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Point de vue La violence n'est
pas une fatalité Article
paru dans l'édition du 31 décembre 2008 page 15 Patrick Baudouin est président d'honneur de la Fédération
internationale des droits de l'homme (FIDH) Michel
Tubiana est président
d'honneur de la Ligue des droits de l'homme (LDH)
La trêve est rompue, dit-on. Interruption momentanée d'une
guerre chaude, voici ce que furent ces six mois où Gaza n'a cessé de
survivre, l'existence de ses habitants étant enfouie dans ces tunnels qui
charroient les biens nécessaires à la vie ou à la mort. Retour aux réalités les
plus crues. On peut détester le Hamas et son refus affiché de l'existence de
l'Etat d'Israël, on peut et on doit aussi rejeter cette violation assumée par
tous de s'en prendre aux civils. Bref, on peut dénoncer une nouvelle fois
l'engrenage de la violence et se livrer à la comptabilité minutieuse des
responsabilités ou jeter l'anathème sur l'interlocuteur de demain. En attendant les violences se poursuivent, ouvertes comme ces
derniers jours, sournoises quand elles asphyxient tout un peuple déjà
embastillé. Nous sommes envahis par la honte car rien n'était imprévisible et
nous connaissons les remèdes à cette maladie qui ronge cette région du monde
et déchaîne les passions partout ailleurs. Sommes-nous si irrésolus, si
dénués de sens commun pour laisser faire ainsi ? Ici et maintenant, au sein même de l'Union européenne, nous
venons de conforter les autorités israéliennes en leur accordant un statut
encore plus privilégié. La bonne conscience fera que l'on déversera quelques
centaines de millions d'euros au bénéfice des Palestiniens, qui serviront à
reconstruire ce que l'occupant aura détruit et que l'on recommencera encore
et encore cet investissement sans fin et, surtout, sans dividendes. Comme si
la paix, ou la guerre d'ailleurs, dépendait d'un argent qui dissimule
l'impuissance. Pourtant jamais conflit ne connut de solutions plus évidentes
; des négociations de Taba, à l'initiative de Genève en passant par la
proposition de paix de la Ligue arabe, à quelques détails près, tout est déjà
écrit et les cartes n'attendent que d'être précisées. Mais pour faire vivre
la paix autrement que sur du papier, il faut en terminer avec les faux
équilibres. La politique israélienne n'a plus pour but d'assurer la sécurité
de cet Etat. Bien sûr, cette exigence est légitime et elle est toujours
présente dans la pensée de ce peuple et de ses dirigeants. Mais aucune
"raison de sécurité" ne peut justifier l'accaparement des terres
palestiniennes, de l'eau et le refus de laisser la Cisjordanie et Gaza se
développer. Le Hamas n'est plus qu'un alibi commode. Il y a longtemps que
derrière le discours sécuritaire se cache, à peine, une volonté d'agrandir le
territoire et de convaincre les Palestiniens de s'en aller. Au-delà de
l'impératif éthique qui interdit de déposséder un peuple de son existence, il
en va de la pérennité d'Israël. Soit Israël admet enfin l'existence d'un Etat palestinien
pleinement souverain et installé sur la totalité de la Cisjordanie et de
Gaza, soit la sécurité d'Israël ne durera pas plus longtemps que sa puissance
militaire, dont la guerre du Liban a commencé à montrer la relativité.
Sont-ils bien conscients de l'avenir ceux et celles qui font de cet Etat le
poste avancé du monde occidental ? Sont-ils bien conscients que chaque mort à
Gaza, c'est un peu plus de haine aveugle contre le reste d'un monde jaugé à
la dimension de ses mensonges et de son double discours ? Sont-ils bien conscients que cette guerre permet aux régimes
arabes de maintenir leurs peuples sous l'emprise de la dictature et de
refuser toute évolution démocratique ? Il n'est plus utile de se lamenter,
encore moins de faire des belligérants des fanatiques irréductibles alors que
nous avons les moyens de mettre un terme à ce conflit. Et l'Union européenne la première : qu'elle applique les
accords passés, qu'elle change de politique et cesse de faire d'Israël son
allié privilégié. C'est le seul moyen pour que le gouvernement israélien
comprenne qu'il est un Etat comme les autres, avec ses droits mais aussi avec
ses responsabilités. Alors, peut-être, la communauté internationale trouvera
les ressources politiques nécessaires pour faire appliquer ce qui n'est
jamais que le droit de chaque peuple à vivre en paix dans des frontières
sûres et reconnues. Pour les Palestiniens aussi. Dessin paru à la suite
de l’article du Monde 31 déc. 2008 page
15 De représailles en représailles par Brito |