Analyse
:
Le
ghetto de Gaza
par Kharroubi Habib
Le retour aux urnes, et par conséquent à la souveraineté populaire,
est de prime abord la solution de sagesse à laquelle devraient recourir les
Palestiniens pour mettre un terme aux déchirements qui ont eu raison de
leur unité nationale, au grand bénéfice de l'ennemi sioniste. Sauf que les
fractions rivales qui se disputent les miettes de pouvoir dans les
territoires palestiniens ne sont pas d'accord sur les conditions de ce
retour aux urnes.
Pour le Hamas, s'il faut revenir au suffrage populaire, c'est
uniquement dans le cadre d'une élection présidentielle, du moment que le
mandat de Mahmoud Abbas est arrivé à expiration. Lequel, exploitant la
situation confuse et dramatique que traverse son peuple, s'est octroyé une
«rallonge» en se faisant réélire président de l'Autorité palestinienne par
le conseil national de l'OLP, et non par les électeurs palestiniens, comme
le prévoit la Constitution.
Ni le Fatah ni le Hamas ne sont en fait favorables à porter
leur différend devant leur peuple. Les deux factions redoutent la sanction
de celui-ci, mécontent et victime de leurs agissements irresponsables. De
toute façon, au point atteint par leur rivalité, il sera impossible à l'une
ou à l'autre d'imposer sa stratégie et sa démarche ailleurs que dans le
territoire qu'elle contrôle
Si elles sont mues par le patriotisme et la défense de la
cause nationale palestinienne, ces deux organisations devraient d'abord,
dans l'urgence et sans condition, poursuivre leur dialogue avec pour vision
la reconstitution de l'unité nationale face au péril existentiel auquel le
peuple palestinien est confronté.
La population de Gaza et même celle de Cisjordanie n'en
peuvent plus avec les conditions de vie auxquelles elles sont réduites par
la politique et le comportement de l'Etat hébreu à leur égard. Leur
désarroi s'aggrave de cette trahison de leurs principales organisations
qui, au lieu de taire divergences et différends, les étalent sans se
préoccuper que cela fasse le jeu de l'ennemi commun. Jamais le peuple
palestinien ne s'est retrouvé aussi désarmé et impuissant et cela par la
faute en premier de ses dirigeants nationaux. N'est-ce pas aussi cet état
de fait qui est cause que l'opinion internationale soit aussi peu mobilisée
par ce qui se passe présentement dans la bande de Gaza ? Pour autant, cela
n'atténue nullement le scandale de son indifférence.
Car ce qui est en train de s'accomplir à Gaza est tout
simplement l'abject remake de ce que les nazis ont fait contre le ghetto de
Varsovie durant la Seconde Guerre mondiale. Et l'indicible cette fois est
que les criminels sont les propres héritiers des victimes du ghetto de
Varsovie. C'est peut-être l'autre raison qui chloroforme les consciences
habituées à s'indigner au seul souvenir du crime de Varsovie.
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