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Les
élections en Israël La colonisation
israélienne se poursuit, Michel Bôle-Richard Article paru dans l'édition du 3 février 2009 JÉRUSALEM CORRESPONDANT Benyamin
Nétanyahou n'a pas raté l'occasion. Opposé au retrait unilatéral de la bande
de Gaza effectué par Ariel Sharon en 2005, le patron du Likoud avait mis en
garde, à cette époque, contre le danger des tirs de roquettes "qui atteindront Ashdod et
Ashkelon". "Qui a
vu en 2005 ce que nous allions comprendre en 2009 ? C'est Nétanyahou !",
bombarde un spot publicitaire. L'homme qui, selon les sondages, a toutes
les chances de devenir le prochain premier ministre d'Israël a donc eu raison
avant tout le monde. C'est pourquoi il a clairement indiqué, le 31 janvier,
qu'il n'était pas question de procéder à "un démantèlement par la force" des quelque cent
colonies "sauvages" de Cisjordanie qu'Ariel Sharon avait promis de
faire disparaître. "Il faut
parvenir à un accord à l'amiable avec les résidents", a insisté
M. Nétanyahou. Ce dernier s'est prononcé contre la création de nouvelles
implantations, mais il souhaite néanmoins que la construction se poursuive
pour faire face à la croissance naturelle. Or la pression démographique est telle que
l'édification de nouveaux logements ne suffit pas. Et cela malgré une nette
accélération au cours de l'année 2008, comme vient de le révéler
l'organisation pacifiste israélienne La Paix maintenant. Les constructions
ont en effet augmenté de 57 % et le nombre total des colons est passé de 270
000, en 2007, à 285 000, en 2008. Le taux de croissance dans les colonies est
en moyenne de 5 % chaque année, soit plus de deux fois supérieures à la
croissance démographique en Israël. "Personne
n'a véritablement de projet de mettre fin à la colonisation. Tous les
responsables politiques disent la même chose. La croissance naturelle, c'est
la colonisation qui se poursuit sous un autre nom", fait
remarquer l'historien Zeev Sternhell, farouche opposant à celle-ci. A la
périphérie orientale de Jérusalem, les constructions redoublent aussi.
L'encerclement se poursuit afin de constituer un "Grand Jérusalem"
qui interdirait à un Etat palestinien d'avoir Jérusalem-Est comme capitale. La dernière zone libre de toute habitation,
le secteur E1, au nord-est, fait l'objet d'une pression de plus en plus
accentuée de l'administration israélienne. Jusqu'à présent, les Américains
s'y opposaient farouchement, car son annexion couperait définitivement la
Cisjordanie en deux et ferait d'un Etat palestinien "continu et
viable" une chimère. Un énorme commissariat de police a déjà été édifié
au sommet de collines arides et tout un réseau d'infrastructures a été mis en
place afin de préparer le terrain à la construction de logements. "SANS AUCUN
PERMIS" Le quotidien Haaretz a révélé, dimanche 1er février, que 200 millions de
shekels (40 millions d'euros) ont été investis au cours des deux dernières
années pour viabiliser une partie de la zone E1 d'une superficie de 12
hectares. Il s'agit d'opérer la jonction entre la colonie de Maale Adumim (35
000 habitants) et Jérusalem et d'empêcher toute partition de la ville. Près
de 200 000 colons ont déjà élu domicile dans le chapelet d'implantations qui
entourent l'est de Jérusalem. Depuis un rapport officiel de 2005 sur les
colonies "sauvages" et la nécessité d'y mettre un terme, il était déjà
connu que la plupart d'entre elles étaient établies sur des terres
palestiniennes. Aujourd'hui, on apprend qu'environ 75 % des 120 implantations
de Cisjordanie "ont été
construites sans aucun permis ou en violation totale de ceux qui ont été
délivrés et que dans plus de trente d'entre elles, bon nombre de bâtiments
ont été édifiés sur des terres privées appartenant à des Palestiniens". Ce constat émane d'un autre rapport officiel
rédigé par le général Baruch Spiegel, après une longue enquête, à la demande
du ministre de la défense de l'époque, Shaul Mofaz. Son contenu, considéré
comme de la "dynamite
politique", est resté secret. Ehoud Barak, actuel ministre de la
défense, a refusé de le publier, estimant qu'il pouvait "représenter un danger pour la
sécurité de l'Etat et causer du tort aux relations internationales
d'Israël". Révélé, vendredi 30 janvier, par le quotidien Haaretz, ce rapport démontre "qu'il y a eu une violation
systématique des lois internationales et du droit de propriété des
Palestiniens", affirme Michael Sfard, avocat de Yesh Din, une
organisation israélienne de défense des droits de l'homme. Il estime qu'à partir de ces données
officielles, les personnes spoliées pourront désormais saisir la justice
nationale, voire les tribunaux internationaux, pour faire valoir leurs
droits. Ce document officiel "jette
une lumière crue sur les déclarations pacifiques d'Israël et sur la position
officielle selon laquelle les colonies ont été créées en accord avec les
normes internationales et dans le respect de la propriété privée",
écrit Haaretz dans un
éditorial. |