En dépit d’allégements,
le blocus de Gaza accentue la pauvreté et la misère
Le bouclage strict du territoire contrôlé
par le Hamas depuis juin 2007 s’est renforcé à la suite de la reprise des incursions
israéliennes et des tirs palestiniens. Ces violences menacent une trêve
fragile en vigueur depuis le mois de juin
JÉRUSALEM
CORRESPONDANT
Depuis un mois, le blocus israélien de la bande
de Gaza s’est intensifié. La marine israélienne a intercepté, lundi 1er décembre,
un bateau libyen chargé de 500 tonnes d’huile, de 750 tonnes de lait, de
riz, de farine de blé, de médicaments. L’Al - Marwa a été
contraint de rebrousser chemin. ≪ L’acheminement de
l’aide humanitaire doit se faire en coordination avec les autorités israéliennes.
La Libye est un pays hostile ≫, rappelle Igal Palmor, porte-parole
du ministère israélien des affaires étrangères.
Une association de bienfaisance du Qatar a
décidé, à son tour, d’envoyer un bateau pour tenter de briser le blocus,
alors que l’approvisionnement de Gaza se fait exclusivement via Israël.
Quelles sont ses chances de réussite ? ≪ Nous jugeons au
cas par cas ≫, indique M. Palmor.
Depuis le mois de juillet, seuls trois bateaux en provenance de Chypre ont
été autorisés à accéder au port de Gaza. En dépit d’un début de
mobilisation internationale, Israël refuse toujours de desserrer son étau
sur ce territoire pratiquement coupé du monde depuis la prise du pouvoir
par le Hamas à la mi-juin 2007.
L’étranglement s’est considérablement accru
depuis le 5 novembre, date à laquelle la trêve qui prévalait depuis le 19
juin a été malmenée en raison d’une intervention de Tsahal consécutive à la
découverte d’un tunnel à proximité de la frontière avec Israël. Depuis, la
noria des camions approvisionnant les Gazaouis en produits de base s’est
considérablement réduite, même si un convoi a été autorisé jeudi 4
décembre, à la veille de la fête qui marque la fin du pèlerinage à La
Mecque.
L’organisation non gouvernementale Oxfam
international estime que le volume des marchandises a été ramené à 8 %de ce
qui prévalait avant le blocus. Une pénurie frappe la plupart des produits
de première nécessité. Des dizaines de boulangeries ont dû fermer faute de
farine ou de carburant pour faire tourner les générateurs. Les 1,5 million d’habitants
sont confrontés à des coupures d’électricité de plus de douze heures par
jour. Les pompes pour les puits et le retraitement des eaux usées ne peuvent
fonctionner. Le gaz en bouteille pour la cuisine est devenu une denrée
rare.
Dans les hôpitaux, des médicaments manquent et
les groupes électrogènes ne disposent de carburant que pour deux jours au
plus. Les billets de banque se font également de plus en plus rares. Les
prix ont doublé, voire triplé. Le trafic entretenu par des centaines de
tunnels creusés sous la frontière avec l’Egypte permet de réduire l’impact
du blocus, mais plus d’un million de personnes dépendent totalement de l’aide
humanitaire pour survivre.
≪
Plus de 50 % des familles vivent désormais en dessous du
seuil de pauvreté ≫, a indiqué
Filippo Grandi, commissaire adjoint de l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les
réfugiés palestiniens. ≪ Il s’agit d’une
violation massive des droits de l’homme ≫, a
déploré Maxwell Gaylard, coordinateur humanitaire de l’ONU pour les territoires
palestiniens. Les frontières restent hermétiquement fermées. Les diplomates
et les journalistes éprouvent les plus grandes difficultés à se rendre à Gaza,
tout comme l’archevêque Antonio Franco et deux prêtres, bloqués au passage
d’Erez, dimanche 23 novembre. Seuls quelques représentants d’organisations
humanitaires ont été autorisés à passer en novembre.
L’association des correspondants étrangers (FPA)
avait été contrainte de saisir la Cour suprême israélienne contre ≪
cette violation de la liberté de la presse alors qu’Israël affirme
qu’elle est une démocratie et respecte la liberté
des medias ≫, a déclaré Steven Gutkin,
président de la FPA. Elle a obtenu partiellement satisfaction, jeudi, même
si la menace plane d’une nouvelle fermeture en cas de tirs de roquettes ou d’obus
de mortier. ≪ Il n’est pas possible de risquer la
vie de notre personnel ≫, fait remarquer Igal Palmor
qui rappelle que, vendredi 28 novembre, huit soldats ont été blessés par
des tirs de mortiers dans une base militaire près de la frontière. L’un d’entre
eux a été amputé d’une jambe. Depuis un mois les escarmouches n’ont pas
cessé. Tsahal a procédé à cinq incursions. Tous les jours ou presque, les projectiles
explosent sur le sol israélien, la plupart du temps sans faire ni dégâts ni
victimes. La trêve doit s’achever théoriquement le 19 décembre.
Petit à petit, la bande de Gaza s’enfonce dans
la misère, la pénurie et la détresse. Le 16 février 2006, un conseiller d’Ehoud
Olmert, Dov Weissglass, avait ainsi défini, selon la presse israélienne, la
politique de sanctions consécutive à la victoire du Hamas aux élections
législativesdu25janvier :≪ C’est une diète.
Les Palestiniens vont perdre un peu de poids mais ils ne vont pas mourir ≫. a
Michel
Bôle-Richard
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