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logohuma-small.gif   International - Article paru le 16 décembre 2008

Prisonniers palestiniens libérés au compte-gouttes

224 des 11 000 Palestiniens retenus dans les geôles israéliennes recouvrent la liberté.
Le jeune Franco-Palestinien Salah Hamouri reste incarcéré, comme Marwan Barghouti.

« La libération des prisonniers a commencé. Elle devrait s’achever dans une heure », déclarait, hier matin à l’AFP, le porte-parole de l’administration pénitentiaire israélienne. Les 224 Palestiniens devaient être libérés le 7 décembre au plus tard, à la veille de l’Aïd, qui commémore le sacrifice d’Abraham, afin qu’ils puissent passer les fêtes dans leur famille. Mais leur remise en liberté a été retardée à la suite de deux recours introduits auprès de la Cour suprême par des organisations juives extrémistes arguant qu’une fois libres les prisonniers risquaient de « reprendre leurs actions terroristes ».

la liste des libérables passée à la loupe

La commission spéciale du gouvernement israélien, qui a passé à la loupe la liste des prisonniers « libérables », a fait en sorte que ne figure aucune personne ayant été impliquée dans des attaques dites terroristes,

ni qu’aucune ne soit membre du Hamas. De plus, Israël a poussé le cynisme jusqu’à considérer ce principe d’une libération de prisonniers palestiniens, approuvée le 30 novembre dernier par son gouvernement, comme un geste de soutien au président palestinien, Mahmoud Abbas.

Hier, à la mi-journée, deux premiers bus transportant les prisonniers tout juste libérés ont quitté le camp de détention d’Ofer, en Cisjordanie, gagnant un premier check-point militaire de Beitounya, à l’entrée de Ramallah, où ils ont été accueillis par des centaines de personnes en liesse, brandissant des drapeaux du Fatah, mouvement auquel appartiennent la majorité des ex-détenus. Ils ont été ensuite accueillis par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, au siège de l’Autorité palestinienne de Ramallah, avant de regagner leurs foyers. Un deuxième groupe de 18 prisonniers ont été libérés dans la bande de Gaza.

« Mon bonheur est indescriptible. Il n’y a rien d’équivalent au monde. Je n’arrive pas à parler », a confié la mère de Mohamed Abdou, citée par Reuters, un militant du Fatah qui a purgé sept de ses treize ans de condamnation. « Mon fils avait été incarcéré une semaine après son mariage. Nous sommes très heureux de le voir en liberté. Nous espérons que tous les prisonniers seront bientôt libres pour que toutes les familles soient heureuses », a déclaré la mère d’Abed Rahmane Moustafa, libéré au bout de dix-huit mois de détention.

Reste toutefois à savoir dans quelle mesure la plupart des prisonniers libérés n’étaient pas en fin de peine : en effet, en août dernier, une bonne partie des 180 prisonniers libérés avaient pratiquement accompli leurs peines de prison. Il ne restait plus à certains qu’à purger au plus de un à quelques mois pour être libres !

Salah Hamouri, lui, ne fait pas partie des détenus remis en liberté. Ce jeune Franco-Palestinien, dont la mère - Denise est originaire de Vennes (Ain), condamné en 2005, purge une peine de sept ans de prison, infligée par un tribunal militaire israélien au terme d’une parodie de procès. Son crime ? Être né palestinien. Et de par ce statut, le fait d’être passé avec un ami devant le domicile du rabbin ultrareligieux Shass, Yossef Obadia, lui a valu d’être accusé (sans la moindre preuve) de faire du repérage en vue d’un attentat contre le religieux d’extrême droite. Quant à Marwan Barghouti, chef

du Fatah de Cisjordanie, condamné à la prison à vie, il est peu probable qu’il soit - libéré un jour.

Quoi qu’il en soit, ces libérations au compte-gouttes - plus de 11 000 Palestiniens sont détenus en Israël dont beaucoup étaient des enfants au moment de leur incarcération - sont symptomatiques de cette violence institutionnelle à l’endroit des Palestiniens en situation d’occupation. Ces derniers n’ont d’ailleurs d’autre recours que la lutte - principe reconnu par la Convention de Genève à tout peuple qui n’accepte pas l’occupation de son pays - pour faire valoir leurs droits.

Hassane Zerrouky

 

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