L I B E R T É - H E B D O • d u 28 novembre
au 54 décembre 2008
Il milite pour « faire tomber
les murs »… Israël le bloque à l’aéroport de Paris !
« Ideal
activism ». Ces deux mots barrent
un document qui motive l’interdiction d’entrer sur le territoire israélien,
opposée à Yann Leroy, responsable des relations internationales de la
Jeunesse communiste.
Le jeune
homme, étudiant lillois, devait se rendre à Tel Aviv, puis en Palestine,
dans le cadre d’une « brigade de solidarité » organisée par la Fédération
mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD). En arrivant à l’aéroport de
Roissy Charles De Gaulle, au moment d’enregistrer ses bagages au guichet de
la compagnie israélienne, il fait l’objet d’un contrôle d’identité.
Première surprise, ces personnes chargées de la sécurité parlent anglais et
sont visiblement de nationalité israélienne. Yann est questionné sur ses
voyages précédents, son passeport indiquant, parmi les destinations, le
Vénézuela, le Maroc, l’Égypte, et surtout le Liban. «Mon erreur a sans doute été de répondre que je me rendais en Palestine
dans un but touristique » explique-t-il.
Il est alors entraîné dans un « box en
béton » situé dans le hall de l’aéroport.
Et il subit alors un interrogatoire en règle. « On m’a fait retirer mes vêtements. Ils les ont emmenés, avec
mes bagages. Pendant plus de deux heures, trois personnes différentes vont
me “cuisiner”, me poser plusieurs fois la même question, m’accuser de mentir.
Mon téléphone portable a été démonté. J’ai dû m’expliquer sur certains
contacts. À aucun moment, je n’ai bu bénéficier d’un interprète » témoigne-t-il.
Armé d’un… pin’s !
En
découvrant un pin’s déclarant « Faisons tomber les murs », thème d’une
campagne menée par de nombreuses organisations françaises en faveur d’un
monde plus fraternel, les agents estimeront avoir trouvé la preuve qui leur
manquait. Le slogan est plutôt pacifiste, mais il est visiblement
interprété comme une agression envers Israël. C’est en vrac et de manière peu
respectueuse que les affaires du jeune homme lui seront rendues. Avec,
donc, ce document, un fax du ministère de l’Intérieur israélien qui lui
interdit l’embarquement pour « ideal activism ».
Restent
ces questions : l’engagement pacifiste d’un jeune homme « armé » d’un pin’s peut-il
justifier une telle atteinte à la liberté de circuler ? Comment expliquer
que, dans l’enceinte d’un aéroport français, un citoyen français puisse
être retenu à fins d’interrogatoire par des personnes de nationalité
étrangère, sans la moindre assistance ? Des questions qu’ont bien l’intention
de poser les représentants des groupes PCF au Sénat et à l’Assemblée nationale
qui ont apporté leur soutien au jeune militant.
Bruno
CADEZ
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