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Article paru dans l’édition du 18 décembre
2008 Le Hamas récuse les
élections législatives anticipées promises par M. Abbas GAZA ENVOYÉ SPÉCIAL Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, a
annoncé, mardi 16 décembre qu'il allait convoquer "très
prochainement" des élections présidentielles et législatives. La
veille, il s'est entretenu avec les membres de la commission électorale afin
de fixer une date. Celle-ci pourrait être annoncée avant la fin du mois,
c'est-à-dire avant l'expiration du mandat de quatre ans de M. Abbas, qui
s'achève le 9 janvier 2009. En principe, le double scrutin devrait avoir lieu
dans un délai de 90 jours. Mais le Hamas, qui a pris le contrôle de la bande
de Gaza en juin 2007, refuse cet appel aux urnes, estimant que le terme légal
du Conseil législatif palestinien (Parlement, élu en 2006) s'achève
normalement le 25 janvier 2010. Le Mouvement de la résistance islamique (Hamas), qui avait
remporté la consultation de 2006, estime que le président Abbas outrepasse
ses droits en convoquant ces élections (en s'appuyant sur une disposition
juridique prévoyant la simultanéité des scrutins) et a affirmé que ce dernier
n'aura plus aucune légitimité à compter du 9 janvier. Les islamistes
désiraient que le président du Conseil législatif, Abdelaziz Doueik, le
remplace comme le prévoient les textes et décide avec les députés de la
procédure à suivre. Or, ce dernier, arrêté en août 2006, a été condamné, mardi, à
trois ans d'emprisonnement et ne sortira donc qu'en août 2009. Le Hamas a
l'intention de le remplacer par le président par intérim du Conseil
législatif, Ahmed Baher, mais il lui faut compter avec le fait que 33 députés
islamistes sont toujours incarcérés en Israël (ils avaient été arrêtés après
l'enlèvement du caporal Gilad Shalit le 25 juin 2006) et que la coupure
totale entre la Cisjordanie et la bande de Gaza rend impossible la réunion de
tous les députés palestiniens. Dans ces conditions, on voit mal comment un scrutin pourra
être organisé dans les deux territoires. S'il a lieu uniquement en
Cisjordanie, il consacrera la séparation de ces deux entités qui existe déjà
de facto. Le négociateur Saeb Erakat s'y refuse. Fawzi Barhum, porte-parole
du Hamas, n'exclut pas vraiment un scrutin présidentiel mais rejette
catégoriquement des législatives anticipées. DES CENTAINES D'ARRESTATIONS Dans un premier temps, Mahmoud Abbas avait projeté de
prolonger son mandat d'un an en utilisant un artifice juridique pour faire
coïncider les deux élections en 2010. Il comptait s'appuyer sur une décision
du Conseil national palestinien, organisme de l'OLP (Organisation de libération
de la Palestine) dans laquelle le Hamas n'est pas représenté. Les islamistes
ont vivement protesté et ont décidé que, quoi qu'il advienne, les portraits
de Mahmoud Abbas seront décrochés des murs dans la bande de Gaza le 9
janvier. Selon un sondage publié la semaine dernière à Ramallah, une forte
majorité de Palestiniens (64 %) est hostile à la prolongation du mandat de M.
Abbas. Les dernières tentatives de réconciliation entre les deux
camps menées sous les auspices de l'Egypte ont totalement échoué. Une
rencontre prévue au Caire a été annulée à la suite du refus du Hamas de
s'associer à cette démarche. Les islamistes reprochant notamment à l'Autorité
palestinienne de mener la chasse aux leurs en Cisjordanie et d'avoir procédé
à plusieurs centaines d'arrestations. Le Hamas estime que les forces de
sécurité du Fatah se sont substituées à celles d'Israël dans ce territoire.
Mahmoud Abbas s'est défendu à plusieurs reprises d'incarcérer des prisonniers
politiques. La guérilla entre les deux camps est permanente. Les
journalistes de Cisjordanie considérés comme proches du Hamas, et notamment
la chaîne de télévision du Qatar Al-Jazira, se sont vus interdire l'accès à
la Mouqata'a, le siège de l'Autorité palestinienne. Lors de la fête de l'Aïd
au début de décembre, les 3 000 Gazaouis candidats au pèlerinage de La Mecque
enregistrés directement auprès de l'administration de Ramallah n'ont pu
quitter la bande de Gaza par décision du Hamas. Michel Bôle-Richard |