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http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5114470 25 décembre 2008 Quand la Mairie de
Paris honore une armée d'occupation! par Brahim
Senouci Bertrand Delanoë et le Conseil de
la Ville de Paris viennent de se distinguer, une nouvelle fois, dans le
registre, désormais habituel, de l'ignominie. Ils viennent, en effet,
d'élever un certain Gilad Shalit au rang de citoyen d'honneur de la Ville.
Gilad Shalit est ce jeune soldat israélien, par ailleurs détenteur de la
citoyenneté française, capturé par le Hamas, il y a deux ans et détenu depuis
par ce mouvement. Une vaste campagne internationale a été lancée pour appeler
à sa libération, campagne relayée notamment par Ingrid Betancourt. Les autorités de la République française déploient une intense
activité diplomatique pour y parvenir. Concomitamment, Salah Hamouri, résident à Jérusalem, de père
palestinien et de mère française, était jeté en prison par les autorités
israéliennes. Son crime: être passé en voiture devant le domicile du rabbin
Ovadia Yossef et «avoir ralenti» à sa hauteur. On peut comprendre que, poussé
par la curiosité, il ait éprouvé l'envie de jeter un coup d'oeil à la porte
derrière laquelle sévit ce personnage, surnommé «le rabbin exterminateur» par
une journaliste française. Qu'on en juge. Chef spirituel du parti Shass
(parti regroupant des juifs sépharades), Ovadia Yossef a proposé une méthode
radicale pour en finir avec la question palestinienne et l'Intifada. «Il
faut, a-t-il dit, depuis la chaire de sa synagogue de Jérusalem, anéantir les
Arabes. Il ne faut pas avoir pitié d'eux, il faut leur tirer dessus avec des
super-missiles, les anéantir, ces méchants, ces maudits.» Par ailleurs, il
assimile les Arabes à des «serpents, êtres nuisibles et venimeux». Pour
autant, aucune preuve d'un projet d'assassinat d'Ovadia Yossef n'a pu être
établi contre Salah. Pas d'arme, pas de document. L'accusation d'appartenance
à un mouvement interdit, en l'occurrence le FPLP de feu Georges Habbache, a,
elle aussi, fait long feu. La justice militaire (qui est, selon le mot de
Clémenceau, à la justice ce que la musique militaire est à la musique) l'a,
cependant, condamné à sept ans de prison aux termes d'un chantage odieux.
Salah a été contraint d'«avouer» l'intention de meurtre faute de quoi il
aurait été soumis à une peine de quatorze ans! C'est une démarche coutumière
dans la belle démocratie israélienne. 95 % des détenus palestiniens sont
obligés, ainsi, à confesser des délits imaginaires pour voir «allégées» leurs
peines. Quid de l'attitude des autorités françaises à l'égard de Salah,
leur ressortissant? Seul, le mot «indigne» peut la qualifier. Bernard
Kouchner, le chantre des Droits de l'Homme, reprend, point par point, le
discours israélien. Au lieu de dénoncer le scandale que constitue son
emprisonnement, il se contente d'appeler à une solution «humanitaire»! Denise, la maman de Salah, a écrit une lettre émouvante aux
parents de Gilad Shalit, leur demandant d'intercéder pour son fils auprès des
autorités israéliennes et françaises puisqu'ils y avaient accès. Le père de
Gilad Shalit a, en retour, formé le voeu d'une libération de leurs deux
enfants. Voilà une démarche humaine qui aurait mérité d'être entendue par les
politiques, ce qui n'a pas été le cas. Bien au contraire, le Conseil de la Ville de Paris, dans sa
majorité, a choisi de mettre à l'honneur un soldat d'une armée d'occupation
et d'ignorer le déni de justice dont fait l'objet un civil innocent, citoyen
français. Le choix de la Ville de Paris n'est plus simplement d'aider un
jeune conscrit à retrouver la liberté. Il se veut un soutien à l'armée
israélienne dans son œuvre de destruction méthodique de la société
palestinienne, ce qu'un sociologue israélien, Baruch Kimmerling, a qualifiée
de politicide et un sociologue palestinien, Salah Abdeljawad, de sociocide.
Quel contraste, note Jean-Claude Lefort, député honoraire, membre du comité
de soutien à la libération de Salah Hamouri, avec les fortes paroles du
Général De Gaulle, prononcées à la mairie de Paris, haut lieu de la
Résistance à l'occupation allemande: «Paris outragé! Paris brisé! Paris
martyrisé ! Mais Paris libéré!» |