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   International - Article paru le 4 décembre 2008

http://www.humanite.fr/2008-12-04_International_Les-eurodeputes-sceptiques-sur-un-statut-special-pour

Les eurodéputés sceptiques sur un statut spécial pour Israël

UE-Israël . Le Parlement européen a décidé de reporter son vote
 concernant un « rehaussement » des relations de l’Europe avec Tel-Aviv.

À une nette majorité, le Parlement européen a décidé de ne pas suivre le Conseil des ministres des Affaires étrangères et a purement et simplement reporté le vote concernant le rehaussement du statut d’Israël. Un vote d’autant plus remarquable que la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, était venue en personne, la veille, à Bruxelles, devant la commission des Affaires étrangères du Parlement.

Le « rehaussement » dont il est question donnerait tout simplement un statut spécial à Israël et en ferait quasiment un membre à part entière de l’Union européenne. C’est un camouflet pour Nicolas Sarkozy, actuel président de l’UE, qui, le 23 juin dernier, devant la Knesset (le Parlement israélien), annonçait que « la France travaillerait au rehaussement des relations entre l’Union et Israël ». C’est pourquoi il a fait accélérer le processus. « Nous avions cru comprendre qu’on aurait le temps de voir les progrès accomplis sur le terrain, mais les choses se sont précipitées », a indiqué à l’Humanité l’eurodéputée Véronique De Keyser (PSE), qui, immédiatement après le vote, s’est exclamée : « L’honneur du Parlement est sauvé. »

Ce vote a été obtenu après que Francis Wurtz, président du groupe GUE-GNL au Parlement européen, fut intervenu pour demander une modification de l’ordre du jour. En clair, alors que les eurodéputés doivent donner un avis conforme en disant oui ou non, Francis Wurtz leur proposait de reporter la question. L’argument amené à la tribune du parlement a porté et a su capter les voix des socialistes et des Verts européens (Cohn-Bendit est intervenu en ce sens, tout en soulignant qu’il serait fou de ne pas rehausser le statut d’Israël). Francis Wurtz s’est appuyé sur ce que préconisait la délégation du Parlement qui s’est rendue en Israël et dans les territoires palestiniens en mai dernier (à laquelle participaient tous les groupes).

Les eurodéputés demandaient « qu’il y ait des signes sérieux de bonne volonté traduits par des réalités tangibles sur le terrain par Israël ». Le président de la GUE notait que ces signes n’ont pas été donnés et qu’un an après la conférence d’Annapolis il convenait de reporter tout vote du Parlement jusqu’à ce que des « signes de bonne volonté » soient donnés par Tel-Aviv.

Accorder un tel statut reviendrait à accorder une prime à l’occupation, selon la formule d’un député européen. Comme le soulignait Francis Wurtz devant le Parlement européen le 5 juin : « Ce qu’on attend de l’Europe au sud de la Méditerranée à ce propos, c’est qu’elle surmonte enfin ce que l’ancien représentant du secrétaire général des Nations unies, M. de Soto, appela fort justement "l’autocensure" à l’égard d’Israël concernant la violation permanente du droit international. »

Tout le monde comprend bien que l’enjeu est purement politique, puisque, selon le fait accompli, cher aux dirigeants israéliens, Tel-Aviv participe déjà à plus de 600 programmes de recherches. La manoeuvre est, de plus, habile : elle tente d’enfermer le débat sur la sanction ou non de la société civile israélienne - en l’occurrence les scientifiques -, qui serait la bénéficiaire de tels programmes. Si l’on ajoute à cela les campagnes de lobbying et les pressions (dénoncées y compris par Véronique De Keyser : « Nous sommes victimes de pressions, traités d’antisémitismes », assure-t-elle), on comprend les difficultés du débat. Le report décidé hier a été appuyé par le PCF, de nombreuses associations et Leïla Shahid, déléguée générale de Palestine auprès de l’UE, qui demandait « de ne pas accorder ce privilège à Israël avant qu’il mette en oeuvre les principes de la paix ».

Pierre Barbancey

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