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"Le Hamas n'est
plus le mouvement LEMONDE.FR Mis
à jour le 03.02.09 | 21h12
Quelles conclusions tirez-vous de vos échanges avec le Hamas ? Jean François-Poncet : nous avons rencontré Khaled Mechaal, le responsable de l'aile
politique du Hamas, qui a son siège à Damas. L'objectif était de savoir où en
est le Hamas, qui est manifestement devenu un acteur incontournable de la
scène moyen-orientale et un partenaire dont on ne pourra pas se passer dans
le cadre d'un règlement du conflit entre Israël et les Palestiniens. Le Hamas
n'est plus le mouvement révolutionnaire et religieux que l'on veut bien
décrire. Ce mouvement a aujourd'hui une audience réelle parmi les
Palestiniens, probablement plus que n'en a Mahmoud Abbas, le président de
l'Autorité palestinienne. Le sentiment que j'ai eu est qu'il se situe
désormais dans le cadre d'une négociation avec Israël. Le Hamas est encore
sur la liste des organisations terroristes, mais nous avons le sentiment que
cette phase de son développement est dépassée. Vous ne considérez donc pas les tirs de roquettes comme des
actes terroristes ? Les tirs s'inscrivent
dans le cadre des échanges entre Israël et le mouvement palestinien à Gaza. Vous ne demandez pas si l'attaque israélienne à Gaza est terroriste.
Il ne faut pas oublier que la trêve que le Hamas avait conclue avec Israël et
qui a été dénoncée il y a trois mois comportait la possibilité pour l'enclave
de Gaza d'avoir des relations normales avec l'extérieur, or les Israéliens
ont imposé un blocus extrêmement strict. Ce qui a incité le Hamas à ne pas
renouveler la trêve et à commencer à envoyer des missiles. Il a eu tort,
sûrement, mais cela fait partie du bras de fer qui se déroule au
Proche-Orient. Mais vous êtes bien placé pour savoir qu'Israël ne considère
pas le Hamas comme un interlocuteur... Il est sûr qu'Israël
a très mal réagi à notre entretien avec M. Mechaal. Ils ont annulé tous nos
rendez-vous car ils refusent pour le moment qu'on ait des contacts avec le
Hamas. En agissant ainsi, Israël signifie clairement à tout le monde que ceux
qui prennent contact avec le Hamas seront mis au frigidaire. Mais nous sommes
dans une évolution... Aujourd'hui, ni la
France ni l'Europe ne considèrent le Hamas comme un partenaire. Mais le
moment viendra où tout le monde, à commencer par les Américains, sera obligé
de reconnaître les faits. On parle de rassembler les Palestiniens, ce qui
signifie réunir Abou Mazen [Mahmoud Abbas] et le Hamas dans un gouvernement
d'union nationale, qui est incontournable si on veut qu'un accord de paix
tienne. Nous avons pris l'engagement de négocier avec ce gouvernement d'union
nationale, or dans ce gouvernement, il y aura le Hamas. Ils sont des acteurs
de fait. On évoque souvent la charte du Hamas, qui prévoit la
destruction d'Israël. Est-elle toujours d'actualité ? Non, nous en avons
parlé. M. Mechaal l'a balayée d'un revers de la main. C'est une charte, comme
celle que l'OLP a longtemps eue avant d'y renoncer. Il n'a pas parlé d'y
renoncer, mais il ne s'y est pas non plus référé. C'est un stade qui me
paraît aujourd'hui dépassé. Cette charte n'est-elle pas incompatible avec le statut
d'interlocuteur que vous reconnaissez au Hamas ? A partir du moment
où ce mouvement se situe dans la perspective d'une négociation, c'est
forcément avec Israël. Certes, il ne se propose pas de reconnaître Israël.
Mais le fait d'entrer dans une négociation serait difficile à comprendre s'il
n'implique pas de reconnaître le partenaire avec lequel on parle. Propos recueillis par Soren Seelow |