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Permis de tuer ! Par Nabil
El-Haggar, Quand la vérité n’est pas
libre, 1er janvier
2009 Il est 11h 30
du matin, c’est la sortie de l’école des filles. Le visage peureux, une mère
ne trouve pas sa fille de dix ans. Son regard figé comme s’il se préparait à
plonger dans le vide, à s’éloigner de la vie pour fuir la réalité qu’il
devine, exprime à lui tout seul la souffrance de millions de palestiniens qui
dure depuis plus de soixante ans. Réfugiée de génération en génération, comme
des milliers de palestiniens, cette femme a vécu dans la peur du lendemain,
la peur d’une arrestation, d’une humiliation, d’un bombardement, peur de
mourir ou de voir les siens mourir. Un missile
vient de frapper les alentours de l’école. Il sera difficile d’identifier le
corps de la fillette sans nom. Écoles, mosquées,
universités, maisons, magasins, hôpitaux, postes de polices et ministères
sont bombardés : plus de 360 morts et 1600 blessés. Grands et
petits, écoliers et policiers, filles et garçons, commerçants, employés et
combattants, personnes n’est à l'abri de raids et
bombardements aussi ciblés soient-ils. Une fois de
plus, Israël a lâché sa puissance destructrice sur Gaza pour « se
défendre contre le harcèlement par le Hamas », disent les officiels
israéliens. On pourrait croire qu’il s’agit d’un Etat puissamment armé qui
harcèle l’Etat hébreu, lequel ne fait que « se défendre » et
ça marche ! . Il est vrai que la puissance israélienne ne réside pas
seulement dans sa puissance militaire, elle est aussi dans sa capacité, avec
la complicité bienveillante d’une partie des médias, à se faire passer pour
victime. Or qui ne sait
pas encore que le territoire de Gaza est palestinien et qu’Israël est la
puissance occupante qui a pillé ses ressources, fait souffrir sa population
des décennies durant et le soumet depuis deux ans, par la puissance
militaire, à un blocus total qui a asphyxié l’ensemble des activités et un
million et demi de personnes qu’elle a pourtant l’obligation de protéger en
vertu du droit international. Ce n’est donc pas le Hamas qui a commencé les
hostilités. Le porte parole du gouvernement israélien ne fait qu’entonner que
« les Israéliens ont le droit de vivre en sécurité ». Les
Palestiniens, eux sont réduits depuis 1967 à vivre sans droit aucun, à
côtoyer l’horreur de l’occupation militaire. Quelle comédie de faire croire
que le Hamas serait véritablement menaçant pour Israël… Cela en rappelle une
autre qui s’est passée en Irak ! Nous savons qu’Israël
ne fait rien au hasard. Alors, quels sont les messages de l’opération
militaire dite "plomb durci" ? Le premier est électoral, adressé
aux Israéliens qui doivent élire la nouvelle équipe gouvernementale. Plus
l’équipe de la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni se
montre intransigeante, plus elle sera gagnante. Le deuxième
est à destination de l’équipe Obama : Israël n’acceptera aucun éventuel
changement dans la politique américaine à son égard. Le troisième
est adressé à l’Autorité palestinienne, laquelle pourrait récolter le fruit
de l’offensive contre le Hamas en échange d’une soumission encore plus grande
aux exigences israéliennes. Enfin, la
dernière est à l’attention de l’ensemble des résistants en Palestine et aux
Palestiniens citoyens d’Israël. La Ministre Livni lors d’une réunion de la
Knesset s’est adressée à un député palestinien : « va à Gaza et
ne reviens pas » ! Alors après un
tel massacre, que se passera-t-il ? D’abord,
précisons que le Hamas, malgré ses déclarations menaçantes, n’a pas les
moyens d’arrêter l’offensive. Il est clair
que la résistance armée telle qu’elle a été menée n’est pas en mesure de
vaincre une telle machine de guerre. Il est de la responsabilité de la
résistance palestinienne d’en tirer enfin la leçon pour repenser la nature de
sa résistance. Il est de la
responsabilité de l’Autorité palestinienne de reconnaître son incapacité à
protéger son peuple. Par conséquent, elle devrait arrêter toute négociation
avec Israël, se dissoudre et mettre les territoires palestiniens sous
protection de la communauté internationale, tout en organisant la résistance
populaire contre l’occupation. Quant aux pays
arabes, incapables d’instaurer le moindre rapport de force face à
Israël, vont-ils enfin
comprendre que chaque jour de souffrance palestinienne est un jour en moins dans
la survie de leurs régimes ? Reste à savoir
si l’Occident se rendra compte que chaque jour de souffrance palestinienne,
d’impunité d’Israël et d’absence d’une solution politique respectueuse de
tous les droits de Palestiniens est un affaiblissement de droits de l’Homme
et de sa crédibilité dans la région. Ce qui se traduit par le renforcement de
la confessionnalisation du conflit israélo-palestinien et de
l’intégrisme islamiste au Moyen-Orient
et au cœur de l’Occident. |