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La trêve entre l'armée israélienne
 et le Hamas en question

Article paru dans l'édition du 16 décembre 2008

Six mois après son entrée en vigueur le 19 juin, la trêve tacite instaurée entre le Hamas qui contrôle le territoire palestinien de Gaza et Israël va-t-elle être rompue ? "Sachant que l'ennemi ne respecte pas ses engagements et que le siège est toujours en place contre notre peuple, la trêve prend fin le 19 décembre et ne sera pas renouvelée", a déclaré, dimanche 14 décembre, Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Mouvement de la résistance islamique, en exil à Damas. En revanche, Ismaïl Haniyeh, premier ministre du Hamas à Gaza, a été beaucoup moins péremptoire. Lors d'un gigantesque rassemblement organisé dans la ville de Gaza pour fêter le 21e anniversaire de la création du mouvement islamiste, il a accusé l'Etat juif de "violer" la trêve mais n'a pas précisé s'il était opposé à sa reconduction. Il s'est borné à déclarer que "l'ennemi ne cesse pas ses agressions, il poursuit son siège et laisse fermés les points de passage".

Alors qu'un calme relatif a prévalu pendant cinq mois, le cessez-le-feu a été rompu depuis le 4 novembre à la suite d'une incursion de Tsahal dans la bande de Gaza pour détruire un tunnel creusé, selon l'armée, en direction d'Israël. Depuis cette date, plus de deux cents roquettes et obus de mortiers sont tombés sur Israël sans faire de victimes. Le blocus a, de ce fait, été encore renforcé. Et la question qui se pose avec de plus en plus d'acuité est de savoir si le cessez-le-feu peut encore être maintenu.

Ce ne serait pas la première fois que les dirigeants de la bande de Gaza ne suivent pas au pied de la lettre les directives de Damas. La décision définitive devrait intervenir dans quelques jours. Les dirigeants du Hamas à Gaza estiment que la trêve n'a pas permis de réduire un tant soit peu les contraintes israéliennes imposées à 1,5 million d'habitants. Les points de passage sont restés hermétiquement fermés. S'il n'y avait les quelques centaines de tunnels creusés sous la frontière égyptienne pour permettre le trafic clandestin de marchandises, la situation serait intenable.

Le Mouvement de la résistance islamique n'est pas, a priori, hostile à une reconduction du cessez-le-feu mais à condition qu'il soit assorti d'améliorations de la situation dans la bande de Gaza. Les autorités israéliennes avaient apprécié, depuis le 19 juin, le calme qui était revenu dans les zones frontalières du Sud, mais avec la reprise des tirs, l'impatience et la colère grondent dans les milieux politiques israéliens. Tzipi Livni, ministre des affaires étrangères en campagne pour les élections législatives, s'est prononcée en faveur d'une intervention militaire, déclarant : "Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser Gaza sous le contrôle du Hamas." Ehoud Barak, ministre de la défense, est beaucoup plus circonspect, estimant qu'une opération militaire comporte de nombreux risques, militaires et politiques.

Amos Gilad, responsable du département politique au ministère de la défense, s'est rendu dimanche au Caire, pour étudier avec les autorités égyptiennes les moyens de reconduire le cessez-le-feu. C'est en tout cas ce que souhaite le gouvernement israélien. Ehoud Olmert, premier ministre de transition, y est favorable à condition que ce soit dans les mêmes termes que l'accord précédent. En échange, le Hamas exige que la situation s'améliore et que l'étau de la bande de Gaza soit desserré. Est-ce que les Egyptiens, médiateurs entre les deux camps, peuvent parvenir à une solution ? Les relations entre Le Caire et le mouvement islamique se sont considérablement dégradées. Le Hamas reproche au régime du président Hosni Moubarak de ne pas permettre l'ouverture du point de passage de Rafah pour alléger le blocus. Et les autorités égyptiennes n'ont toujours pas digéré que la tentative de réconciliation entre le Hamas et le Fatah, prévue le 10 novembre, ait été torpillée par les islamistes qui exigeaient que la centaine de militants du Hamas emprisonnés par l'Autorité palestinienne en Cisjordanie soient libérés.

Le Caire supporte de plus en plus difficilement "la création d'un Etat islamique à sa frontière", comme l'a déclaré Moustafa Al-Fekki, président de la commission des affaires étrangères du Parlement égyptien. Dimanche, Ahmed Abou Al-Gheit, ministre égyptien des affaires étrangères, a carrément mis en cause l'Iran, accusant le régime islamiste de Téhéran "de répandre et d'imposer ses vues sur la région et d'utiliser les Palestiniens pour des objectifs iraniens".

La réconciliation avec le Fatah apparaît également de plus en plus éloignée. Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, a averti que d'ici à la fin de l'année 2009, il allait convoquer des élections législatives et présidentielle. Le Hamas qui refuse de voir le mandat du Parlement (qu'il domine) écourté d'un an, s'y oppose. Il a prévenu que la légitimité du président Abbas ne serait plus reconnue à l'échéance du mandat de ce dernier, le 9 janvier.

Michel Bôle-Richard

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