à part quelques blessés légers. Mais le
retour de cette insécurité dans les villes frontalières et l'utilisation
par le Hamas ou les comités de la résistance populaire de roquettes de type
Grad, d'une portée supérieure et avec une charge explosive plus importante
que les Qassam artisanales, inquiètent les autorités israéliennes.
Eli Yishaï, vice-premier ministre, a
demandé "la destruction du quartier général du Hamas par voie
aérienne". Shaul Mofaz, ministre des transports, a proposé la
reprise des assassinats ciblés. Avigdor Lieberman, leader d'Israël
Beiteinou (Israël notre maison), a reproché au ministre de la défense,
Ehoud Barak, d'être trop timoré.
Ce dernier estime en effet que la trêve
n'est pas tout à fait compromise et que "si l'autre camp veut
l'accalmie, (nous) considérerons cela sérieusement". "La
poursuite de la trêve est conditionnée à l'arrêt de la machine de guerre
sioniste qui tue des Palestiniens et à la fin du siège injuste", a
fait savoir Ismaïl Haniyeh, premier ministre du gouvernement Hamas.
Quelle décision va prendre M. Olmert ? Le
premier ministre sur le départ n'a jamais caché son hostilité au
cessez-le-feu, estimant que l'accalmie est mise à profit par le Hamas pour
renforcer ses capacités opérationnelles et son armement. Lors d'une visite
dans le sud d'Israël, le 11 novembre, il avait affirmé : "La
confrontation avec le Hamas est inévitable. C'est seulement une question de
temps."
Les islamistes sont officiellement
favorables à une poursuite de la trêve mais font remarquer qu'en échange
les Israéliens n'ont pas permis un desserrement du blocus auquel est soumis
la bande de Gaza depuis dix-sept mois.
Le regain de tension a entraîné une
fermeture totale de tous les points de passage, qui a occasionné une
pénurie de denrées alimentaires et l'arrêt de l'unique centrale électrique
de la bande de Gaza en raison du manque de carburant. Cette centrale
fournit 32 % de la consommation. Ce territoire de 360 km2 et son
1,5 million d'habitants sont totalement coupés du monde. Plus rien, ni
personne ne rentre ou ne sort de la bande de Gaza, interdite aux diplomates
et aux journalistes. La noria d'une centaine de camions qui, chaque jour,
permet de maintenir la population sous perfusion a été stoppée. Seuls les
cas humanitaires sont autorisés à franchir le point de passage d'Erez,
situé au nord de la bande de Gaza. La raison invoquée est la sécurité. Pour
le moment, les appels venus de toutes parts pour desserrer l'étau du siège
n'ont eu aucun écho.
Michel Bôle-Richard
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