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« Grâce à Dunkerque, nous
avons pu intervenir très vite à Gaza »
La Voix du Nord Samedi 17 janvier 2009 Régis Garrigue
est venu à plusieurs reprises à Dunkerque. |
HUMANITAIRE |
Entré dans la bande de Gaza en début de
semaine, Régis Garrigue, médecin urgentiste lillois à la tête d'une équipe
médicale en partie financée par Dunkerque, témoigne. PAR
BRUNO VERHEYDE dunkerque@lavoixdunord.fr
PHOTO ARCHIVES Quel a été le rôle de Dunkerque dans votre mission ? « Il a été primordial. C'est grâce
à cette collectivité locale que nous avons pu intervenir aussi vite dans la
bande de Gaza. » Comment cela s'est-il passé ? « Depuis la deuxième Intifada je
suis intervenu plusieurs fois dans la bande de Gaza, en m'appuyant notamment
sur le soutien de Dunkerque (jumelée avec Gaza) et Lille (jumelée avec
Naplouse). En milieu de semaine dernière j'ai contacté Claude Nicolet (lire
ci-dessous) qui s'est
immédiatement mis en rapport avec Michel Delebarre qui a accepté, au nom de
la communauté urbaine, de financer cette mission en partie. Dès que nous
avons eu l'accord nous avons pris l'avion. Dans ce genre de dossier les
collectivités, premiers niveaux de démocratie, sont rapides et efficaces. »
Vous êtes une petite équipe (quatre personnes) avec des moyens limités.
Que pouvez-vous faire sur place ? « Grâce à Dunkerque et Lille nous
avons pu emmener « C'est
extrêmement difficile car nous sommes dans le faits divers continuellement.
L'hôpital Al Quds, dans lequel nous nous trouvions, a été bombardé à deux
reprises hier (NDLR : jeudi).
En soirée, le deuxième bombardement a provoqué un incendie qui nous a obligés
à évacuer en catastrophe avec les blessés, prisonniers des flammes. Nous
avons tous été transférés dans l'autre hôpital de la ville, l'hôpital Al
Shiffa. Là, nous essayons d'être le plus efficace possible avec le peu de
moyens dont nous disposons. » C'est-à-dire... « Concrètement, on peut encore
faire de la chirurgie dans des conditions précaires. Mais nous arrivons à
court de produits anesthésiques et nous manquons d'antalgiques, nous ne
pouvons faire les pansements appropriés. Nous pouvons très difficilement
calmer les douleurs des patients. Attention, les bombardements reprennent... »
Comment appréhendez-vous la suite de votre mission ? « Des chirurgiens égyptiens sont
arrivés, les ONG ne devraient pas tarder à prendre également le relais. C'est
un peu paradoxal mais nous sommes heureux d'avoir été là, d'avoir pu aider.
Dans un premier temps nous pensions rentrer en milieu de semaine prochaine.
Mais nous réfléchissons à la possibilité de faire venir des infirmières, si
la sécurité le permet. » De quelle manière pensez-vous
poursuivre votre collaboration avec Dunkerque ? « Help Doctors a un projet avec
Dunkerque. Nous voudrions mettre en place, dans le sud de la bande de Gaza,
un dispensaire qui permettrait la prise en charge des pathologies chroniques.
Dans des situations comme celle que nous vivons, qui a encore le temps de se
préoccuper des malades cardiaques, des diabétiques qui ont besoin d'attentions
particulières ? Nous aimerions travailler sur le long terme. Il y aura aussi
à mener un long travail pour ramener à la sérénité des populations
durablement traumatisées. » • >
www.helpdoctors.org ·
Help Doctors, de « l'humanitaire spontané »
Samedi 17.01.2009, 04:49 - Première organisation humanitaire à être
entrée dans la bande de Gaza, Help Doctors (un urgentiste, deux chirurgiens
et un logisticien sur place) fut la première, dès lundi, à venir en aide aux
blessés palestiniens alors que les ONG mondialement connues attendaient aux
frontières. Une
situation paradoxale au vu des moyens financiers des unes et des autres ?
« Pas forcément,
assure Régis Garrigue. Les grandes structures, aujourd'hui, sont
prisonnières de leur mode de fonctionnement très administratif. Elles n'ont
plus les capacités de faire de l'humanitaire spontané. » Avec peu
de moyens, mais avec une bonne connaissance du terrain et culot certain, Help
Doctors a franchi les obstacles. « Alors que les autres attendent le feu
vert d'Israël pour entrer, nous sommes passés par l'Égypte grâce à
l'excellente coopération de l'ambassade de France au Caire. Nous n'avons pas
de grands moyens financiers, nous n'avons pas de bureau à Paris, pas de 4x4,
mais on se débrouille. Dès que nous avons reçu l'argent de Dunkerque et
Lille, nous nous sommes mis en route. » Régis Garrigue ne tire pourtant
aucune fierté d'être arrivé le premier sur place. « On ne se tire pas la
"bourre", on ne fait pas la course. Ce qui nous pousse tous, c'est
d'être utiles. Quand nous aurons achevé notre mission, les grosses structures
seront sur place et prendront le relais avec autant d'efficacité. Help
Doctors travaille dans humanitaire d'urgence, la spontanéité. Les grosses ONG
nous ont contactés en nous proposant de les rejoindre mais nous avons dit
"non". Nous voulons garder notre fonctionnement
"artisanal", notre légèreté. » Bienvenue en ces
circonstances si lourdes. • B.
V. |