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Jean-Claude Lefort

227 prisonniers palestiniens libérés

mais pas Salah Hamouri !

Jean-Claude Lefort, Député honoraire
16 décembre 2008

Dans un geste qui a été déclaré « de soutien à Mahmoud Abbas », les autorités israéliennes viennent de libérer 227 prisonniers palestiniens sur les 11.000 qui sont toujours incarcérés dans les prisons de la force occupante des Territoires palestiniens.

Dès que cette décision de M. Olmert a été annoncée, il y a plusieurs semaines, nous sommes intervenus avec insistance auprès des diverses autorités françaises, de manière personnelle ou collective, pour que notre compatriote Salah Hamouri fasse partie impérativement de ces libérations. 

Mais Salah Hamouri est toujours en prison.  Il n’y a pas mille questions à se poser pour expliquer cette situation : si notre compatriote est toujours en prison c’est que les autorités françaises n’ont pas exigé sa libération.  

C’est un scandale politique de plus dans cette affaire dont elles portent l’entière responsabilité, à commencer par le Président de la République en personne et son ministre des Affaires étrangères. Lourde est ainsi confirmée une fois de plus leur irresponsabilité.

Salah Hamouri est un jeune franco-palestinien de naissance mais non pas de droit. Habitant Jérusalem sa nationalité palestinienne lui est refusée par ceux-là même qui occupent militairement la partie de la ville où il demeure. Il est donc juridiquement Français et uniquement Français. Notre pays a donc des devoirs particuliers indiscutables à son endroit.

D’autant plus que Salah Hamouri n’a commis strictement aucun acte délictueux, encore moins d’acte criminel. Rien, aucune preuve, aucun fait ne sont venus étayer l’accusation ignoble du tribunal militaire israélien occupant qui l’a condamné à 7 ans de prison après avoir exercé sur lui un chantage honteux, digne du sinistre système dit « des aveux » connus par ailleurs en d’autres temps et en autres lieux.

Tout cela les hauts responsables français savent parfaitement tout cela. Mais à l’inverse de Gilad Shalit qui est dans une toute autre situation – il a été capturé en uniforme sur son char durant opération de guerre – pour qui ils demandent haut et fort la libération sans condition, les autorités françaises acceptent lâchement l’inacceptable pour Salah Hamouri et ils se plient lamentablement devant les desiderata autorités israéliennes occupantes.

Pour Salah ce n’est pas la libération qui est demandée officiellement. Pour lui c’est « le bâillon pour la bouche et pour la main le clou. »

Si les autorités françaises renoncent ainsi à leurs devoirs les plus élémentaires, si elles souhaitent qu’un silence épais entoure cette affaire dans laquelle elles se montrent indignes, cela ne peut nous amener à accepter pour autant que le droit et la liberté s’appliquent partout sauf en Israël. Etre ami de ce pays ne veut pas dire lui être soumis. C’est pourtant cette voie qui a été volontairement, et depuis le début, choisie par les autorités françaises. Salah est un otage de cette politique inconsidérée. Salah est aussi finalement l’otage de la France, lui qui est un Français. 

Que les responsables de notre pays délaissent ainsi délibérément le combat pour les libertés et la justice signe leur alignement sur la politique d’occupation israélienne. Cela ne peut que nous encourager à poursuivre notre juste combat : liberté pour Salah ! Nous n’aurons de cesse de nous faire entendre en ce sens.

Alors que les fêtes de Noël approchent ainsi que celles de fin d’année nous pensons à Salah en prison et nous l’assurons, ainsi que sa famille, de notre solidarité active et de notre détermination à poursuivre notre juste combat pour sa libération.

Ainsi, grâce à notre mobilisation diverse et amplifiée, il sera manifesté que la France a renoncé à être la France. Quand tant lui tourne le dos nous lui restons fidèles en défendant, sans œillères d’aucune sorte, les droits de l’Homme. Salah Hamouri est un symbole de ce combat que nous ne déserterons pas à l’inverse de ceux qui gouvernent avec tant de mépris et d’insolence ostensibles devant les réalités et le droit.

 

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